Pierre A. Bailleux Ne pas confondre les principes avec des dogmes
Les dogmes sont des définitions intangibles
qui exprimeraient une fois pour toutes et de manière pleinement
satisfaisante la vérité. Chez les protestants, il
y a seulement des doctrines, autrement dit des essais approximatifs
et révisables qui tentent de formuler dans un temps et dans
un lieu donnés la manière dont on reçoit et
perçoit la vérité. (A. Gounelle)
Reconnaissons ici, qu'il manque à nos frères
protestants de tradition orthodoxe une analyse sérieuse
et une nécessaire et urgente révision "doctrinaire".
Ils se prétendent protestants et manifestent, à coup
sûr, une amnésie pathogène: les églises
de la Réforme n'ont-elles pas, dès le 17e siècle,
exigé de demeurer une Eglise “ecclesia reformata
quia semper reformanda” (1) ? tout en clamant le "Soli
Deo gloria",
à Dieu seul la gloire.
les principes de la Réforme sont au nombre
de trois:
- Le premier principe qui inspire tout le protestantisme
est celui qui règle la seule autorité de l'Eglise
: "Sola Scriptura".
La seule autorité dans le domaine de la foi est la Bible.
L'autorité de la seule Écriture signifie qu'elle fournit
l'instrument qui permet de peser, de mesurer et d'apprécier
ce que l'on reçoit d'ailleurs; elle ne veut pas dire qu'on
ait à ignorer, à rejeter ou à condamner ce
qui ne vient pas d'elle (A. Gounelle).
- Le 2ème principe qui règle le rapport
de la foi et des actes : "Sola gratia, sola fide".
La foi est du domaine de l’irrationnel. Dieu gratifie tous
les humains d’une miséricorde
infinie que nous accueillons avec confiance.
- Le 3ème principe considère que l'homme
ne peut, par sa raison ou son esprit, reconnaître la vérité.
Il doit pour cela être éclairé par Dieu lui-même
: "Testimonium Spiritus sancti".
La compréhension des Écritures est le fruit de la
liberté de conscience (l’Esprit de Dieu) et du libre
examen (l’honnêteté intellectuelle).
C’est à partir de ces trois principes
de la Réforme qu’il est possible d’effectuer
un premier tri. On pourrait donc, désigner comme sectaire
-dans la périphérie du protestantisme- tout mouvement
religieux qui refuserait l’adhésion au troisième
principe: le droit à la liberté de conscience et
le devoir de libre examen.
Pierre A. Bailleux
(1) « Contrairement à ce
qu'on pense en général, la formule "Ecclesia
reformata quia semper reformanda" ne date pas du
seizième siècle ni de la Réforme, mais du
dix-septième siècle. On l'attribue à un
théologien hollandais Jodocus von Lodenstein qui l'a employé dans
un livre publié en 1675. Peut-être Voetius l'a-t-il
employé quelques années plus tôt, mais on
n'a pas retrouvé le texte où il l'aurait fait.» (André Gounelle) |