CORRESPONDANCE UNITARIENNE

Réseau francophone animé par la
Fraternité unitarienne de Bordeaux

 

Août 2006 n° 58
 

 

 

 

Sommaire

 

- Bibliographie

- Les infos :

- Offices pour animaux

- Le Réseau européen Eglises et Libertés

- Symposium de l'ICUU

- Blog d'une UU

- Blog d'un historien

- Libres propos

- Jean-Marc Noyelle

- Albert Schweitzer

 

 

 

 

   

 

Les informations

Actualités
unitariennes

 

 

Bibliographie

MERY André, 2002, "Les végétariens, raisons et sentiments"
Editions La Plage, préface de Théodore Monod, 312 pages, décembre

Ce livre comporte un chapitre sur la façon dont les religions situent les animaux. “ Puisse-t-il trouver les nombreux lecteurs qu'il mérite. Les pauvres animaux, victimes de nos préjugés, de nos ignorances et de nos cruautés, lui resteront à coup sûr reconnaissants de son grand et courageux travail. ” T. Monod en conclusion de sa préface

JOLICOEUR Marjolaine, “ Les transcendantalistes ou l'utopie végétarienne ”
Article sur le site de l’Association humanitaire d'information et de mobilisation pour la survie des animaux (AHIMSA) signalé au réseau par Nancy Labonté (Montréal), résumé par Jean-Claude Barbier

Un groupe d'intellectuels de la Nouvelle-Angleterre - philosophes, mystiques, poètes, enseignants, féministes, à la suite de Ralph Waldo Emerson (1803-1882) – prône un nouveau style de pensée et de vie, le Transcendantalisme, nom qui provient d'un ouvrage de l'allemand Emmanuel Kant (1724-1804). Ce mouvement révolutionna la philosophie et la littérature américaines. En quête de vérité, idéalistes, optimistes, les Transcendantalistes rejettent la soumission à l'autorité et à la hiérarchie. Ils croient en la supériorité de l'intuition sur la raison et militent pour la liberté de penser, d'être et d'agir. Lisant , étudiant les textes nouvellement traduits et alors plus accessibles du bouddhisme , de l'hindouisme , du taoisme, de Pythagore et des néo-platoniciens, ils y puiseront leurs inspirations tout comme le feront, un siècle plus tard, dans les années 1950 la Beat generation ou dans les années 1960 les hippies. Pour Ralph Waldo Emerson. Le Transcendantalisme est lié aux plus “ anciennes vérités comme le bouddhisme ” et Henry David Thoreau (1817-1862) fera de la Bhagavad Gita son livre de chevet. Les Transcendantalistes deviendront avant tout des rebelles , des insoumis à l'ordre établi, à la recherche de leur propre vérité, célébrant les beautés de la Nature et de la vie. Nombre d’unitariens américains se rallieront à cette philosophie en abandonnant la référence exclusivement chrétien de leur foi.

R. W. Emerson écrira son essai sur la “ Nature ” en 1836, après avoir quitté le ministère du culte unitarien en 1832. H. D. Thoreau vivra plusieurs années dans une cabane au fonds des bois et témoignera de cette expérience dans son livre le plus célèbre “ Walden, ou la Vie dans les bois ” (1854). À partir d’un incident vécu lors de cette vie atypique, il avait écrit auparavant, en 1849, “ La désobéissance civile ” qui influencera Mahamat Gandhi et Martin Luther King. Il prit une part active dans l'Underground Railroad (Le Chemin de fer souterrain) , une organisation clandestine qui convoyait les esclaves noirs en fuite du sud des Etats-Unis vers le Canada. Amos Bronson Alcott (1799-1888) fonde à Londres une communauté végétarienne, Alcott House, qui durera dix ans, avec l’aide d’un riche philanthrope, James Greaves. Les méthodes éducationnelles du Transcendantalisme y seront appliquées. Puis, de retour aux Etats-Unis en 1842, Alcott, sa famille et quelques autres utopistes établissent la première communauté végétalienne, Fruitlands, sur une petite ferme de Harvard , Massachusetts. Ces pionniers veulent fonder un nouvel Eden, un endroit où il serait possible de vivre sans exercer aucune oppression sur les humains ainsi que sur les animaux.

