CORRESPONDANCE UNITARIENNE

Réseau francophone animé par la
Fraternité unitarienne de Bordeaux

 

Mars 2007   n° 65
 

 

 

 

Sommaire

 

- Christianisme d'ouverture

- Les informations

- Libres propos

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- (1) Cette Eglise était trinitaire, donc Jésus, pour elle, était Dieu incarné.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- (2) pourtant curieusement absents contre les excès de certains communautarismes manifestement en porte à faux vis-à-vis des droits élémentaires de l’Homme, sans doute parce qu’ils vivent nombreux dans les pays anglophones.

- (3) un homme (pour les unitariens) ou à un homme divinisé (pour les adoptionnistes) ou à une divinité seconde créé par Dieu (pour les ariens) ou encore à Dieu incarné (pour les trinitaires).

- (4)“ Le radeau de la Méduse : un avenir au christianisme ? ”, conférence donnée à Paris le 20 janvier 2007 dans le cadre de la Journée organisée par la Fraternelle unitarienne sur “ L’agonie du christianisme : bilan et perspective ”, publié sur le blog de l’auteur, http://michelbenoit17.over-blog.com/ )

- (5) voir notre bulletin n° 43 de mai 2005 “ Se dire … au-delà des étiquettes des orthodoxies ”.

- (6) voir sa biographie sur le site de Didier Le Roux (http://www.unitariens.new.fr)

- (7) voir nos bulletins n° 60 (octobre 2006) et 63 (janvier 2007).

- (8) http://www.theolib.com

 

 

 

 

 

   

 

Christianisme
d’ouverture et post-christianisme

Actualités
unitariennes

 

 

Faut-il inviter les autres à faire partie
de nos communautés chrétiennes ?

Jean-Claude Barbier

Le christianisme est porteur d’un altruisme radical. Aller toujours vers les plus loin – le prochain (qui n’est pas le voisin comme le mot le suggérerait, mais le semblable qu’on ne connaît pas encore, l’inconnu et pourtant mon frère), l’étranger, celui qui est à l’autre bout de la planète – mais aussi les plus démunis, les plus pauvres, les plus malades, les sans papier, les sans logement, les sans travail, etc.

Toutes les religions ne vont pas jusque là, loin de là ! l’islam s’arrête à l’aumône, le bouddhisme à la compassion, etc. Il y a donc bel et bien, parmi les religions existantes, une spécificité chrétienne qui s’est manifestée très tôt par les œuvres caritatives, sociales et aujourd’hui humanitaires. Le modèle par excellence en est Jésus dit le Christ qui, par sa Passion, porte le poids des souffrances des autres sur lui, prend sur lui les péchés de son peuple s’affirmant ainsi comme bouc émissaire volontaire selon la grande et forte figure messianique du Serviteur souffrant dont parle le Livre d’Isaïe. Nous savons que la tradition paulinienne en fera un acte de rédemption métaphysique rachetant la faute originelle de la Chute. Ce dévouement aux autres va jusqu’à l’abnégation de soi, de sa propre famille (vive le célibat !), le don de ses richesses et propriétés. Jésus lave les pieds de ses disciples pour bien dire que la responsabilité est un service aux autres et non point la recherche des honneurs. Et puis, il nous montre un Dieu père qui aime, qui pardonne à son fils prodigue et nourrit jusqu’aux plus petits des oiseaux.

Jésus n’a pas fixé de limite à cet amour. Le message est de toute évidence universel. Pierre le comprendra très tôt avec sa vision d’une nappe remplie de bonnes et délicieuses victuailles habituellement interdites aux Juifs (les Actes des Apôtres qui relatent l’événement parlent alors de prophétie et non de gourmandise !). Paul également qui dépossèdera les Juifs de leur monopole de peuple soit disant élu, tout en les respectant en leur qualité de premiers dépositaires de la Parole.

Mais, par ailleurs, les premiers chrétiens mettront en avant la conversion et le baptême. La Bonne nouvelle est annoncée à tous, mais l’entrée de la communauté reste réservée aux convertis. Les païens qui s’entêtent à rester païens sont rejetés. Les pseudo convertis (ceux qui ne se sont pas engagés de tout cœur dans la bonne voie ou qui se sont égarés chemin faisant) sont vite taxés de syncrétistes, de faux prophètes, d’antéchrists, d’hérétiques, de Satan en personne, etc.

