Pierre A. Bailleux
Evodie Beuzart, dans sa chronique
intitulée "Idoles" écrivait: "les idoles de toujours, le pouvoir et l'argent,
broient les personnes comme une énorme machine qui avance
sans états d'âme". J'avais devant moi une reproduction
de cette peinture (dont j'ai oublié le nom de l'artiste)
représentant Marie Durand et ses compagnes de captivité dans
la tour de Constance.
Ce
qui frappe au départ est cette raie irradiante de lumière
vers laquelle les prisonnières sont tournées. Ce symbole
de la lumière, chacun peut l'imaginer en fonction de sa
culture et de ses convictions personnelles : la foi, l'Esprit,
l'Espoir,
etc…
La seconde impression est cette
attente des femmes. Elles attendent quoi ? D'être libérées.
Théodore Monod écrivait : "L'Histoire
n'a pas d'imagination, elle se répète «au nom
du Père le Crime, et du Fils le Pouvoir, et du Saint-Esprit
l'Argent»,… seuls les mots changent, mais les grands
thèmes obscurs demeurent" (1).
Certes, je suis totalement imperméable au thème
de la Trinité, mais il ne m'est pas permis de rester indifférent
à d'autres grands thèmes "obscurs" tels
l'exploitation du Tiers-Monde; l'asservissement des enfants dans
le monde du travail; les génocides kurdes ou rwandais; les
guerres en Palestine, en Sierra Leone ou en Tchétchènie;
les déchets nucléaires, …
Ne pas rester indifférent, c'est avant tout
m'informer, c'est un devoir qui n'est pas toujours facile, mais
possible. Reste ensuite à prendre mes responsabilités.
Et j'avoue, ici, avoir souvent les bras qui m'en tombent. Me joindre
aux manifestations pacifiques, d'accord mais encore ? Lors d'élections
ou de votations, mettre dans l'urne un bulletin qui tienne moins
compte de mes intérêts personnels que ceux de la collectivité.
Mais quelle collectivité ? Ma région ? Mon pays ?
Le village Terre ?
De toute manière, m'engager, être fidèle
à mes convictions et les exprimer. Cette forme de résistance
qui a été celle de ces femmes dont j'admire le port
droit.
Pierre A. Bailleux
(1) Th. Monod. Le Chercheur d'Absolu, Le cherche midi, Paris, 1997, p.86
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