CORRESPONDANCE UNITARIENNE | avril 2003 |
Les cercles de l'unitarisme-universalisme | |
L'unitarisme contemporain aime assurément le symbolisme du cercle, pour beaucoup et à travers les temps image de la perfection et d'une pensée globalisante. Notre coupe à la flamme est très souvent inscrite dans une telle figure. L'Eglise unitarienne universaliste de Rockford, dans l'Illinois, possède un grand vitrail de forme circulaire ayant en son centre l'emblème de l'unitarisme contemporain - une coupe à la flamme - et, tout autour, les signes évoquant les grandes religions : le christianisme, l'islam, l'hindouisme, le judaïsme, le taoïsme, et le bouddhisme. Ce vitrail est connu sous le nom du vitrail du souvenir de Rehnberg (the Rehnberg Memorial Window). Il fut réalisé en 1974 par Frank Houtkamp, un artiste illinois, sur commande de la famille d'Axel F. Rehnberg (1883-1966), lequel fut un inventeur et le cofondateur de l'entreprise Rehnberg-Jacobeen (the Rehnberg-Jacobeen Manufacturing Co.). L'artiste présente lui-même son œuvre
en ces termes : "Si vous tracez un cercle et six autres tout autour
et identiques, chacun disposé à 60° de l'autre et à
même distance du centre, vous obtenez une égalité
parfaite entre eux. C'est là l'un des aspects les moins connus
de notre univers. Les mathématiques les plus simples donnent de
multiples raisons et même des "preuves" de cette égalité,
que ce soit avec les triangles équilatéraux, les lignes
parallèles, etc. ; toutefois celles-ci ne sont pour nous que des
outils pour comprendre des phénomènes relatifs, également
mystérieux et non prouvés. Toujours est-il qu'il y a une
vérité fondamentale dans ces cercles sans laquelle ils ne
pourraient exister. Ils représentent, par leurs dessins, six chemins
traditionnels de l'expérience humaine, lesquels, en dépit
de leurs différences, sont tous inclus dans la loi qui régit
l'univers. Comme des cercles qui mutuellement s'enclenchent, les lois
de l'univers se recouvrent à l'infini, avec fluidité. Chaque
cercle donne une image en miroir du centre, tout en étant entouré
de l'infinie variété". Pour nous, unitariens, la religion se vit avec intelligence
et raison, et j'ajouterais - ayant des racines paysannes que je revendique
- avec bon sens. A l'heure des fanatismes religieux et des enfermements
théologiques, je pense que nous avons à donner l'exemple
d'un bon vécu religieux. Notre cercle participe avec d'autres à
l'harmonie d'un monde que nous croyons avoir été créé
par une personne ou une énergie que nous appelons Dieu ou du divin.
Avec d'autres grands universalismes - je pense par exemple à la
Foi Bahaï, à la spiritualité des quakers, aux congrégations
soufis, aux humanismes chrétiens et autres, à la démocratie
- l'unitarisme sait englober les particularismes culturels et les différences
de croyances. En dépit de notre petit nombre, cette dynamique est
prometteuse. Aux Etats-Unis, les responsables de l'Association unitarienne-universaliste
constatent un progrès de leurs effectifs lié à des
adhésions de personnes qui ne sont pas de tradition chrétienne,
alors que pour les Eglises protestantes la courbe continue à descendre.
Dans un paysage religieux en plein changement, en constante
recomposition, nous avons à la fois une tradition enracinée
dans l'histoire - qui nous fait remonter jusqu'à Michel Servet,
à la Petite Eglise de Pologne et à l'Eglise unitarienne
de Transylvanie - et une dynamique qui dépasse notre propre particularisme
et qui sait englober les spiritualités contemporaines d'un cercle
matriciel qui peut contribuer à
leur plus grande cohérence. A partir de notre propre tradition
- que nous ne devons pas oublier ni méconnaître - nous sommes
bien placés pour apporter notre pierre à l'universel. Avec
notre maître spirituel, Yèshoua de Nazareth, nous savons
que les Béatitudes nous introduisent d'emblée dans ce monde
futur où l'humanité sera une grande et même famille,
un Royaume pour reprendre l'espérance christique. Alors, apprenons à parler des autres d'une façon
positive en sachant que chacun, à sa façon, apporte sa propre
pierre. En ces temps de Pâques où Yèshoua institua
la Cène, pratiquons allègrement l'inter-communion loin des
théologiens des différences soit disant irréductibles,
des pasteurs de troupeau qu'une certaine piété rend borné
par trop de scrupules et de précautions, des détenteurs
de vérités dogmatiques qui prêchent l'obéissance
ou - plus sinistres - l'attente dans des changements qui, selon eux, ne
peuvent et ne doivent venir que d'en haut, des puristes de tout ordre
qui, à force de médiocrités, ont eu raison de l'élan
populaire que fut l'oecuménisme, des prêcheurs qui demandent
et redemandent au brave peuple de prier sans cesse, de demander inlassablement
à Dieu et à ses saints ce qu'ils disent ne pas pouvoir obtenir
par l'action humaine. Et si les invités ne viennent pas au repas,
faisons en un festin public selon les conseils donnés par une certaine
parabole de l'Evangile ! Alors que nos congrégations,
nos associations, nos réunions, nos bulletins, s'ouvrent à
la parole des autres et suscitent l'élan populaire de tous ceux
qui fuient les dogmatismes. Soyons comme des cercles parmi d'autres cercles
dans une gravitation de l'universel. Dans ce numéro, mais déjà
dans d'autres numéros précédents, Correspondance
unitarienne, bulle parmi les bulles (mais non papale), aime parler
des autres en bien ! |
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