Il a fallu beaucoup de temps pour que les chrétiens acceptent que leur Dieu soit aussi celui des autres ; que, de toute évidence, si Dieu existe, il est universel par définition. Ils peuvent en remercier les théistes du Siècle des lumières. De là tous les croyants sont unis à Dieu. Et par cette référence à Dieu, la fraternité entre chrétiens – l’Eglise – est invitée à s’élargir à l’ensemble des croyants, voir à toute l’Humanité puisque les non-croyants sont estimés être en recherche spirituelle. C’est l’universalisme inconditionnelle. Déjà, l’Eglise universaliste (1779-1961), qui s’est développée à la fin du XVIII° siècle en Nouvelle-Angleterre jusqu’à sa fusion avec les congrégations unitariennes américaines, considérait que, Dieu étant amour et Jésus (1) ayant posé son acte rédempteur, tous les hommes accédaient au salut – de là le nom de la dénomination puisque le salut était désormais universel.

À la fin du XIX° siècle, après un siècle de lutte contre les credo hérités de l’anglicanisme et du calvinisme, nombre de congrégations unitariennes américaines et d’autres chrétiens libéraux en étaient venues à prôner les seules vertus morales comme référence obligée : l’honnêteté, l’amour, etc. De longue liste de “ principes ” éthiques à valeur universel remplacèrent les credo des Eglises. Et certes, les chrétiens n’ont nullement le monopole des vertus humaines et du dévouement aux autres. Ils ouvrirent en conséquence les portes de leurs églises aux autres croyants et aux non-croyants.

Sur ces bases généreuses, les chrétiens unitariens américains furent rapidement mis en minorité. Comment en effet imposer les rites chrétiens (le baptême, la communion) à des non-chrétiens ? Comment s’adresser à Dieu si une partie de la communauté est athée ? On tomba rapidement dans la culture religieuse – fort sympathique mais devenue exotique : le solstice d’hiver pour les néo-païens, le “ Christmas Tree ” pour les chrétiens avec un zest de lecture de l’Evangile le dimanche de Noël, les enfants habillés en rois mages (bien que l’Evangile ne parle pas de rois en cette occasion, mais de mages, mais on s’en fout et de la théologie et de l’exégèse !), les bougies allumées pour chanter la paix entre les hommes, les euphémismes pour s’adresser à Celui ou à ce qui serait à l’origine de la Vie, etc.

Certes, tant que les chrétiens restent très majoritaires (ils seraient encore 64% dans les congrégations unitariennes britanniques), ils peuvent continuer à lire la Bible et à faire des prédications dessus, ou encore à discuter du destin du christianisme en notre temps. Mais lorsqu’ils ne sont plus que 9% comme aux Etats-Unis, la communauté bascule dans un autre système religieux : c’est l’unitarisme-universalisme où les héritages religieux des uns et des autres sont mis au second plan pour une approche d’emblée universelle. Certes, on peut conserver son christianisme, mais on ne peut plus l’exprimer au sein de l’assemblée que sur le seul plan moral et culturel. Les unitariens-universalistes prônent l’inclusivité, luttent contre toute forme de discrimination et sont des militants de l’universel (2)

On peut imaginer que beaucoup de chrétiens quittèrent subrepticement les congrégations unitariennes qui empruntèrent cette voie d’ouverture inconditionnelle. En effet, le chrétien n’adhère pas tant à un ensemble de croyances (qui, elles, sont en pleine évolution / révolution, se sont “ modernisées ” grâce aux acquis scientifiques et se sont fortement individualisés) qu’à Jésus lui-même (3). Dès lors, peut-il abandonner la main de Jésus ? Interrogation que se posait le mouvement “ Jésus simplement ”, pris lui aussi par le vertige de l’universel, dans son bulletin de mars 2005, en reprenant celle de Bernard Feillet dans son livre “ L’arbre dans la mer ”.

