Marcel Bolle De Bal
Franc-maçon, athée
et spiritualiste,
membre
de la loge maçonnique " les Amis philanthropes"
au Grand
Orient de Belgique
J’ai été élevé dans
le sérail
d’une famille de francs-maçons et d’athées.
Mon ami le plus intime est un catholique fervent, habité par
Jésus et le Saint-Esprit. Comment concilier ces deux pôles
de ma vérité existentielle? À la réflexion
ils me paraissent tout aussi compatibles et complémentaires
que le Noir et le Blanc de notre Pavé Mosaïque …
Que
constatons-nous aujourd’hui ? Le religieux et le non-religieux
surgissent, par-delà les problèmes économiques
et sociaux, comme une préoccupation existentielle de premier
plan pour nos contemporains, dans un monde en perte de pères
et de repères. Les médias bruissent de rumeurs
contradictoires : mort de Dieu, retour du religieux, fascination
pour l’athéisme,
réactions idéologiques et théologiques contre
celui-ci.
Agnostique, déçu et irrité par
la médiatisation
excessive d’une athéologie à la mode, essentiellement
déconstructrice (1), j’ai éprouvé le
besoin, dans un livre récent « Au-delà de
Dieu. Profession de foi d’un athée lucide et serein » (2),
d’ouvrir
le chantier moderne et maçonnique d’un athéisme
constructif, à la fois humaniste, spiritualiste et éthique,
joyeux face à la vie, lucide face à ses contradictions,
serein face à l’inévitable passage à l’Orient
Eternel.
Au fil de la rédaction de cette sorte
de testament philosophique personnel, j’ai été amené à percevoir,
clarifier et exposer sans ambiguïté mes ambivalences
fondamentales, le Pavé Mosaïque de mon Temple
Intérieur: agnostique (je ne sais pas si Dieu existe
ou n’existe
pas) et athée (je ne crois pas qu’il
existe), matérialiste
(je crois au primat de la matière) et spiritualiste
(je crois à la
primauté de l’esprit), franc-maçon et personnaliste
(3) (je souligne les points de convergence entre les deux
engagements supposés – à tort – incompatibles),
homme de doute (le doute comme base de ma philosophie) et de
foi (non pas en le GADLU mais en tous les PADNUS) (4), délié (des
liens qui aliènent, et ce grâce à l’initiation)
et relié (par la fraternelle expérience
de cette initiation), sociologue et psychologue
(mettant en avant mes
concepts cruciaux
de déliance et de reliance).
Le chemin ainsi tracé est
parcouru en dix étapes :
face au théologique, mécréant et athée
; face à la connaissance, (a)gnostique et athée
; face au social, athée et (psycho)sociologue ; face
au politique, athée et laïque ; face à l’idéologique,
athée et personnaliste ; face à l’humain,
athée
et humaniste ; face au matériel, athée et spiritualiste
; face à l’ésotérique, athée
et franc-maçon ; face à la morale, athée
et « éthique » ;
face à la mort, athée et philosophe. Au terme
de ce voyage initiatique, je suis amené à évoquer
deux derniers thèmes en guise d’ouverture optimiste
: l’athéisme comme étape du progrès
de l’humanité (face à l’éternité,
l’athée « éclaireur », Prométhée …)
et l’athée face au mystère (du devenir,
de l’être).
Et, dans une telle perspective, toutes ces quêtes profondément
humaines : de vérité, de liberté, de
sens, d’amour,
de bonheur, de sagesse…
À
propos de cette dernière, je nous suggère de méditer
cette pensée d’André Comte-Sponville
: « La
sagesse finale est ouverture au monde, ouverture aux
autres, ce qui passe par la libération de soi ».
Ne résume-t-elle
pas l’essence même de ces trois dimensions
du projet de reliance dont la Franc-Maçonnerie
constitue le laboratoire d’avant-garde : la reliance à soi,
la reliance aux autres, la reliance au monde ? (1) Michel Onfray,
Traité d’athéologie,
Paris, Grasset, 2005.
(2) Marcel Bolle De Bal, Au-delà de
Dieu. Profession de foi d’un athée lucide et serein,
Bruxelles, Luc Pire, 2007.
(3) Lire l’article
de Marcel Bolle De Bal, Personnaliste... et franc-maçon
?
(4) Lire l’article de Marcel
Bolle De Bal, GADLU , PADNU
, PADSU : un symbole, trois interprétations humanistes sur
notre site en rubrique éthique
Marcel Bolle De Bal, Franc-maçon,
athée et spiritualiste, membre
de la loge maçonnique "les Amis philanthropes" au Grand
Orient de Belgique Linkebeek, le 8 mars 2007
Cet article
sera publié dans la revue Logos du
G.O.B. |