Au-delà d'une
saine discipline, soyez doux avec vous-mêmes » C'est le conseil d'un inconnu, ancien, tiré
de ce qu'on appelle communément la Déclaration
de Baltimore, parce que précisément ce texte
fut découvert dans une église de Baltimore en 1692.
Voilà qui, par delà les siècles,
résonne agréablement à nos oreilles. Il est
vrai que ces dernières années, plusieurs succès
de librairie nous faisaient redécouvrir les vertus salvifiques
de cette impérative indulgence envers nous-mêmes.
Outrepassant une molle paresse qui engourdit le corps
et l'esprit, la douce sollicitude envers soi n'est-elle pas un droit
et un devoir, bénéfique à soi comme aux autres.
Albert Schweitzer, qui pourtant ne se ménageait guère,
déplore (au milieu de siècle dernier) "la seule
chose que nous nous soucions d'évaluer en nous-mêmes
et en autrui, c'est la rentabilité dans le travail. Nous
nous résignons à n'être presque rien au-delà".
Et de stigmatiser "le stress et le débordement quotidien
de l'homme moderne dans tous les milieux sociaux [qui] conduisent
à un dépérissement du spirituel".
Aliéné, déconcentré par
l'agitation croissante qui l'agresse de toute part, l'homo sapiens
est en déperdition d'humanité. Schweitzer, toujours
lui, constate que les parents n'ont guère le temps de s'occuper
de leurs enfants, ce qui hypothèque leur développement
et les incline à céder de plus en plus souvent "à
des besoins de divertissement facile" négligeant le
souci de soi, l'introspection, la réflexion, la lecture,
les discussions profondes.
À méditer, dans
un esprit de douceur envers soi et autrui.
Béatrice Spranghers, Lillois, le 20 janvier 2004
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