Michel Benoît, avec son style de prophète contemporain, nous rappelle très fortement cette adhérence à la personne même de Jésus (4): “ Car Jésus - nous dit-il - ce n'est pas seulement un maître à penser : celui d'une époque révolue, marqué par elle et catalogué dans les rayonnages de l'Histoire, comme tant d'autres pédagogues et philosophes du passé. Jésus, c'est un mouvement, une façon d'être, une façon de voir, une attitude face à la vie et aux questions qu'elle suscite. Il ne demande qu'une chose, dialoguer avec nous : encore faut-il que nous nous adressions à lui, et non pas à une icône, recouverte par la fumée des cierges d'une Église ”.

En déclarant ses membres “ pour la plupart chrétiens ”, l’Association unitarienne française (AUF), fondée en juillet 1986 sous la houlette de Théodore Monod, s’est exposée au débat interne et perpétuel et sombra dans des crises successives : en 1992, faut-il accepter, au sein de l’association, les unitariens non-croyants (puisque qu’effectivement il y en a) ? en 1996, faut-il n’accepter que les unitariens qui croient en Dieu et qui se réfèrent explicitement à l’enseignement de Iéshoua ? après 1996, un unitarien qui s’entête à se dire encore chrétien est-il encore un unitarien “ comme il faut ” ? (5). Puis elle termina son existence (juillet 1986-janvier 2006) avec un président et trois vice-présidents, mais sans plus guère de militants.

Ceci dit, si nos assemblées ne doivent pas se transformer en auberges espagnoles, certes sympathiques et joyeuses, nous avons aussi à inventer les gestes d’amitié qui relient, les cérémonies et les fêtes qui réunissent, les rites modernes qui peuvent porter un sens universel chaque fois que nous sommes avec d’autres croyants et des non-croyants. En cela, la cérémonie des fleurs mise au point en 1923, en Tchécoslovaquie, par le révérend unitarien Norbert Capek (6) à l’usage de la Religious Society of Czech Unitarians, est tout à fait opportune. Nous l’avons pratiquée (pour la première fois en France) à l’occasion du mariage d’un couple canadien de sensibilité unitarienne-universaliste, le 21 septembre 2006 (7). Elle a été adoptée avec bonheur par la Fraternelle unitarienne pour ses célébrations (8) conformément à son orientation post-chrétienne et de sortie des religions.

Pour nous, dans n’importe quelle situation, le christianisme d’ouverture ne saurait se diluer que ce soit par œcuménisme ou par universalisme, mais par contre se dire sans complexe avec son identité et son histoire afin de mieux établir le dialogue avec les autres, accueillir le langage et les rites des autres mais sans syncrétisme ni confusionnisme, pratiquer la démocratie et la laïcité et se montrer capable d’être avec tous sur l’agora afin d’y construire la cité. C’est cette voie claire et nette qu’à choisi, entre autres, l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU) au sein d’un unitarisme contemporain accusé à tort, mais parfois avec quelque raison, d’être tout azimut dans ses croyances et dans ses pratiques !

Informations

Les blogs de l’AFCU

L’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU) anime désormais trois blogs qui sont comme des modules complémentaires les uns par rapport aux autres. D’abord un blog “ officiel ” où ne sont déposés que les documents de base pour faire comprendre l’identité de notre mouvement et ses principales activités. Démarré le 6 décembre 2006, il reçoit plus de 450 visiteurs par mois qui lisent quelques 1 500 pages.
Le blog de l’AFCU présente une longue liste de liens renvoyant à d’autres sites unitariens et de chrétiens libéraux (classés par pays), si bien qu’il peut servir d’outil de travail pour accéder à eux. Plusieurs de ces sites ont établi la réciprocité des liens.

Le second, “ Actualités unitariennes ” donne des informations sur l’actualité de notre mouvance, les livres et revues qui viennent de sortir et qui nous interpellent, les conférences et activités de nos associations ou, plus largement, celles de nos mouvances libérales, etc. Un “ Agenda pour unitariens et sympathisants ” y est régulièrement mis à jour. Après 15 jours seulement d’activité, il a déjà un bon rythme de croisière avec une moyenne de 150 visiteurs par semaine (soit de 500 à 600 par mois et plus de 1 600 pages lues). 1 000 visiteurs sont attendus en ce mois de mars !

