CORRESPONDANCE UNITARIENNE | novembre 2004 |
Propos non conformistes d'un chrétien d'Afrique noire | |
"Les hérétiques
sont là pour réveiller Propos
non conformistes d'un chrétien d'Afrique noire Jésus après Socrate Évoquant la philosophie antique, l’auteur nous en rappelle deux caractéristiques « le choix conscient, qui seul interpelle à la mise en cohérence de sa vie, d’une part, l’entraînement à la vertu en vue d’une action juste, d’autre part ». Entre autres philosophes, « Socrate, par sa vie, a montré que le choix conscient a des implications qu’il faut assumer, fût-ce au prix de sa vie ». « Ce choix conscient traduit, d’une part, une nostalgie intérieure de la vérité et de la justice, d’autre part, une réaction critique à d’autres attitudes qui se complaisent dans la déliquescence éthique et morale et dans la désintégration de la cité et de la communauté. Ce choix conscient, Jésus de Nazareth, poussé par l’impulsion intérieure de ne faire que la volonté de Dieu, son Père, l’a fait par rapport au judaïsme. […] Jésus, le christ de Dieu, l’exige de ceux qui optent pour le mode de vie et d’action qu’il nous montre. Il s’agit d’inscrire sa vie quotidienne dans une implication-rupture qui permet d’être dans le monde sans être du monde, d’être le levain enfoui qui fait monter la pâte de la cité et de la communauté, tout en étant la lumière qui brille au sommet de la montagne. » L’identité chrétienne doit être visible dans nos actions « Ajouter l’adjectif chrétien à une Eglise, à une dénomination confessionnelle, à une doctrine, à un culte, à un parti politique, à une activité, à des engagements, etc., ne signifie rien si on n’y voit pas en œuvre l’éthique et la morale enseignées et vécues en exemple pour nous par Jésus, le christ de Dieu. Invoquer le nom de Jésus pour opérer des miracles et guérir, choisir de devenir prêtre ou pasteur, organiser des actions caritatives, éducatives et sociale au nom de notre foi chrétienne n’ont de sens que si notre vie concrète, la vie des acteurs ainsi engagés est en conformité avec l’éthique et la morale que Jésus nous a laissées en héritage ». L’intériorité chrétienne pousse à l’action
; « Les chrétiens sont installés dans le confort de leurs dénominations confessionnelles respectives, institutions expertes dans les traditions qualifiées d’authentiques et dans des interprétations exclusives. Ils acceptent et pratiquent des doctrines, cultes, rites et dogmes qui se combattent d’une religion à l’autre au nom de Jésus, le christ de Dieu, au lieu de chercher à vivre comme l’a enseigné et vécu en exemple pour nous Jésus de Nazareth. Au lieu de vivre chrétiennement, ils sont et préfèrent être des pratiquants extérieurs et des experts en culte ». « L’intériorité, qui n’est le monopole d’aucun système philosophique, religieux ou spirituel, est dite chrétienne lorsqu’elle emprunte les chemins indiqués par Jésus de Nazareth, le Christ de Dieu, qui n’est et ne sera jamais l’otage d’aucune dénomination confessionnelle ou d’aucune tradition. L’intériorité chrétienne, c’est le fait d’atteindre, dans le silence intérieur, la proximité de l’intime du Dieu d’Amour que révèle, au cœur purifié, Jésus, le christ de Dieu […] De manière plus profonde, l’intériorité chrétienne, c’est le retour conscient dans la loi originelle d’amour et d’unité, loi qui anime toute la Création et toutes les créatures de Dieu …». Mettre notre vie au service de la volonté de Dieu, « Et alors, à notre corps défendant parfois, nous devenons le petit grain de sable qui fait grincer les systèmes, mécanismes et institutions injustes, iniques, et nous commençons à devenir bons pour la crucifixion. Ce sont là les premiers pas dans l’engagement du chrétien actif qui se distingue naturellement du chrétien dogmatique d’Eglise ». « Jésus ne participait pas aux systèmes et institutions ; il osait faire autrement, et cette attitude constituait un message plus fort que tout ». « Les dénominations confessionnelles et leurs appareils institutionnels séparent et divisent les hommes, seul Jésus, le christ de Dieu, nous unit dans une fraternité et une communauté intérieures ». « Quand la famille dit : « Nous, d’abord », Jésus réponds : « Le royaume de Dieu et sa justice d’abord et la famille à son service ». Quand les gardiens de la Loi disent : « Le sabbat d’abord », Jésus répond : « L’homme d’abord et la Loi à son service ». Jésus était un perturbateur de conscience. Les actes qu’il posait et les paroles qu’il prononçait mettaient à nue le mensonge, l’hypocrisie, la récupération, la simulation et la dissimulation. Ce faisant, il déstabilisait les pouvoirs en mettant en péril les connivences entre pouvoirs, particulièrement entre pouvoir politique et pouvoir religieux. Chaque personne qui dit suivre Jésus doit oser, pour sa gouverne personnelle, faire sans concession, la démarcation entre son appartenance à une dénomination confessionnelle et le fait de suivre Jésus, le christ de Dieu, En effet, ces dénominations ont chacune leurs traditions, leurs pratiques, leurs cultes, leurs doctrine, leurs dogmes, leurs histoires de linges sales et de cadavres dans les placards et ces différents éléments ne sont pas toujours conformes à la simplicité et à la pureté des commandements donnés par Dieu à travers Moïse et du Sermon sur la montagne dans laquelle le Christ de Dieu a explicité la quintessence de la loi et des prophètes. Dénoncer le cléricalisme des confessions … « Par ailleurs, chaque personne qui dit suivre Jésus doit oser reconnaître, à partir de sa propre maison, que chaque caste de « fonctionnaires de Dieu » instrumentalise au maximum la Bible, Dieu et Jésus afin, d’une part, de les faire correspondre à leurs visions et à leurs affaires et, d’autre part, de maintenir, sur la foule des fidèles, une domination et une hégémonie toutes humaines. Le système des « conducteurs du peuple de Dieu » est vicié et à produit non seulement des fonctionnaires de Dieu mais encore des dictateurs d’âmes et des marchands du temple ». et les lectures fondamentalistes de la Bible « Du début de la Bible jusqu’à sa dernière ligne, l’amour de Dieu souffle et permet d’établir, malgré l’altération des traductions et des traditions, la ligne de discrimination [éthique et morale] par la lumière de Dieu, à l’intérieur des mots et des phrases. Et si dans la Bible quelque chose n’est pas en conformité ou tout au moins compatible avec l’Amour qui signifie aussi paix, égalité et liberté, cela est dans la Bible, mais cela n’est pas de Dieu. De ce point de vue, il ne suffit pas de dire « Cela est dans la Bible » pour conclure qu’une chose constitue une indication divine pour la vie intérieure et les comportements extérieurs de chacun et de tous. Le seul critère de l’authenticité, c’est le degré de conformité ou de compatibilité avec l’amour ». Bibliographie GANDONOU Albert, 2004 - Le manifeste du mouvement « Chrétiens
pour changer le monde », 36 p. , suivi d’une postface d’Edith
Delos « Bonne nouvelle d’Afrique ! », diffusé par
Les Amis de Jean Sulivan [1] Bulletin de liaison des Amis de Jean Sulivan pour la réflexion et l’action chrétienne en Afrique, n° 19 du 15 juin 2004, « Intériorité chrétienne et visibilité de l’identité chrétienne » pp. 2-11, courriel « Chrétiens
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