Informations   

- Des offices pour les animaux

Pour la première fois, un office inter-religieux pour les animaux eut lieu le 13 juin 2004 à l' église unitarienne de Golden Green à Londres. Cet office fut organisé par le Congrès mondial des Religions (World Congress of Faiths). Des représentants de toutes les grandes religions y participèrent. Le prédicateur principal en fut le professeur et révérend Andrew Linzey, de la Faculté de théologie d' Oxford. Prêtre anglican, il est actuellement le plus important spécialiste de la théologie de l' animal ; il travaille aujourd'hui au Blackfriars Hall d' Oxford - un "collège" dirigé par les Dominicains.

La même année, d’autres cérémonies eurent lieu en Angleterre : un office “ œcuménique ” pour le bien-être des animaux célébré le samedi 2 octobre 2004 à l' abbaye de Westminster à Londres, dont le prédicateur principal fut Mgr John Austin Baker, évêque honoraire anglican de Salisbury et président de la Société anglicane pour le bien-être des animaux (ASWA) ; puis une bénédiction oecuménique des animaux à la cathédrale d'Arundel en Grande Bretagne le samedi 9 octobre 2004, avec la participation de plusieurs hiérarques catholiques, anglicans, baptistes, etc., ainsi que celle des dirigeants des grandes associations britanniques de protection animale.

En France, où nous sommes moins avancés sur cette question que nos voisins anglais, Notre-Dame de Toute Pitié “ Association catholique pour le respect de la création animale ”, d’inspiration franciscaine, fondée à Paris en 1969, met à profit la fête de saint François pour organiser des bénédictions d’animaux … dans des salles paroissiales. On trouvera sur son site, une liste d’adresses d’organisations qui militent en faveur des animaux. La Mission Sainte-Rita à Paris (27 rue François Bonvin, dans le 15ème), liée à une Eglise catholique indépendante, procède, quant à elle, à la bénédiction des animaux dans le lieu du culte lui-même.

- Le Réseau européen Eglises et Libertés (RE/EL) pratique l’inter-religieux 

Le Réseau européen Eglises et Libertés, lors de sa rencontre à Wiesbaden, du 28 avril au 1er mai 2006, a tenu une journée d’études sur le thème : “ Les trois religions abrahamiques ont-elles un avenir en se libérant du modèle patriarcal ? ”. Celle-ci s’est terminée par une liturgie inter-religieuse “ très amicale, priante et pleine de sens. En cercle, avec au centre un grand cierge à deux mèches auquel chacun pouvait allumer une petite bougie et prononcer une prière, puis déposer cette bougie auprès des autres. De la musique favorisait le recueillement. Shech Bachir prononça une bénédiction. Le rabbin Arthur Gross-Schaefer fit circuler une coupe d’épices, de l’encens, une coupe de vin, et nous fit chanter un refrain aisé à reprendre. Après quoi nous nous sommes embrassés en signe d’amitié et de paix, le cœur dilaté par cette fraternité entre musulmans, juifs et chrétiens ”.

Compte-rendu de Louis Fèvre et Edith Kuropatwa, paru dans le bulletin de Pavés, n° 7. Pavés est le Réseau pour un autre visage d’Eglise et de Sociétés, le pendant pour la Belgique francophone de la Fédération des réseaux des parvis pour la France.

Fondé en 1990, ce réseau européen rassemble aujourd’hui plus de 30 ensembles de groupes et de communautés de base, issus de 13 pays d’Europe. La Fédération des réseaux des parvis y participe. L’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU), qui est maintenant membre de cette fédération, en fait donc partie ipso facto ; en plus, par son président, Bernard Biro, elle collabore directement au projet d’un colloque à Strasbourg prévu pour 2007, portant sur la “ Cohésion sociale dans une Europe multiculturelle : Impact et rôle des religions et des courants de pensée ” et devant se faire sous le parrainage et l’aide logistique du Conseil de l’Europe dans le cadre des relations entre ce Conseil et les ONG. Le secrétariat du réseau est assumé par François Becker, militant de Droit et liberté dans les Eglises (DLE), association qui est cofondatrice des Parvis.

- Le 2ème Symposium de théologie unitarienne organisé par l’ICUU 

Après un premier symposium théologique tenu à Oxford en juin 2001, “ Unitarian / Universalism at the Dawn of the 21st Century, premier ” (voir la Correspondance unitarienne n° 40, février 2005), voici qu’un second vient de se tenir à Cluj, au siège de l’Eglise unitarienne de Transylvanie, sur le thème “Unitarism / Universalism : Liberal Religion for a Changing Global Society” (3-7 juillet 2007). Y ont participé 64 unitariens, universalistes et unitariens-universalistes de 14 pays (Roumanie 25, Hongrie 6, Etats-Unis 12, Royaume-Uni 8, Canada 3, Italie 2, Espagne 1, France 1, Burundi 1, Tchéquie 1, Afrique du Sud 1, Nouvelle Zélande 1, Indonésie 1, Bolivie 1). Les Francophones étaient représentés par John Eichrodt et Fulgence Ndagijimana (président de l’Association des chrétiens unitariens du Burundi)

