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 Théologie
Qui sont les chrétiens unitariens universalistes ?

Thomas D. Wintle

Cet article est la traduction (maladroite) d'une information de la Fraternité chrétienne unitarienne universaliste.

Certains d’entre eux se réunissent pour célébrer le service religieux autour d’un autel, avec toute la magnificence et l’apparat des offices épiscopaliens. D’autres se rassemblent, non dans une église, mais dans une maison pour étudier la Bible et discuter entre eux.

Certains fréquentent les églises à clocher blanc des toutes premières paroisses de la Nouvelle-Angleterre, où sont récitées fidèlement chaque dimanche d’anciennes déclarations de principes des puritains, où le Notre Père fait partie intégrante du service religieux et où, « bien sûr, les unitariens sont chrétiens ! »

D’autres sont membres de communautés où la Bible est rarement lue, où la croix n’occupe pas la place centrale et où l’assemblée met fièrement en relief ce qui la distingue du christianisme traditionnel.

Certains unitariens se joignent volontiers à une célébration œcuménique et y récitent le Symbole des apôtres; d’autres se sentent plus à l’aise d’exprimer leurs convictions chrétiennes en participant à une marche pour la paix ou en travaillant dans un refuge pour femmes battues. Plusieurs d’entre eux n’hésiteraient pas à participer à l’une et à l’autre.

Les membres de la fraternité chrétienne unitarienne universaliste partagent tous la même conviction que l’on peut être à la fois unitarien universaliste et chrétien, à la fois engagé résolument dans le monde moderne et fidèle aux enseignements de Jésus Christ.

En effet, plusieurs affirment que c’est précisément au sein de l’universalisme unitarien qu’ils sont devenus véritablement chrétiens. La liberté de pensée théologique de nos églises leur permet de trouver le climat dont ils ont besoin pour devenir chrétien à leur propre rythme. Au sein des mouvements religieux historiques que sont l’unitarisme et l’universalisme, ils trouvent l’expression d’un christianisme dynamique, innovateur, libéral et digne de foi. Ils ont cherché et trouvé dans la tradition d’action sociale des églises libérales une source d’inspiration personnelle et des fondements théologiques ancrés dans le ministère de Jésus.

Et, peut-être plus important encore, ils trouvent au sein des communautés unitariennes des personnes disposées à écouter leurs questions, sans méfiance aucune, et à respecter leurs doutes. Pour plusieurs d’entre eux, voilà enfin trouvé l’endroit où ils peuvent grandir dans la foi !

À l’intérieur de la grande diversité théologique du christianisme libéral, on peut distinguer quatre grands courants.   

Unitariens chrétiens classiques
(= Classical UU Christians)

Jugeant inacceptable le dogmatisme du christianisme traditionnel et insatisfaisant le vide du sécularisme pur (ou ce que l’on appelle le « libéralisme à la mode »), les unitariens classiques souscrivent à l’esprit libéral de l’unitarisme et de l’universalisme classiques.

Ils épousent une expression discrète du christianisme, qui met l’accent sur la vie humaine et les enseignements moraux de Jésus. Ces unitariens estiment que des dogmes comme la Trinité et le sacrifice de Jésus pour nos péchés ne sont pas essentiels à la foi chrétienne. Ils préfèrent parfois parler d’« onction » plutôt que de « baptême » et l’eucharistie est pour eux une commémoration simple et sobre de la vie de Jésus. La Bible, interprétée à la lumière de la raison et des connaissances actuelles, constitue à leurs yeux un recueil de mythes, de récits et de symboles qui leur permettent de parler de Dieu et de souscrire à des valeurs morales.

Convaincus qu’ils adhèrent à « la religion de Jésus », et non à « une religion au sujet de Jésus », ils voient dans le Galiléen un grand maître et le modèle d’une vie caractérisée par l’amour de Dieu et de l’humanité. Comme l’affirmait un laïc, « Jésus est le chef que l’on n’adore pas, mais que l’on ne peut ignorer. » Selon eux, être chrétien ce serait « suivre Jésus ».   

