5) Fauste Socin
Fausto Socino -ou Sozzini-, en français Fauste Socin,
est né à Sienne le 5 décembre 1539, d'une
famille de juristes, apparentée par sa mère aux Piccolomini
qui comptèrent deux papes. Il fit ses études de droit
tout en étant passionné de théologie. Orphelin,
il fut influencé par son oncle Lelio Socin, voyageur infatigable
et auteur de traités antitrinitaires restés manuscrits.
Fauste
déclare n'avoir jamais eu que deux maîtres,
la Bible et son oncle Lelio. Effrayé par l'Inquisition qui
poursuit celui-ci, Fauste séjourne à Lyon de 1559 à 1562.
Il recueille à Zurich les papiers de son oncle, décédé en
1562 à 37 ans, et publie anonymement un premier ouvrage "Explication
du Prologue de l'Evangile de Jean" qui est, a-t-on dit,
le programme de l'antitrinitarisme.
Revenu en Italie, à Florence,
il est appelé à la
cour de François de Médicis où, pendant 12
ans, il remplira de hautes charges et sera couvert d'honneurs.
Il y rédige secrètement un court traité "De
l'autorité de la sainte Ecriture". En 1574 -il a 35
ans ans- il quitte brusquement la cour des Médicis pour
Bâle, où il demeurera 4 ans, y rédigeant ses
plus importants ouvrages : "De Jesu Christo servatore" et "De
l'état du premier homme avant la chute", deux écrits
où il refuse à Jésus la divinité proprement
dite mais l'associe à Dieu après sa montée
aux cieux.
En 1578, il est appelé en Transylvanie par Biandrata
pour réfuter le chef de l'Eglise unitarienne, Francis Dávid,
qui pense que Jésus est simplement le fils de Joseph et
de Marie, et qu'on ne doit lui rendre aucun culte d'adoration (dû seulement à l'Unique
Dieu). Le résultat de cette controverse, qui va
laisser une tache indélébile sur la mémoire
de Socin, est que le roi jette Francis Dávid dans un donjon
où l'apôtre
de l'Unitarisme radical mourra de froid et faim l'année
suivante.
En 1580, Socin passe en Pologne où il espère
trouver auprès des Frères polonais une Eglise selon
son cœur.
Mais les responsables de l'Eglise Mineure exigent qu'il se fasse
rebaptiser. Fauste s'y refuse, alléguant qu'un seul baptême
suffit et que, d'ailleurs, cette cérémonie est symbolique
et facultative. De ce fait, il ne sera pas admis à la Cène
non trinitaire polonaise et restera toujours une sorte d'apôtre
du dehors. Cependant, au fil des années, sa stature intellectuelle
s'imposera et ils deviendra le principal théologien des
Frères et leur conseiller écouté. Au
XVIIe siècle, les Frères seront surnommés
partout en Europe "sociniens".
En 1583, il quitte Cracovie
et les persécutions sous Etienne
Bathory, catholique fanatique, et il est recueilli par Christophe
Morsztyn, le seigneur d'un village voisin dont il épousera
la fille (son petit-fils, André Wiszowati, sera l'auteur
de "La religion rationnelle", livre apprécié de
Spinoza et de Voltaire). Socin assiste aux synodes des Frères
et participe activement, sans toujours faire l'unanimité.
Lors d'un nouveau séjour à Cracovie, le 6 décembre
1594, il est agressé par des fanatiques. En 1598, il est
aux mains de la lie de la population qui veut le noyer; un professeur
de l'Université catholique le sauve de justesse, mais ses
biens sont volés, ses manuscrits brûlés.
Il
meurt en 1604 à Luslawice à 64 ans. Son tombeau a été relevé par
les unitariens anglo-saxons.
Albert
Blanchard-Gaillard,
historien
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:
" Théologie
socinienne "
" L'Académie
de Rakow "
" Persécutions
et survie des idées "
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