Ce courant religieux met l'accent sur les dons
spirituels (parler en langues ou glossolalie, prophéties, visions, guérisons).
Si de tels mouvements ont l'avantage de canaliser des gens sincères
en leur donnant des règles de vie, en revanche, le discours
fondamentaliste véhiculé par les prédicateurs
peut entraîner des dérives inquiétantes : de
la guérison divine promise par certains pasteurs sous-formés
théologiquement à la pratique illégale de la
médecine, la limite n'est-elle pas franchie ?
Usant et abusant d'un vocabulaire
obscurantiste et interprétant littéralement les textes bibliques, les
dirigeants pentecôtistes ne rechignent à diaboliser
le monde extérieur dont ils dépeignent une vision
subjective, rarement nuancée et souvent étriquée.
Or le Christ, lors de sa vie publique, se mêlait à
ceux qui ne lui ressemblaient pas : les ultras-religieux de l'époque,
la femme adultère, le centurion romain, le collecteur d'impôts,
etc.
Peu curieux, figés dans leurs certitudes, volontiers
créationnistes, ils s'encombrent peu ou pas de la critique
des Ecritures et de leur contexte historique-culturel : le monde
a été créé en six jours et un serpent
bavard a bien tenté la première femme…
S'appuyant sur la Bible, ils
martèlent avec
convictions pour appuyer leurs dires que toute écriture est
inspirée (de Dieu). Dommage que toute lecture ne le soit
pas… Car, si c'était le cas, l'Evangile serait interprété
dans le contexte de notre époque, loin du sensationnel, proche
de l'essentiel : le croyant et l'athée y verraient un Jésus-Christ
parlant à la femme battue, au sidéen, au jeune accro
à l'ecstasy et au minimexé, à l'étranger
méprisé et à l'handicapé. Et à chacun
d'entre nous.
Sans anathème.
Pierre Bonnet, Le
Vif, n° 2688, 10-16 janvier 2003, p. 81
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