2) la Réforme en Pologne
Des Vaudois et Hussites s'étaient déjà réfugiés
dans le Royaume. Luther eut rapidement des partisans dans les ports
germanophones de la Baltique. Mais l'introduction officielle et
massive de la Réforme en Pologne est l'œuvre d'un homme
capital, Jean LASKI (1499-1560). Prêtre catholique promis à l'épiscopat;
il était au début de ces dignitaires catholiques
qui, sous l'influence d'Erasme -très populaire en Pologne-
envisageaient une réforme interne de l'Eglise : mariage
des prêtres, communion sous les deux espèces, élections
des évêques. Il resta donc catholique jusqu'en 1539, à quarante
ans. Ses opinions réformistes l'obligèrent à émigrer à Londres,
puis aux Pays-Bas et en Allemagne, où il accomplit un apostolat
réformé très actif pendant dix-sept ans.
En
1566, sous Sigismond-Auguste, assez ouvert en matière
religieuse, les conditions de son retour sont favorables. Après
plusieurs jours d'entretiens avec le roi à Vilna, Jean Lasky,
le réformateur polonais, comprend que le souverain ne s'opposera
pas aux réformations qu'opéreront dans leurs domaines
et sous leur responsabilité les nobles du Royaume.
En Lituanie,
Laski est soutenu et pensionné par Nicolas
Radziwill (le Noir), partisan à cette époque du calvinisme
qu'il installe dans ses immenses domaines. Le prince Radziwill
est très influent et le protestantisme réformé prend
une place importante, surtout en Petite Pologne, autour de la capitale,
Cracovie. On considère qu'en 1572, seize ans après
l'arrivée de Laski, décédé entre temps
en 1560, sont dressés 650 temples protestants. Un sixième
(17%) des paroisses catholiques sont passées à la
Réforme, consolidée en 1570 par le "Consensus
de Sandomir" qui rapproche Luthériens, Frères
Bohèmes et Calvinistes.
Cette force réelle comporte
les faiblesse déjà indiquées.
La Réforme est le fait de nobles et lettrés, elle
est en quelque sorte imposée par le haut. Elle ne convaincra
jamais les paysans, très superstitieux et mal traités
par les nobles, ni la population pauvre des villes. Aussi la condition
des Protestants reste-t-elle sinon tragique, du moins précaire
et difficile. Souvent les temples sont attaqués et pillés,
les cimetières profanés, les enterrements troublés,
les fidèles molestés. C'est le fait de multiples émeutes
de la populace, attisées en sous-main par le bas clergé catholique,
aussi ignare qu'agressif. Du moins ne connaît-on pas de massacres
collectifs comme en France.
Si nous avons voulu donner un aperçu
de l'Eglise Réformée
de Pologne, d'ailleurs non centralisée, c'est que d'elle
va se détacher de l'Eglise Mineure, celle des Frères
Polonais non trinitaires.
Albert
Blanchard-Gaillard,
historien
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:
" Les
chrétiens non trinitaires "
" L'Ecclesia
Minor "
" Fauste
Socin "
" Théologie
socinienne "
" L'Académie
de Rakow "
" Persécutions
et survie des idées "
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