CORRESPONDANCE UNITARIENNE | mai 2003 |
Informations | |
Lu dans
Approches unitariennes (bulletin de l'Association unitarienne francophone -
AUF), n° 53, printemps 2003 - Une présentation d'Alexandra David-Neel,
par Jean-Louis Buchert, pp. 4-9. - Un compte-rendu du prix Goncourt "Les
ombres errantes" de Pascal Quignard, par Daniel Glasser, p.
17. - Un article de Jean-Marc van Hille, intitulé
"Pauvres unitariens !", p. 2 Lu sur le site Profils
de libertés (prolib.net)
: - La
jésuslâtrie, par Pierre A. Bailleux - L'Evangile
selon Marthe, par M.P. Troquet-Heine - Et
si l'on parlait vrai ?, par Jacques Herman - La
fin du religieux par Jacques Chopineau Lu dans la
Revue de théologie et de philosophie
-
Rthph (Lausanne), n° 134, 2002 c.r. par Jean-Claude Barbier du livre de Paul ABELA, Je crois, mais parfois autrement, Paris : L'Harmattan, 2002, 160 p. ("Chrétiens autrement") A 81 ans, l'auteur nous livre ici son testament spirituel au terme d'une vie d'ingénieur et de militant associatif. Pour une fois, ce n'est ni un clerc d'Eglise, ni un théologien, ni un philosophe, mais un simple laïc (étant toutefois passé entre les mains des Jésuites au niveau de l'enseignement secondaire mais, dit-il, trop libre d'esprit pour y rester). Libre penseur, hors d'atteinte de sa hiérarchie qui n'a aucune prise sur les laïcs, l'auteur peut s'exprimer. Il en profite modérément, d'un ton calme et serein qui est le sien. Il avance toutefois des propositions qui peuvent fortement irriter nos conservateurs. A la suite du théologien suisse Maurice Zundel, l'un de ses maîtres spirituels, Dieu ne serait pas moins mère que père et la Trinité est à repenser dans le sens d'une Quaternité : Père, Mère, Fils, Esprit ; tétraèdre à l'appui (p. 101). Que les protestants se rassurent car ce schéma nous dispenserait d'une piété mariale de substitution, la quaternité suffisant au besoin d'une féminité sacralisée (p. 97 et 111). Que le lecteur se rassure aussi car P. Abela ne se perd pas dans des méandres métaphysiques. Il avoue tout simplement son modalisme : Dieu, unique, se manifeste à nous de façon différente (p. 95), ainsi que son adoptionnisme - une divinisation ascendante de Jésus et non plus descendante, qui n'est donc plus une incarnation (p. 107). Cet accueil de Jésus par Dieu, qui en fait son Fils, est un processus ouvert à tous, puisque, en parlant de la Cène, l'auteur insiste sur le partage (et non pas sur le sacrifice rédempteur d'un péché originel qui a perdu son historicité) (p. 59) et nous annonce que, nous aussi, à l'exemple de Jésus, nous sommes tous "enfants de Dieu" ou fils adoptifs, appelés, nous aussi, "à incarner Dieu ou le représenter dans ce monde". L'auteur cite les Béatitudes : "Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu" (Mt. 5,7). Ce sont en définitive tous les hommes de bonne volonté qui se retrouvent en Dieu et qui sont autant de manifestations de Dieu en ce monde. J'ai particulièrement apprécié la clarté de l'auteur lorsqu'il situe l'homme comme coresponsable de la Création, acteur à part entière de l'histoire de l'humanité, inspiré par Dieu mais non déterminé. Foin des bondieuseries (l'auteur se garde de parler comme cela !) où le dévot voit des signes partout qui le guident, pour que Dieu se montre à lui à chaque événement et l'accompagne dans la lumière. Loin d'un dieu tout-puissant, nous cheminons dans notre humanité et nos prières de demande (y compris nos prières dites "universelles") sont à côté de la plaque. Jésus nous l'a déjà dit : Dieu connaît mieux que nous nos besoins et il est plein de compassion. Nul besoin de crier vers lui, même si c'est pour emprunter la beauté du langage du psalmiste. L'auteur, qui a beaucoup œuvré dans des groupes de réflexion liturgique, n'accepte plus que des prières de confiance ou de louange. C'est là toute une tradition d'assistance, soit directe, soit par Eglise ou saints interposés, qui s'écroule. A ce compte, les Eglises risquent de perdre beaucoup de "quémandeurs" qui s'adressent à Dieu en désespoir de cause pour les misères de leur vie. Avec P. Abela, catholique ouvert à l'œcuménisme, nous sommes en compagnie d'«un courant réformiste sérieux, dans la lignée de Pierre Dentin, Louis Evely, Henri Guillemin, Jean Kamp, Hans Küng, Marcel Légaut, John A.T. Robinson, John S. Spong, Jean Vimort, Maurice Zundel, etc.» (p. 4). |
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