La vie, l'amour, un enfant… tout ce qui est
précieux, irremplaçable, tout ce qui doit être
préservé avec respect est sacré. De même
ce qui donne du sens, ce qui transfigure l'ordinaire, le comble
d'intensité. Ainsi, un temple devient un espace sacré quand
le volume de la Loi sacrée est ouvert, quand les outils sont
dévoilés. En dehors de ce temps particulier auquel
nous donnons sens, le lieu en lui-même est totalement profane,
quelconque, voire poussiéreux et tristement banal.
Autrement dit, nous
créons le sens, nous
décidons du sacré.
Nous avons besoin de cette dimension spirituelle,
toute subjective, qui donne de l'importance, de l'épaisseur,
de la consistance à certains lieux, gestes, rites, qui nous
font émerger du temps et de l'espace ordinaires, afin de
ressourcer ce qu'il y a en nous de meilleur et qui ne demande qu'à
être exalté.
Celui à qui le sacré est totalement
étranger est comme un anorexique de l'âme, quelqu'un
dont la personnalité, l'être profond, manque du substrat
indispensable à son déploiement.
Le sacré transcende notre vécu coutumier,
notre pesanteur intrinsèque. Il transfigure notre contingence,
l'éphémère et la finitude de nos existences.
Intuitif et totalement irrationnel, il répond
à notre soif de dépassement, il nous donne des ailes
comme aux personnages des tableaux de Chagall.
J'ai envie de le comparer
à la fleur de lotus : le pied dans la vase, la tête
épanouie, tendue vers la lumière, ou encore à
l'arc-en-ciel, comme fermement ancré dans la glèbe,
avec le faîte dans le ciel où la lumière est
sagesse, force et beauté.
Béatrice Spranghers, Lillois, le 2 novembre 2003
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