Le troisième, “ La Besace des unitariens ” est un site documentaire où vous trouverez les sommaires des bulletins de nos diverses associations unitariennes françaises , la référence de textes déjà publiés et l’intégralité de ceux qui n’ont pas encore été mis en ligne. Il est encore largement en construction.

Il va sans dire que ces blogs sont référencés et que les moteurs de recherche (voir par exemple Google http://www.google.com) les trouvent tout de suite. La Correspondance unitarienne transmettra bien volontiers à ces blogs toutes les informations que vous souhaitez y voir publiées et qui pourront y être valorisées.

Les unitariens de Nantes se mobilisent

Après la fondation d’une Fraternelle unitarienne à Paris, le 28 novembre 2006, voilà le manifeste d’un nouveau groupe unitarien, celui des Nantais, qui se veut lui aussi ouvert à toutes les sensibilités. Il le fait en toute clarté. La Correspondance unitarienne et l’AFCU lui souhaitent un plein succès. Voici le message de Jean-Marc Van Hill daté du 2 mars.

Création du groupe unitarien Nantais(GUN)

Nous vous informons de la création du Groupe unitarien nantais (GUN) dont les premiers membres, se réclamant essentiellement du protestantisme libéral ainsi que du catholicisme réformateur, souhaitent rassembler les diverses mouvances unitariennes existant dans la région nantaise : chrétienne, humaniste ou universaliste.

Ce groupement n'a aucune structure associative de façon à conserver son indépendance et sa mobilité. Individuellement ses membres peuvent se rattacher soit à l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU), soit à la Fraternelle unitarienne, mais conservent leur liberté de pensée et d'action. Ils sont ouverts à tout dialogue constructif pourvu qu'il soit adogmatique, fondant leurs recherches sur les textes sacrés, tant canoniques qu'apocryphes, dans un esprit de tolérance et de fraternité ”. Contact

Libres propos

C’est curieux quand même !

par Jean-Pierre Babin, intendant de l’AFCU et membre du Groupe unitarien nantais, le 14 mars 2006

Dieu, au singulier, avec un D majuscule, c’est le “ Tout autre ”, celui que l’on ne peut nommer, ni même concevoir. Il est une question bien plus qu’une réponse !
Le croyant monothéiste entre en relation avec Dieu librement et par amour.
Sa perception débarrasse l’univers des dieux et démons ombrageux qui le peuplaient
Ce “ Tout autre ” s’est fait particulièrement connaître à des hommes peut-être choisis par lui, des “ amis de Dieu ”. Mais aucun parmi ces hommes n’a affirmé être Dieu lui-même.

Ainsi, chez les croyants :
Aucun parsi ne prétend que Zoroastre était Dieu,
Aucun juif ne prétend qu’Abraham ou Moïse était Dieu,
Aucun musulman ne prétend que Mahomet était Dieu,
Aucun babi ne prétend que Le Bab était Dieu,
Aucun bahaï, ne prétend que Baha’U’Allah était Dieu,
Aucun sikh ne prétend que Gourou Nanak était Dieu,
Aucun chrétien pré-nicéen ne prétend que Jésus était Dieu,
Aucun unitarien ne prétend que Jésus était Dieu,
Et on pourrait continuer avec tous les futurs prophètes à venir !
Alors ! Pourquoi certains prétendent-ils que Jésus était Dieu ?

Ne serait-ce pas tout simplement pour pouvoir affirmer que leur secte très particulière est ainsi la religion supérieure, dans le but de l’imposer, avec la complicité des autres pouvoirs, aux masses de fidèles bien soumis, bien craintifs, qui ne chercheront plus à se poser des questions dérangeantes ?
Qui sait ? Va savoir ?

ndlr : Jésus lui-même ne s’est jamais déclaré Dieu. Voir le livre de Michel Benoît Dieu malgré lui chez Robert Laffont, 2002

N’oubliez pas de consulter régulièrement notre “ Agenda à l’usage des unitariens et sympathisants ” sur notre blog “ Actualités unitariennes


          

 

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