Pierre A. Bailleux La blessure, le drame, l'erreur, la souillure, l'impuissance.
L'échec, un de plus, la honte, l'oubli, l'alcool, le loto,
la déchéance, le vide.
La solitude, le désespoir. L'exclusion ou la marginalisation
ou l'aliénation.
La violence journalière, celle des criminels, des tortionnaires,
des casseurs; celle des États, des sociétés
multinationales; celle des petits cons au volant de leur bolide…
La mort violente, la mort sournoise, celle qui traîne et qui
se traîne.
Pourquoi la vie est-elle parfois si difficile ?
La vie a-t-elle un sens ? Question idiote.
MA vie a-t-elle un sens ? En
ai-je déchiffré le mode d'emploi ?
Je n'en sais trop rien. Ce que je sais, c'est que j'ai toujours
fait le choix de ma vie. Tout au moins quand c'était possible.
Si j'avais eu une santé de fer, une intelligence
supérieure, des dons manifestes, il est sans doute vrai que
j'aurais fait d'autres choix. Mais lesquels, je n'en sais rien,
à la limite cela ne m'intéresse pas. Je suis comme
je suis. C'était à prendre et à ne pas laisser.
J'ai eu la chance d'avoir eu,
très jeune, le
sentiment d'être reconnu, estimé pour ce que j'étais.
Je ne dis pas aimé. J'avais fait le choix de dire ce que
je pensais et de faire ce que je croyais devoir être fait.
Casse-cou ? oui, mais tellement jouissif !
L'amitié ? vitale! j'ai vite compris qu'elle
se forgeait, lentement mais sûrement. Autre choix. Premières
désillusions qui me confirmèrent la valeur de ce
choix.
L'amour ? Il est vrai que j'ai
pas eu le choix…
il m'a saisi et me tient toujours… Mais l'accepter et le
donner, est aussi un choix.
Les études. Pas le choix. Orphelin de père,
on discute pas, on bosse, on crève.
Le travail. Quelle horreur !
Je suis né roi
fainéant. Mais quand il faut, il faut. 14 heures dans le
cambouis, les coups de gueule, la paie minable. Dormir, mourir.
Un jour, choix : on passe de l'autre côté de la frontière.
Fric, pognon, filles faciles. Dormir, mourir.
Temps du mépris, du choix des valeurs. L'apprentissage
de la réflexion. Dur, dur ! Recyclages. Travailleur social,
puis théologien. Si… j'avais eu une santé de
fer, une intelligence supérieure, des dons manifestes, j'aurais
ajouté cardiologue, astronome et pilote de F1. Je me contredis
? c'est bien.
Temps de la réalisation, conséquence
des recyclages. Salaire minable, mais quel joie ! Je fais partie
de ceux qui ont la chance de "travailler" dans le secteur
qu'ils aiment. Ça ne compte pas ses heures un roi fainéant…
parce qu'il est passionné.
Passion pour un idéal : l'homme, la justice,
la liberté. Utopies ? Et alors ? Elle mérite d'être
vécue cette vie qui déborde de partout … grâce
à Dieu.
MA vie a-t-elle un sens ? Question
idiote. LA vie vaut la peine d'être vécue.
Reste à me recycler dans la sculpture.
Pierre A. Bailleux,
chercheur de Dieu en exil, passeur d'idées,
anarchiste et franc-maçon
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