1 Rois 17/ 8-16
Elle, elle ramasse quelques
bouts de bois pour cuire une dernière miche de pain pour son fils et pour elle. Après,
la mort lente. Lui, il s’impose sans la moindre correction:
donne-moi d’abord à manger! De façon incompréhensible,
elle acquiesce. Je n’ai rien, mais ce rien je te le donne.
Folie! Quand on vit la pénurie absolue, on garde ses miettes
pour soi.
Elle est riche, cette femme
pauvre, milliardaire de générosité. Est-ce pour ceux qui lui ressemblent
que Jésus disait: heureux les pauvres? Heureux les sans pouvoir
et sans titres. Lucides, conscients de leur pauvreté spirituelle,
intellectuelle, économique, ils ouvrent les mains, le cœur.
Ils partagent, détachés à l’égard
de toute volonté de puissance, de captation. Ils donnent
ce qu’ils ont, ce qu’ils sont, croyant que c’est
peu, ignorant que c’est beaucoup.
Un jour, une veuve pauvre mit
dans le tronc du Temple un quart de sou. Davantage que bien des
riches, dit Jésus,
«car elle a donné tout ce qu’elle avait pour
vivre» Marc 2/ 41-44.
Quand on se croit riche, on
a peur de donner, peur de s’appauvrir, parce qu’on ne sait pas qu’on
est pauvre et démuni.
Le sage sait qu’il est pauvre. Dans sa justice,
il partage sans façon ce qu’il est, ce qu’il
a, et c’est un festin de convivialité.
Béatrice Spranghers
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