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Mourir humainement


Récemment, un débat sur l’euthanasie était à nouveau à l’ordre du jour des médias en Belgique. Quelques membres de la Concertation d'Eglises Chrétiennes en Belgique souhaitaient faire entendre leur point de vue par rapport à cette loi. Ci-dessous, la réponse du président de l'Eglise protestante de Belgique telle qu’elle est parue dans « La Libre Belgique » (30 mars 2006).

1. L’Eglise Protestante Unie de Belgique (EPUB) est une Eglise plurielle où les opinions en matière d’éthique sont diverses. Les positions protestantes relatives à l’euthanasie sont donc également variées ; elles font appel à la responsabilité personnelle de chacun(e) dans une perspective de culture du débat. A cet égard il n’existe pas dans l’EPUB d’instruction ecclésiale doctrinaire, mais il est nécessaire de susciter la réflexion des fidèles dans le respect des opinions de chacun(e).

2. Les protestants aussi sont partisans d’un « mourir humainement » ; raison pour laquelle ils sont favorables au développement et à l’extension des soins palliatifs.

3. Il existe toutefois des situations où la qualité de la vie est en balance avec la quantité des jours de vie à prolonger ; en d’autres temps des personnes seraient déjà mortes, n’étaient les progrès de la médecine. Apaiser la souffrance est d’abord un devoir avant d’être un droit. Selon la position protestante la souffrance en elle-même n’a pas de vertu, elle est parfois un obstacle à la relation avec Dieu, avec les autres, avec soi-même.

4. Il faut rappeler que la loi autorise dans des conditions précises et strictes le recours à la mort douce et sans souffrance pour mettre fin à une vie indigne ; l’euthanasie n’est imposée à personne, pas même au personnel soignant qui a droit à l’objection de conscience. Si la chose est permise, elle n’est pas obligée mais tient compte des convictions de l’ensemble de la société civile, sans imposer le point de vue d’une (ou de plusieurs) religion(s).

5. La vie est une grâce. Mais en d’autres temps (Guerre du Vietnam, par exemple) certaines autorités religieuses ont pourtant béni les canons qui allaient tuer des milliers de semblables. Encore une fois, la vie doit être défendue avec acharnement mais il faut aussi accepter l’existence de situations-limites et de contextes qui peuvent justifier d’autres solutions.
Il en va de même pour les questions d’avortement et d’autres questions de bioéthique (cellules –souches,...). De manière générale le monde protestant rejette toute position doctrinale totalisante, en matière de vie comme pour d’autres thématiques.

6. En quoi choisir sa mort est-il une atteinte à la souveraineté de Dieu qui veut en face de lui un être libre et responsable, en dialogue avec Lui, un être debout, non un esclave ? : abaisser l’homme n’est pas grandir Dieu. Les valeurs de liberté, de responsabilité, d’authenticité doivent aussi être mises en avant. L’homme peut être pleinement responsable de choisir sa mort sans devoir se décharger sur les autres (famille, personnel soignant…) ou se réfugier derrière des principes absolus.

7. En conclusion, il se trouvera des protestants en total accord avec cette déclaration ; mais il s’en trouvera aussi d’autres pour rejeter complètement cette déclaration au nom de la liberté humaine laissée par Dieu dans son alliance avec un être responsable. Nous ne souhaitons pas aujourd’hui remettre en question la loi sur l’euthanasie ; cette dernière est pour nombre de protestants une avancée dans une société laïque comme la nôtre où les religions doivent participer aux débats éthiques sans toutefois imposer leur point de vue à l’ensemble de la société.

Nous souhaitons vivement la poursuite du débat entre politiques et responsables religieux (et avec l’ensemble des citoyens intéressés) à propos de l’évaluation et des extensions éventuelles de la loi (mineurs d’âge, déments) afin de faire entendre les voix des croyants parmi les autres : la religion ne peut être cantonnée à la sphère du privé, et les religions ne peuvent avoir la prétention de dicter aux politiques leurs points de vue, si tant est qu’ils seraient concordants entre les divers courants religieux.

Guy Liagre, Président du synode EPUB.


 



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