Claude-Jean Lenoir
Dans la plupart des églises protestantes, en
Belgique, en France comme en Suisse, si on prêche sur l'Amour
de Dieu, on se bat aussi pour une formule de baptême, pour
le "trinitarisme", pour ou contre la "virginité"
de Marie. On regarde un pape à Rome en rêvant parfois
d'être à sa place (?), ou à un archevêque
de Paris se promener une croix sur le dos "pour faire comme
Jésus". Certains rêvent de ressembler au curés
ou de faire des Eglises Protestantes les succursales du Vatican
: l'unité de l'Eglise "doit se faire" au nom de
leurs vérités qu'ils érigent en Vérité.
Sans
doute supportent-ils mal la complexité des hommes et des
femmes qu'ils sont. Ils reprochent aux autres, consciemment ou non,
de leur offrir un miroir dans lequel ils refusent de se voir.
Non à l'unité :
elle est réductrice
inéluctablement.
Non au magistère.
Oui à la diversité :
elle incite à la réflexion,
elle révèle des richesses insoupçonnées,
elle invite à vivre en esprit et non point à la lettre
des lois arbitraires. Arbitraires, car vouloir parler d'une seule
voix conduit nécessairement à l'hypocrisie et à
bâillonner les autres.
Devenir ce que l'on est, sans honte ni orgueil. S'épanouir
par une recherche constante de connaissances -de soi, des autres,
de l'univers- c'est une leçon donnée en son temps
par Jésus aux hommes de sa génération. Elle
est toujours d'actualité, il suffirait de l'entendre.
Propos "musclés", direz-vous…
Oui, mais s'exprimer ne présuppose qu'une chose : que d'autres,
vous par exemple, s'expriment à leur tour, pour que s'instaure
un dialogue, un vrai, qui nous verrait sortir de cette indifférence
mortelle qui parle au travers de ces "langues de bois"
insupportables que l'on entend de plus en plus souvent, y compris
dans nos temples.
L'avenir du message évangélique dépend
de celles et ceux qui décident que l'esprit de liberté
d'un évangile qui n'appartient à personne à
condition qu'ils sachent demeurer des "chercheurs ardents"
d'une vérité qui ne leur appartiendra jamais!
Claude-Jean Lenoir
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