Théodore Monod a quitté cette
vie le 22 novembre 2000. […] Cet académicien
et naturaliste était et reste célèbre
pour ses travaux scientifiques, ses 70 ans de voyages d'exploration
au Sahara à dos de chameau ou à pied et pour
ses livres. Tout comme Albert Schweitzer, il était
fils , petit fils et arrière petit fils de pasteurs
illustres. Cet ami et disciple d'Albert Schweitzer était
un peu moins connu pour son pacifisme militant et ses actions
contre l'arme nucléaire. Mais combien sont-ils ceux
qui savent qu'il était, en même temps, l'un
de plus actifs défenseurs chrétiens des animaux?
Par l'action ou par l'écrit, Théodore Monod était
présent chaque fois que la cause des animaux le demandait.
Président du Rassemblement des opposants à la
chasse (ROC) et membre du comité d'honneur de
la Ligue française des droits de l'animal, il ne manquait
pas de s'élever contre la corrida. En 1999, à l'âge
de 97 ans (ce végétarien a vécu 98 ans)
et malgré sa quasi cécité, il n'a pas
hésité à aller à Nîmes
pour se joindre à la manifestation contre la tauromachie.
Théodore Monod a lutté avec acharnement pour
que les Eglises comprennent enfin et s'ouvrent à la
compassion universelle qui inclut aussi les animaux. Tous
les jours à midi, Théodore Monod récitait
les Béatitudes.
Le 16 octobre 1986, la Ligue
française des droits de l'animal avait
organisé à l'Institut de France un colloque
de haut niveau sur les droits de l'animal et la pensée
chrétienne (conférenciers: Eric Baratay,
Jean Bastaire, Père Jean-Dominique Bourinet,
Olivier Clément, Père Paul-Henri Coutagne,
Jean Gaillard, Charles L'Eplattenier, Théodore
Monod, allocution de Jean Guitton). L'exposé de
Théodore Monod s'intitulait "L'Animal face à la
pensée et la morale chrétiennes".
Il commença en posant les questions suivantes
:
" Comment le christianisme officiel, institutionnel,
celui des conciles, des confessions de foi ou de dogmes,
celui de la théologie aura-t-il pu ignorer deux mille
ans durant le dramatique et pathétique problème
de la condition animale sans songer à prendre résolument
parti contre les bourreaux, sans faire sa place dans son
enseignement, dans ses traités, ses manuels et ses
catéchismes à la souffrance des bêtes, éternelles
victimes de la cruauté des hommes ? Pourquoi un silence à la
fois si pesant et si durable qu'on pourrait se demander si
la question ne se trouvait pas en fait résolue, et
par le refus d'un débat en réalité sans
objet ? Comment une religion de l'amour, de la miséricorde,
plaçant au centre même de la foi le Sermon sur
la montagne, avec les Béatitudes et l'hymne à la
charité de 1 Corinthiens 13 pouvait-elle paraître
accepter de ne se soucier que d'une seule des créatures, à l'exclusion
de toutes les autres ? Pourquoi les Eglises - et la mienne
comme toutes les autres bien entendu - n'enseignent-elles
pas encore la pitié pour toutes les créatures
et n'intercèdent-elles pas - ou si peu et si rarement
- pour les innombrables et quotidiennes victimes de la stupidité et
de la cruauté des hommes ?" (actes du colloque
ci-dessus cité).
Oserions-nous répondre aux questions
de Théodore Monod par la citation suivante d'Albert
Schweitzer ? " Ce qui, depuis dix-neuf siècles,
se présente en ce monde comme le christianisme, n'est
qu'une ébauche pleine de faiblesses et d'erreurs,
non le christianisme total jailli de l'esprit de Jésus. " (Albert
Schweitzer, Ma vie et ma pensée, éd.
Albin Michel, Paris 1960, p.171).
article
mis en ligne sur le site "Les
chrétiens et les animaux" par Jean Nakos
Ndrl. Théodore
Monod fut président d’honneur de l’Association
française unitarienne (devenue francophone à partir
de 1992), de 1997 à 1996, puis de l’Assemblée
fraternelle des chrétiens unitariens (de 1997 à sa
mort).
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