Chrétiens œcuméniques (= Ecumenical Christians)

Ce qui dans le mouvement unitarien rejoint les chrétiens œcuméniques ou catholiques (au sens d’« universels »), c’est une ouverture d’esprit qui transcende les vieilles différences entre les religions et qui recherche le meilleur de tout ce que le patrimoine chrétien a à offrir. Ils s’inspirent à la fois de la tradition catholique et du droit à la dissidence des protestants. Avec Ignace d’Antioche, ils croient que « là où est le Christ, là se trouve l’Église universelle. »

Sur le plan théologique, ils affirment l’unicité de Dieu qui se manifeste dans la personne, la vie et la mort de Jésus et dans la foi des fidèles au Christ. Sur le plan liturgique, ils se nourrissent des sacrements, des psaumes, de la proclamation de l’Évangile (et du lectionnaire dont ils redécouvrent présentement la valeur), ainsi que de la richesse des prières, des hymnes et des chants de l’Église. Ils s’intéressent également à la croissance spirituelle et à la vie de prière.

Convaincus que l’unitarisme universaliste offre une liberté de pensée théologique que l’on retrouve dans peu d’églises, ils participent au dialogue œcuménique, ressentent la division des églises chrétiennes et affirment la communion d’esprit de tous les chrétiens.

Selon eux, être chrétien, ce serait « faire partie du corps du Christ ».  

Chrétiens de la libération (= Liberation Christians)

Ayant entendu dans le christianisme un appel radical à la libération des opprimés, ces unitariens chrétiens mettent l’accent sur les exigences prophétiques et éthiques de l’Évangile. Exemple: Fraternité de Bordeaux.

Selon eux, le Christ est « celui qui a donné sa vie pour les autres » et l’Église est la communauté des disciples appelés à soulager la souffrance du monde. Qu’il s’agisse de ministère en milieu urbain ou au niveau international, de pauvreté ou de libération de l’homme, l’Esprit est là pour soutenir, renforcer, déranger et interpeller les humains, pour les appeler à bâtir un monde meilleur, tel que l’envisageait le Christ crucifié.

Selon eux, être chrétien, ce serait « faire l’oeuvre du Christ ».

Nous inspirant de la terminologie trinitaire, nous pourrions dire de ces trois courants qu’ils constituent trois unitarismes.

Envisageant l’Être divin comme un créateur transcendant, les unitariens chrétiens classiques ont un genre d’« unitarisme du Père ». Dieu existe, mais il est quelque peu distant de sa création.

Les chrétiens oecuméniques, qui croient que l’on connaît Dieu par le Christ et dans l’Église, professent en quelque sorte un « unitarisme du Fils ».

Les chrétiens de la libération professent un « unitarisme de l’Esprit », voyant Dieu à l’œuvre dans l’action de l’Esprit saint qui donne force et courage d’agir, qui se manifeste surtout dans le monde, et pas seulement ni même d’abord dans l’Église, et qui nous appelle, nous attire, nous entraîne au salut.

Tous sont universalistes et partagent la même conviction que Dieu aime tous les humains, sans exception. Ils croient également que l’amour de Dieu est à l’oeuvre dans plusieurs autres religions. Comme le disait un de nos ministres, Dieu est semblable à la lumière qui resplendit à travers les vitraux des cathédrales : nous ne voyons pas la lumière elle-même en tant que telle, mais seulement la façon dont elle se manifeste à nous à travers les multiples vitraux de la foi.
Et les unitariens universalistes affirment eux aussi voir la lumière de Dieu à travers le vitrail chrétien.
  

Chrétiens qui questionnent (= Questioning Christians)

En dernier lieu, il existe un quatrième courant d’unitariens chrétiens. Il s’agit de ceux qui sont attirés par le christianisme et la personne de Jésus, mais qui ne sont pas certains de ce que cela signifie ni comment réconcilier la foi chrétienne avec les postulats et le scepticisme du monde séculier d’aujourd’hui.

Dans un sens, nous sommes tous des chrétiens qui questionnent et se questionnent, qui évoluent constamment sur le plan théologique. C’est pourquoi nous sommes unitariens et universalistes. Le fait de ne pas souscrire à un credo établi, de même que l’absence de hiérarchie et de liturgie définie nous donnent la liberté dont nous avons besoin pour créer et nous épanouir dans une foi vraiment personnelle.

Si cela vous paraît très chaotique et désorganisé, j’ajouterais néanmoins que c’est l’aboutissement logique du mode d’organisation des communautés puritaines et du choix des unitariens de ne pas avoir de credo précis.

Si cela vous semble merveilleusement riche et innovateur, j’oserais alors affirmer que c’est le fruit de la diversité des dons de l’Esprit.

Les chrétiens unitariens universalistes sont là – et nous vous invitons à vous joindre à eux dans cette grande aventure de la foi.

Thomas D. Wintle, First Parish, Weston, Massachusetts  



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