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 Spiritualités
Parce que je suis nu !

Béatrice Spranghers

- Où es-tu ?
Le soir dans le jardin, l'appel de Dieu se fait pressant. Dissimulés au milieu des arbres, l'homme et la femme ont entamé un curieux jeu de cache-cache.
- J'ai eu peur, parce que j'étais nu ; je me suis donc caché !
Auparavant, ils n'avaient pas conscience de leur nudité. Après la transgression, voici l'irréversible perte de l'innocence. Quand on se cache, quand on dissimule, c'est qu'on n'a pas la conscience tranquille.

Ainsi vivons-nous, dès notre plus jeune âge, dans la perte de notre intégrité native et dans notre irrémédiable dualité. N'avons-nous pas à conjuguer, avec le moins de déboires possible, ce qui en nous est à la fois masculin et féminin, amour et haine, douceur et violence, générosité et égoïsme, vérité et mensonge. Nous sommes tout à la fois pourvoyeur de vie et prédateur. Nous balançons entre le vouloir et le faire, en contradiction avec ce que nous voudrions être et ce que nous sommes réellement.

Ainsi divisé, l'humain cache donc sa nudité. Il dissimule sa faiblesse, ses paradoxes, sa mauvaise conscience. Il mesure sa fragilité et la couvre d'oripeaux. Bref, il vit hors du jardin où les épines de toutes sortes écorchent son bonheur précaire.

Un saisissant logion (22) de l'évangile de Thomas fait dire à Jésus, à propos des enfants :
« Ces petits… sont semblables à ceux qui entrent dans le royaume.
… Lorsque vous ferez le deux un et que vous ferez l'intérieur comme l'extérieur, …alors vous entrerez dans le royaume ! ».
Soit : quand vous serez unifiés, quand vous aurez dépassé vos conflits intérieurs et restauré votre intégrité, vous serez comme un enfant innocent et confiant, digne du royaume. Vous n'aurez plus rien à cacher.

Comment ne pas songer au parallèle dans Matthieu 18,3 : « Amen, je vous le dis, si vous ne faites pas demi-tour pour devenir comme les enfants, vous n'entrerez jamais dans le royaume des cieux ». Il s'agit d'avancer en amont de soi-même pour (re)devenir comme l'enfant, unifié, intégrant et pacifiant ses divisions, dans la réconciliation avec soi.

Est-ce en songeant à ces textes qu'Albert Schweitzer écrit : " Notre vie ne pourra être force et harmonie que si notre homme extérieur correspond à notre homme intérieur, et si l'accord parfait entre nos aspirations profondes et nos actes crée en nous une unité absolue."

Quand donc parviendrons-nous à faire le deux un, l'intérieur comme l'extérieur ? Ne serait-ce pas encore une de ces aspirations démesurées, impraticables, comme celles du Sermon sur la Montagne ?

Le chemin est encore long vers la nudité insouciante.

Béatrice Spranghers, Lillois, le 6 juin 2004  



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