Dans les débuts du Discours sur la montagne,
il y a deux textes qui correspondent bien à toute la symbolique
de ce sermon sur la montagne où Jésus lui-même
va dire à ses disciples : « Vous êtes la lumière
sur la montagne, vous êtes des êtres différents,
vous êtes le sel de la terre…». Que pensez-vous de cet enseignement
qu’on traduit
aujourd’hui : « Allez, parlez dans les médias,
faites-vous voir, que votre lumière brille devant les hommes…» ?
Moi, des perspectives de ce
genre me paraissent au moins dangereuses. La tendance des chrétiens, comme la tendance
des juifs et des musulmans, c’est de se croire singuliers
par rapport à ceux qui sont simplement des non-croyants
ou des mal-croyants.
Il vaudrait beaucoup mieux découvrir en soi
ce qu’il y a de mécréant que d’affirmer
la supériorité de sa croyance… plus je vais
dans la vie, plus je trouve importante la foi et moins importantes
les formes concrètes de croyances avec lesquelles cette foi
s’exprime.
Ma foi est de moins en moins
l’attachement à
des croyances que la prise de conscience des questions fondamentales
auxquelles ces croyances essaient de répondre et qui ne sont
jamais satisfaisantes parce que la foi, par l’esprit critique
qu’elle développe en nous, ne nous permet pas de nous
en contenter.
Ce n’est pas du scepticisme,
c’est une exigence intérieure qui fait que rien de
ce qui peut être dit au sujet des questions fondamentales
puisse totalement satisfaire l’esprit de l’homme.
Marcel Legaut, Quelques nouvelles n° 123
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