CORRESPONDANCE UNITARIENNE    octobre 2004

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unitariennes


n° 36

Du côté de Marseille

La librairie Etoile du Mage (10 rue de Cassis, 8ème, métro ligne 2 station Périer) organise des « Rencontres et causeries de la librairie », chaque semaine, soit le vendredi soir, soit le samedi soir à 18h 30 ; l’entrée est libre mais il convient de réserver à cause du nombre de places limitées. Contact : 04 91 25 66 38. Vous pouvez en consulter la liste dans l’agenda du site « Profils de libertés » (www.prolib.net). Nous vous conseillons plus particulièrement celle du samedi 11 décembre, à 18h 30, «Jésus dans la tradition maçonnique », avec Jérôme Rousse-Lacordaire, dominicain à la Bibliothèque du Saulchoir, qui enseigne l’histoire de l’ésotérisme chrétien à l’Institut catholique de Paris - vous trouverez un compte-rendu du livre qu’il a écrit en 2003 sur cette question dans la Lettre aux catholiques amis des maçons, n° 54, épiphanie 2004 (mentionné dans Correspondance unitarienne n°28, février 2004).

Association Religions-Laïcité-Citoyenneté (ARELC)

Trouvé sur le site de l’ARELC deux articles sur la Trinité : La Trinité des Chrétiens : irrationnel ? par Jean Vaillant, docteur en théologie - diplômé de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, lundi 16 décembre 2002 ; et en réponse, La Trinité : comment en parler ? par François du Plessis, jeudi 15 mai 2003. Et une très belle prière dans le forum du site : « Marana-ta ! Maître, viens ! Que Iéshoua’ le Mashiah Ben Elohîm (le Messie Fils de Dieu) te chérisse par son Souffle-le-Sacré, le Rouah-pensant et agissant » (/article.php3Pid_article=10).

Comité de défense de la cause arménienne (CDCA)

Nicolas Semaille, membre de notre réseau, attire notre attention sur la cause arménienne par rapport à laquelle les autorités turques et certains intellectuels continuent de pratiquer le négationnisme. CDCA, 17 rue Bleue, 75009 Paris, tél : +33 1 44 83 07 02 , fax : +33 1 42 46 81 59, courriel , site

Bibliographie 

Les éditions Blackstone

Aux Etats-Unis, une petite maison d’édition, la Blackstone Editions publie des ouvrages unitariens dans deux collections :
1 - The Hopedale Collection : les œuvres d’Adin Ballou (1803-1890), prédicateur unitarien Nord-américain : Pratical Christianity (publié en 1854 ; édité et arrangé par Lynn Gordon Hugues, 267 p.) et On Christian Non-Resistance (publié en 1846, plus un essai postérieur sur le même thème Christian Non-Resistance in Extreme Cases paru en 1860 ; 190 p.). Il fut réformateur social, socialiste utopique, apôtre de la non violence et pacifiste, etc. Il fonda la communauté utopiste de Hopedale dans l’Etat du Massachusetts, qui exista de 1841 à 1857. Il était par ailleurs en relation étroite avec l’Eglise universaliste (qui fusionnera en 1961 avec l’Association américaine unitarienne) par son cousin, Hosea Ballou, lequel fut le principal théologien de cette Eglise au XIXème siècle.
2 - The Reformation Collection, avec pour l’instant deux ouvrages majeurs : Racovia (= Rascow), par Phillip Hewett, 88 p. (sur la Petite Eglise polonaise et le socinianisme), et Hunted Heretic : The Life and Death of Michael Servetus 1511-1553 par Roland H. Bainton (réédition par les éditions Blanckstone et la Unitarian Universalist Historical Society de ce classique paru en 1953.)
Information reçue de Jaume de Marcos le 27 août 04

Des protestants suisses de sensibilité unitarienne écrivent …

Daniel Barraud, Jésus parmi les athées, "La Vie protestante" (Genève), du 15 janvier 2003 (rubrique «dossier»), mentionnant le site « Atheists for Jésus » animé par Ken Schei.
Bernard Reymond, Désolé, mais je ne confesse pas Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, "Le Protestant" (journal de l’ULP de Genève).

Evangile et Liberté

A lire dans le mensuel "Evangile et liberté", l’article d’André Gounelle sur Ferenc David, n°176, avril 04, p. 12

LES RENCONTRES PLURALISTES

Organisées par le Centre de recherche et d’information sur les questions théologiques, éthiques et sociales (CRIQUETS) en banlieue Sud de Bruxelles, à partir du dimanche 17 octobre

 

Libres propos 

La Trinité et le genre

Juan José Tamayo Acosta,
Directeur de la Chaire de Théologie et Sciences des Religions, "Ignacio Ellacuría" de l’Université Carlos III, Madrid.
Conférence prononcée à Antequera (Malaga) 29 juin 2002
« Les Grandes lignes de la nécessaire réforme de l’Eglise », traduit et publié par NSAE, 2004

« L’utilisation de la catégorie de genre nous conduit, en premier lieu, à reconstruire le mode de penser andro-centrique présent dans la réflexion théologique et dans l’organisation patriarcale (“kiriarchique", comme dit Elisabeth Schüssler Fiorenza) de l’Eglise catholique. Une analyse du dogme de la Trinité, central dans le christianisme à partir de la catégorie de genre permet de constater que nous sommes devant une doctrine patriarcale du début à la fin. La doctrine catholique de la Trinité est un exemple achevé du patriarcat à l’état pur. En Dieu, représenté comme masculin, il y a trois personnes toutes trois masculines, Père, Fils et Esprit Saint, même si en hébreu l’esprit (ruah) est féminin. Zéro féminin dans le mystère de la Trinité (là peut-être gît le mystère!).

