Dans
son livre Mon frère Jésus (Seuil,
Paris 1983), Schalom Ben Chorin propose une interprétation
intéressante du dernier repas pascal que Jésus a partagé avec
ses disciples.
Ce repas, cette communion, ce rituel, cette
liturgie dirions-nous, se déroulait
de manière bien précise : au cours de celui-ci,
la tradition prévoyait le partage de pains azymes, symboles
de l'essence du judaïsme. Et quand Jésus dit "ceci
est mon corps", cela aurait signifier qu'il désignait
par là son message, c'est-à-dire l'essence
même
du judaïsme, à la suite de Moïse. (Lire "Ceci
est mon corps" d'André Gounelle)
Voilà une explication toute simple qui rencontre
ma bienveillante adhésion. Elle rejoint le contexte culturel
et cultuel dans lequel évoluait Jésus et ses disciples.
Aux antipodes des explications oiseuses de générations
de théologiens qui envoyaient sans ménagement au bûcher
quiconque refusait le sacré “corpus christi”.
Ceci me fait penser à l'histoire du chat :
Lorsque, chaque soir, le maître s'asseyait pour la prière,
le chat de l'ashram distrayait les fidèles. Aussi ordonna-t-il
qu'on attache le chat durant la prière du soir. Longtemps
après la mort du maître, on continua d'attacher le
chat durant la prière du soir. Puis, quand le chat finit
par mourir, on amena un autre chat dans l'ashram, pour qu'il puisse
être dûment attaché durant la prière du
soir. Des siècles plus tard, les disciples du maître
écrivirent de savants traités sur le rôle essentiel
d'un chat dans le bon déroulement de toute prière.
Je vous laisse le loisir d’appliquer cette histoire
aux multiples doctrines aussi contestables que la déité
ontologique du Christ (la Trinité), l’incarnation rédemptrice
ou le péché originel. Quand la pensée se nourrit
de ses propres traditions, le symbole se dégrade en superstition
et le mythe s'affadit en doctrine.
Pierre
A. Bailleux, Vivre
n° 3, Ed. Espace de Libertés, 2002
Note
du 06 mars 2007 :lire
aussi Le
verre du kiddouch |