Y
a-t-il encore lieu aujourd'hui de protester et de témoigner d'un engagement
vigoureux et parfois dérangeant. Voici
le point de vue de Bernard Reymond, professeur de théologie,
Lausanne. Le
protestantisme est une protestation permanente contre "l'absolutisation" du relatif,
"l'éternisation" de ce qui est temporaire, la divinisation
de ce qui ne doit pas l'être. A ce titre, il faut protester
contre les entreprises qui s'érigent au rang de religion
en exigeant de leurs employés une disponibilité totale,
corps et âme, jour et nuit. C'est du totalitarisme.
Le
rôle des Eglises
est de combattre cette évolution. En l'occurrence, je ne
crois pas aux grandes déclarations spectaculaires. Plutôt
à l'encadrement patient des gens afin de leur donner la structure
spirituelle profonde qui leur permette de résister à
cette nouvelle forme d'esclavage. Et puis, en vrac, je proteste
contre la musique de Bach dans les ascenseurs des palaces, les affiches
des raéliens montrant le vrai visage de Dieu, le préjugé
selon lequel il n'y a plus de place pour la religion. Il est essentiel
de douter, et le protestantisme doit rester un bouillon de culture
pour tous ceux qui n'acceptent pas d'être normalisés.
Il
est donc essentiel de donner une solide structure spirituelle
pour
résister aux nouveaux esclavages.
Bernard
Reymond, Le Protestant, Genève,
2002
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