Tous les attributs que la vieille théodicée et la théologie traditionnelle appliquaient à Dieu étaient des attributs de mâle: tout-puissant, omniscient, créateur, omni-protecteur. Jésus est le fils mâle du Dieu mâle et il ne peut être représenté dignement que par des mâles. Les titres attribués à Jésus sont ceux du pouvoir de la lignée masculine. De même les fêtes en son honneur: Christ-roi, qui clôt l’année liturgique, Jésus Christ-Prêtre Suprême et Éternel Prêtre (Fête-Dieu). Et ainsi de suite.

L’Esprit Saint, quoique représenté sous la forme d’une colombe, est détenu dans l’Eglise catholique par les mâles, qui croient disposer de lui et le contrôler en exclusivité. Ce sont les hiérarques mâles qui discernent l’authenticité des charismes, les manifestations de l’Esprit qui se donnent chez les chrétiens et les chrétiennes. Alors, l’Eglise se structure à l’image et ressemblance de la Trinité. Le concile Vatican II dans la Constitution Lumen gentium part précisément de cette idée : l’Eglise dans le mystère de la Très Sainte Trinité ».

L’anti-trinitarisme : orthodoxie alternative ou un vécu libéral ? 

Les unitariens ne sont pas les seuls anti-trinitaires du monde. Ils partagent cette conviction avec des mouvements fondamentalistes comme les Témoins de Jéhovah et d’autres Eglises biblistes dont les sièges sont aux Etats-Unis et en Australie. Ce qui doit nous différencier nettement de ces derniers, c’est notre libéralisme religieux. L’analyse du professeur André Gounelle, parue dans Evangile et Liberté de janvier 2004 rappelle l’importance d’une telle attitude sans laquelle l’unitarisme rejoint les autres confessions dogmatisantes :

« Dans les débats théologiques, on perçoit une autre équivoque. Tantôt, on met l’accent sur le contenu. On nomme libérale toute pensée religieuse qui s’écarte peu ou prou des doctrines établies. Le libéralisme se définit alors par des opinions non-conformistes. Tantôt, on insiste sur une attitude ou une démarche d’ouverture qui souligne la relativité des doctrines, qui défend la légitimité d’une pluralité de croyances parmi les chrétiens, et qui préconise une réflexion théologique critique.

- Dans le premier cas, on range parmi les « libéraux » presque tous les minoritaires et déviants de l’histoire du christianisme, alors que beaucoup n’ont pas un esprit d’ouverture et de respect des autres. De nombreux anti-trinitaires de l’Eglise ancienne sont des « orthodoxes alternatifs ». Ils accordent en effet à leurs croyances un caractère absolu. Ils n’auraient probablement pas hésité, s’ils en avaient eu les moyens, à les imposer par la force. Ils ont exactement les mêmes attitudes de rigidité doctrinale que leurs adversaires.

- Par contre, dans le deuxième cas, on considèrera comme libéraux des gens qui, par ailleurs, ont des opinions au contenu orthodoxe, qui voient par exemple dans la Trinité une option possible, sans la déclarer obligatoire. Le libéralisme se définit alors par le refus de tout unilatéralisme doctrinal, par l’acceptation de la différence et par l’ouverture au débat. Il préconise l’interrogation critique et défend la légitimité de la divergence théologique ou ecclésiale.

Au seizième siècle, à propos de la Trinité, Castellion écrit : « Si je pouvais [la] défendre, je le ferais. Mais je dois confesser franchement que je ne puis. Si quelqu’un le peut, je l’approuverai de le faire … Si certains possèdent un esprit assez aigu pour saisir ce que moi et ceux qui me ressemblent ne saisirons pas, tant mieux, je n’en suis pas jaloux ». (extrait de « Libéralisme ? », pp. 2-3)

Deux mois plus tard, dans son n° de mars 2004, Evangile et Liberté renchérit sur un unitarisme (non désigné dans l’article) qui deviendrait une nouvelle orthodoxie, avec un texte signé par Jean-Claude Deroche, pasteur de l’Eglise évangélique luthérienne et par ailleurs physicien à l’Université d’Orsay :
« Le Dieu Un » (p. 16), lequel devient pour certain le Dieu unique à imposer aux autres, ou encore le dieu Un de l’unicité idolâtrée. L’auteur nous confie in fine qu’il préfère la multiplicité !