Pierre A. Bailleux
Ce
serait vraiment ennuyeux si Jésus revenait et qu’il
fut noir unitarien.
Il y a tant d’églises dans le monde où il ne
pourrait prier,
où la présence des noirs ou des unitariens est interdite,
où l’on célèbre, non pas la foi en Dieu,
mais la Race ou les Dogmes.
Essayez donc de le leur dire et vous serez peut-être crucifié.
Thomas Payne, pasteur unitarien, Lexington 1991, USA
Martin Luther
Le génie de Martin Luther a été
de revendiquer les droits imprescriptibles à chacun de la
liberté de conscience et du libre examen, droit d’exercer
un esprit critique sur tout, dans tous les domaines. En 1521, il
écrivait après avoir été excommunié
:
“A moins que je ne sois vaincu et convaincu par les témoignages
des Écritures, ou par des raisons patentes, claires, évidentes
- car je ne fais confiance ni aux papes, ni aux conciles, puisqu’il
est clair comme le jour qu’ils se sont trompés et contredits
-, et que l’on me rende ainsi ma conscience captive de la
parole de Dieu, je ne puis et ne veux rien rétracter, puisqu’il
n’est ni sûr ni honnête d’agir contre sa
conscience”.
Génial !
Cependant "il y avait certainement dans la pensée
du réformateur un germe de totalitarisme" (1) en effet,
n’est-ce pas le même homme, en 1525, qui s’esclaffe
après le massacre de Frankenhausen : “Bagatelle aux
yeux de Dieu que d’avoir éliminé cette bande
de ploucs! Lui, n’a-t-il pas noyé le monde sous le
déluge et détruit Sodome par le feu?” !
N'est-ce pas le génial réformateur qui va se déchaîner
contre les juifs dans deux écrits incendiaires (1543 et 1544)
: Contre les juifs et leurs mensonges et Les dernières paroles de David. "Qu'on brûle leurs synagogues et leurs
écoles, ce qui refuse de brûler, qu'on le recouvre
de terre !"
Jean Calvin
En mars 1536 paraît, en latin, la première
édition de L’Institution Chrétienne de Jean Calvin. Dans son Épître au Roi,
il dénonce les actes d’intolérance de l’église
romaine à l’égard des réformés.
D’autre part il affirmait que les symboles bibliques étaient
des significations de l’essence incompréhensible de
Dieu: “J’estime que si l’on prenait
ces symboles littéralement, ils produiraient des idoles”.
Génial !
Mais, n’est-ce pas le même homme qui écrivait
à propos de Michel Servet: “S’il vient à
Genève, je ne souffrirai pas qu’il en sorte vivant” ! Il a tenu promesse, et Servet
est mort sur le bûcher.
Qu’il est bien difficile
de pratiquer de belles idées ! … Le dialogue est donc
le premier pas vers la tolérance et le respect des convictions
d’autrui.
Pierre A. Bailleux
(1) Henri Plard, Introduction à la
lecture de l'appel de Luther "An
den christlicen Adel teutscher Nation", Revue de l'Université de
bruxelles, mars-mai 1966, p.21
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