Béatrice
Spranghers Lectures conseillées :
- Daniel 2;31,35
- Luc 13; 1 à 5
- Matthieu 6; 33 et 34
La ville de Babylone est,
pour l'Ancien Testament, le symbole de la toute-puissance humaine.
La civilisation de cette
ville était très avancée, d'un luxe et d'un
raffinement sans égal. C'est là que vivent les déportés
de Juda après l'atroce siège de Jérusalem détruite
en -586.
La statue dont parle Daniel était gigantesque,
d'une splendeur extraordinaire. Les matériaux qui la composent
révèlent sa grande richesse. Cette statue symbolise
la gloire, la puissance et la richesse de la civilisation babylonienne.
On la croirait invicible, défiant le temps. Elle est le signe
concret de la façon dont l'homme idolâtre ses œuvres,
sa puissance.
Or voilà justement que cette toute puissance
arrogante se révèle d'une extrême fragilité.
Un caillou qui se détache on ne sait comment vient frapper
les pieds de cette statue. Elle s'effondre et devient comme balle
emportée par le vent.
A chaque époque, l'homme se confie dans
ses œuvres. Il les croit éternelles, inviolables, invincibles.
Plus elles sont grandioses, ces œuvres, plus l'homme se sent
important, puissant, invulnérable.
Il y a certainement là une grande confusion
dans les priorités, comme dans le récit de la tour
de Babel où les hommes veulent "se faire un nom",
comme dit le texte, c'est-à-dire devenir puissants, célèbres,
immortels. Ils veulent rivaliser avec Dieu; ils se veulent créateurs
et oublient qu'ils ne sont que des créatures. Quelle sinistre
confusion ! Quelle démesure !
L'orgueil est à la base de bien des maux !
La Bible nous rappelle souvent que la toute-puissance
humaine est illusoire. Il est inutile de fonder sa vie là-dessus.
Il y a confusion de priorités.
Dans le récit de la tour de Siloé en Luc 13, les disciples interrogent Jésus à
propos d'événements tragiques qui viennent de se produire.
Pourquoi ceux-là sont-ils morts ? Pourquoi telle victime
plutôt qu'une autre ? Est-ce que cela signifie quelque chose
que le sort s'abatte sur l'un plutôt que sur l'autre ?
Ce serait bien sûr d'une grande naïveté
de croire que le malheur est la sanction divine pour une faute.
Comme dans l'épisode relaté dans Jean (9;2) où
les disciples interrogent ingénuement Jésus à
propos d'un aveugle et demandent : Est-ce lui ou ses parents qui
ont péché pour qu'il soit aveugle ? Jésus affirme
catégoriquement: Non les victimes ne sont pas plus coupables
que quiconque. Elles ne sont ni plus ni moins innocentes que tout
un chacun.
Ceci étant bien entendu, je trouve très
interpellante la fin de cette péricope : Si vous ne vous
repentez, vous périrez également. Jésus veut-il
effrayer ses disciples, leur flanquer une trouille salutaire ?
Si vous ne vous repentez, vous périrez.
Si vous ne réajustez pas les priorités de la vie,
vous en subirez les conséquences dont vous êtes seuls
responsables.
Quelle est dans tout le message de la Bible en
général, et dans celui de Jésus en particulier,
la priorité essentielle ?
Vous pensez sans doute et à juste titre
au sommaire de la Loi : Aimer Dieu et son prochain. Ou encore :
La connaissance de Dieu. Grâce à la sagesse, celui
qui entre dans cette connaissance recherche en priorité la
justice, la droiture, l'équité.
Si vous ne cherchez pas d'abord la justice,
vous périrez.
Si nous continuons à trouver normal le gouffre qui sépare
le Nord et le Sud de la planète, si nous voulons conserver
nos privilèges et nos biens au détriment des faibles,
si nous tirons parti de l'oppression politique et économique,
si nous oublions l'exigence du partage… nous récolterons
les fruits de ce que nous avons semé : la haine et le terrorisme.
Car l'injustice provoque chez l'opprimé
la haine de l'oppresseur et l'oppresion rend fou, même un
sage (Qohélèt 7;7). Cette haine entraîne la
violence, la vengeance. Et la barbarie frappe aveuglément.
Ses victimes ne sont ni plus coupables ni plus innocentes que quiconque.
Ce n'est en aucune manière une punition divine, c'est la
conséquence logique d'une indifférence à l'égard
de la justice.
Au-delà de toutes les préoccupations
matérielles, Jésus indique clairement la priorité
: Cherchez premièrement le Royaume et la justice de Dieu.
Et il ajoute: ne vous inquiétez pas du lendemain, car le
lendemain aura soin de lui. A chaque jour suffit sa peine. La confiance
en Dieu fait elle aussi partie des priorités de notre existence.
Un proverbe chinois dit : Il vaut mieux allumer
une chandelle que de pester contre l'obscurité". A nous
d'être témoins actifs de cette lumière que nous
avons reçue, qui nous est donnée afin de pouvoir rayonner,
là où nous sommes, de plus de justice et de paix.
Béatrice Spranghers,
16 septembre 2001
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