Cinq communications furent présentées :
- Dr. Arpad Szabo (Roumanie), Theological Foundations of the Transylvanian Unitarian Faith, 5 p.
*** (Roumanie), Theological Foundations of our Liturgy, 14 p.
- John A. Buehrens (Etats-Unis), A House for Hope : Liberal Theology and the Challenges of the 21st Century, 19 p.
- Ronald A. Hersom (Etats-Unis), The Roots of Religious Tolerance in Early Modern Europe “ From the Synod of Megyes to the Edict of Torda ”, A Historical Review of Diets, Edicts and Synods Advancing Religious Toleration in Transylvania ”, p. 19
- Paul Rasor (Etats-Unis), Postmodernity, Globalisation, and the Challenge of Identity in Liberal Theology, p. 14
- Jaume de Marcos Andreu (Espagne), Liberating the Self, Saving the World, A study on a Unitarian+Universalist identity in the global society, 18 p.

Le blog d’une unitarienne-universaliste 

De fonctionnement plus limité qu’un site, le blog a l’avantage de se faire plus intime, de se présenter comme un journal de bord n’engageant que son auteur avec pour chacun son style personnel. Sur fond de bambouseraie, nous vous recommandons le blog très réussi de Nancy Labonté, membre de l’Eglise unitarienne de Montréal et animatrice du Regroupement francophone unitarien universaliste (RFUU). Vous y trouverez son admiration pour Théodore Monod et Alfred Schweitzer, son intérêt pour le végétarisme et les religions orientales, sa relation très personnel à Jésus, son goût de la contemplation pour les choses de la vie, et puis des chansons des congrégations UUistes d’Amérique du Nord qu’elle a traduites en français.

Le blog d’un historien épris de liberté 

Pierre Raiman s’intéresse à l’histoire et a ouvert en 2005 un blog intitulé “ Autour de la liberté ” : “ Un voyage dans l'histoire de la Liberté, les hommes et les femmes qui l'ont faite et pensée, les évènements qui l'ont marquée et l'actualité où elle se lit. ”. Trois articles (illustrés avec des documents) concernent directement notre histoire unitarienne : “ Autour de Sébastien Castellion et Jean Calvin ” (en date du 25 février 2006), “ Autour du meurtre de Michel Servet ” (12 mars 2006) et “ Servet, Castellion, Calvin, le choc des consciences ” (18 mars 2006). P. Raiman s’appuie entre autres sur le livre de Stephan Zweig “ Conscience contre violence, ou Castellion contre Calvin ”, écrit en 1936 en pleine montée du nazisme, publié en 1938 et que les éditions Le Castor Austral ont republié en novembre 1998. Quelques exemplaires sont encore disponibles sur Amazon. La même année, les éditions Zoé, à Genève, rééditèrent de leur côté le célèbre Contre le libelle de Calvin de S. Castellion.

Blog trouvé par Nancy Labonté et signalé sur le forum “ Histoire des ‘U’ ” (http://unehistoiredeu.superforum.fr).

Les chrétiens unitariens sont héritiers du courant anti-trinitaire des Réformes protestantes du XVIème siècle européen

Libres propos 

- Un peu de non-violence dans notre assiette
par Jean-Marc Noyelle, texte envoyé le 3 mai 2006

Qu'est-ce que l'empathie ? Il s'agit sans doute de cette faculté merveilleuse de ressentir ce qu'éprouve l'autre, faculté variable d'un individu à l'autre, mais si belle, notamment en amour. La souffrance humaine ne trouve-t-elle pas trop souvent son origine dans un manque tragique qui nous rend insensible à la douleur de l'autre, et parfois à la manière par laquelle nous y contribuons ? Et si nous sommes insuffisamment sensibles à la souffrance humaine, comment le serions-nous à la souffrance animale ? Je veux dire celle que l'on ne voit pas, joliment empaquetée dans nos barquettes de viande de supermarchés, dans ces publicités qui associent (la leçon de Pavlov est bien apprise) bonheur familial, amour et consommation du produit.

