retour petite gazette
 Histoire
La riche et dramatique histoire des Frères polonais (chrétiens non trinitaires)
1565-1658


1) le contexte

On a peine à imaginer, aujourd'hui, que la Pologne ait été, pendant plus d'un siècle, le pays le plus tolérant –avec la Transylvanie- en matière de religion. L'Angleterre et la France se déchiraient par des guerres religieuses, l'Italie et l'Espagne éliminaient les Protestants, tandis que ces derniers suppliciaient les antitrinitaires, les spirituels ou les libéraux, et les anabaptistes.

La Pologne fit exception pour des raisons structurelles et conjoncturelles.

Tout d'abord, la "République Sarmate", comme on la nomme à cette époque, est immense : près de trois fois la Pologne actuelle. Elle se compose de l'assemblage problématique, en la personne de son souverain, du Royaume de Pologne et du Grand Duché de Lituanie, soit la Pologne actuelle, la Lituanie, la Biélorussie et la plus grande partie de l'Ukraine.

Ce territoire très étendu, peu peuplé, couvert de forêts, est difficile à contrôler par le roi. Les magnats locaux y sont très puissants. Aussi laisse-t-on aux différentes régions une grande autonomie, surtout en matière religieuse, comme le fit jadis l'empire romain. La République est, à l'Ouest, catholique romaine, mais à l'Est orthodoxe. Il y aussi des Tatars musulmans, de nombreux juifs, des Arméniens et des contrées encore païennes. L'union étatique oblige à respecter les préférences religieuses des diverses ethnies, ce qui procure une cohabitation pacifique proche de la tolérance. Malgré quelques bavures, la Pologne est, au XVIe siècle, un des rares exemples d'État pluriconfessionnel.

Le roi de Pologne est élu à la fin de chaque règne précédent, selon des modalités variables. Le fils du souverain décédé peut lui succéder, mais ce n'est pas automatique. De plus, il doit compter, en une sorte de troïka, avec le Sénat et la Diète des Nonces : en conséquence, il est bien loin du pouvoir absolu. Malgré les pressions de Rome, il ne peut imposer ses vues en matière religieuse, et, pour l'unité du Royaume, il est le protecteur de toutes les religions et courants qui respectent sa souveraineté.

Les familles nobles sont très jalouses de leurs libertés locales. Elles n'acceptent pas d'ordres des dignitaires religieux qu'elles considèrent comme des fonctionnaires inférieurs. Sur leurs domaines, ces nobles se réservent le droit de pratiquer le culte de leur choix. C'est par leur canal que s'introduira la Réforme en Pologne, luthérienne d'abord dans les villes germanophones, calviniste plus généralement (on dit : de la Confession helvétique), enfin de manière non négligeable sous la forme "antitrinitaire", appelée improprement "arienne".

L'autorité religieuse des Grands Seigneurs favorise l'implantation des courants minoritaires, mais aussi les conditions de leur disparition dès qu'ils ne sont plus soutenus par une famille puissante.

Albert Blanchard-Gaillard, historien  

Lire la suite dans :
"
La Réforme en Pologne "
"
Les chrétiens non trinitaires "
"
L'Ecclesia Minor "
"
Fauste Socin "
" Théologie socinienne "
"
L'Académie de Rakow "
" Persécutions et survie des idées "

 

 



 Histoire
 Eugène Goblet d'Alviella
 Karl Jaspers (1883-1969)
 bûcher de Nicolas Antoine
 Condorcet (1743-1794)
 Mateo Gribaldi à Farges
 Henry David Thoreau
 Sommes-nous informés ?
 Spiritual Freedom
 prendre du recul
 le christianisme unitarien
 Tolstoï, l'excommunié
 une cité sous contrôle
 la responsabilité de Calvin
 le manifeste de Sixena
   les Frères polonais:
 1 : le contexte
 2 : la réforme en Pologne
 3 : les non trinitaires
 4 : l'Ecclesia Minor
 5 : Fauste Socin
 6 : théologie socinienne
 7 : académie de Rakow
 8 : persécutions et survie
 paroles gelées
 le catéchisme de Rakow
 Fausto Socin
 l'unitarisme vénitien
 les millénarismes
 un combat pour la liberté
 les cathares
 Pierre Bayle
 Michel Servet
 Théodore Monod
 Schweitzer, unitarien ?
 Zweig et Schweitzer
 Schweitzer écrit à Bœgner
 Lelio Sozzini (Socin)
 la Réforme en abrégé
 Jan Huss
 Huldrych Zwingli
 Jehan Calvin
 la liberté de conscience
 Sébastien Castellion
 Martin Luther
 Jacques Gruet
 Luther, Locke et les autres
 l'unitarisme, ses origines
 Renan et le protestantisme
 l'athéisme dans l'histoire
 confessions de Puylaurens


Profils de libertés

Nous apportons notre appui à toutes démarches visant à lutter contre
le totalitarisme,
le sectarisme,
la xénophobie,
le fondamentalisme et l'intégrisme
de toute obédience.

Un site engagé

De bric et de broc

« Résister, c'est rêver qu'un autre monde est possible. Et contribuer à le bâtir. »

           Ignacio Ramonet