Interrogeons-nous à présent : qu'est-ce que le spécisme ? C’est une forme particulière de racisme qui insiste sur les différences soit disant fondamentales entre l’homme et les animaux et qui dispense le premier vis-à-vis des seconds des obligations morales enseignées entre autres par la religion. Entendons-nous bien : si celle-ci voit tout de même un certain ménagement à leur accorder ... avant consommation, elle véhicule aussi une culture où l’on accepte le sacrifice, à savoir la souffrance animale comme véhicule de l'amour de l'homme vers le divin.

Bob Geldof, ce chanteur humanitaire à l'origine de Live Aid, a travaillé dans sa jeunesse dans un abattoir. Il nous en parle dans son livre Alors, c'est tout ? (éd. Le Pré aux clercs, octobre 1986) : "Le bétail était parqué dans une grande cour qui tournait le dos au Grand Canal. Le sol de l'enclos était creusé de rigoles permettant d'évacuer l'urine et les excréments, car les bêtes faisaient sous elles, de peur, en sentant dans l'air l'odeur du sang. Certaines émettaient des gémissements aigus (...) "
Son témoignage rejoint celui d’Albert Schweitzer : "Je souffrais surtout à la vue des maux et des durs labeurs auxquels sont condamnés les pauvres animaux. Le spectacle d'un vieux cheval boiteux qu'on menait à l'abattoir de Colmar en le tiraillant à la longe par-devant et en le frappant à coups de triques par-derrière me poursuivit pendant des semaines comme un cauchemar. Surtout, je n'arrivais pas à comprendre, et cela déjà avant mon entrée à l'école, pourquoi, dans la prière du soir, on ne me faisait intercéder que pour les êtres humains. Aussi, quand ma mère s'était retirée après un baiser et un affectueux "Bonne nuit !" je faisais tout bas une prière supplémentaire. "Bon Dieu, disais-je, protège et bénis tout ce qui respire; préserve du mal tous les êtres vivants et fais-les dormir en paix." (Souvenirs de mon enfance, Albin Michel, Paris, 1992).

Bien que la mort fasse partie de la vie, le respect de celle-ci, jusqu'au bout, est une obligation transcrite dans le commandement "Tu ne tueras point", lequel ne mentionne pas d'espèce précise. C’est là une notion qui unifie les religions du Livre (voir Les Dix Commandements, Joseph Sitruk, Jean-Charles Thomas, Dalil Boubakeur, Alain Mamou-Mani, éd. Albin Michel), et qui était déjà hautement considérée par l'hindouisme depuis l'Antiquité. C'est avec cette notion de "respect de la vie" qu'Albert Schweitzer a résumé toute son éthique.

Chercheur sincère de Dieu, bon appétit ! Mettrons-nous un peu de non-violence dans notre assiette ? Elle sera ainsi, avec simplicité, au coeur de notre vie quotidienne. Elle s’appelle le "végétarisme" !

- Albert Schweitzer : hymne à la Vie

Sermon prononcé le dimanche 16 février 1919 dans l'église St Nicolas de Strasbourg ; extrait cité dans la revue belge Vivre

" La vie est force, volonté surgissant des causes premières et se renouvelant en elles, la vie est sentiment, émotion, douleur. Et si tu creuses le sens de la vie jusqu'à ses profondeurs ultimes et que tu contemples, les yeux grands ouverts, le grouillement qui anime le chaos du monde, soudain tu te sens pris de vertige. Partout tu retrouves le reflet de ta propre existence. Ce scarabée, gisant mort au bord du chemin, c'était un être qui vivait, luttait pour subsister - comme toi, qui jouissait des rayons du soleil - comme toi, qui éprouvait la peur et la souffrance - comme toi, et qui, maintenant, n'est plus qu'une matière en décomposition - comme toi aussi, tôt ou tard, tu le deviendras un jour.

Tu sors et il neige. Machinalement, tu secoues la neige de tes manches. Mais vois : un flocon brille sur ta main ; Il accroche ton regard, que tu le veuilles ou non, car il étincelle en des arabesques merveilleuses ; puis un tressaillement : les fines aiguillettes qui le composaient s'effondrent - c'est fini, il est fondu, mort - sur ta main. Ce flocon tombé sur toi des espaces infinis, qui avait brillé, tressailli et n'est plus, c'est toi . Partout où tu perçois de la vie, elle est l'image de la tienne."

La Correspondance unitarienne recommande de manger du fonio,
céréale bio de la savane africaine
vendue selon les principes du commerce équitable par
GAIA sarl, le Rey, route de Gaillac, 81300 Graulhet, www.gaia-bio.com, tél. 05 63 42 16 03


          

 

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