Les religions organisent nos relations avec des entités
surnaturelles censées nous protéger et intervenir
dans le cours des évènements en notre faveur :
des ancêtres, des héros divinisés (comme
le fut Jésus dit le Christ après sa mort),
des génies, des divinités tutélaires
d’un clan, d’une cité, d’un peuple
(comme IHVH dans le Premier testament) ou de l’humanité toute
entière (ce qu’est devenu IHVH au terme d’une
histoire “ sainte ”). Ces entités
se révèlent aux intéressés (aux
autochtones, à nos aïeuls, à des intermédiaires,
etc.) par des évènements “ historiques ” vécus
ou interprétés subjectivement que sont les
théophanies, la voix des prophètes (le “ plus
grand ”, le “ dernier ”),
les messages visuels (les apparitions de la Vierge Marie)
ou auditifs (les voix de Jeanne d’Arc) reçus
par des visionnaires.
Au Siècle des lumières,
le théisme s’est
greffé sur le monothéisme des religions du
Livre (judaïsme, christianisme, islam). Il maintient
l’existence d’un Dieu personnel, créateur
du monde et des lois qui le régissent, y compris les
lois morales qui inclineraient la conscience humaine à faire
le Bien, mais il s’affirme d’emblée universel
puisque Dieu est connaissable par notre seule raison, au-delà des
révélations particulières qui ont pu
avoir lieu. Hormis la Révolution française
toute entichée de Dame Raison et qui fit preuve de
la plus grande intolérance, le théisme peut
se vivre tout simplement comme un dépassement des
religions particulières. Aux Etats-Unis, le théisme
d’Etat veut garantir le bon comportement moral des
citoyens et conforter leur optimisme dans leur destin communautaire.
Le Grand architecte de l’univers (Gadlu) de la Franc-maçonnerie
n’est nullement en conflit avec les dieux des uns et
des autres et ne mérite pas du tout les foudres du
Vatican.
Mais faut-il encore rendre un culte au Gadlu ?
Tant que ce Dieu des origines reste providentiel, la réponse
est positive. Mais, depuis le livre de Job (quatre siècles
avant Jésus-Christ), on ne cesse de constater le décalage
entre les promesses de la théologie de la rétribution
terrestre et les faits. Combien de fois ce dieu providentiel
n’est-il pas au rendez-vous ! Alors c’est
la femme de Job qui a raison : pourquoi donc le prier ?
Le déisme en prend acte et se contente de la seule
existence de Dieu – un dieu des origines qui n’intervient
pas comme l’est par exemple le dieu créateur
du monde en Afrique noire – lequel serait remonté au
ciel après avoir compris nos bêtises (1) – ou
encore le dieu du Déluge qui se lamente d’avoir
créé l’homme, ou encore celui de Job
qui s’inquiète de la sincérité de
ses ouailles.
Ce déisme est de plein pied avec nombre
de spiritualités
qui se contentent de l’existence de Dieu sans rien
lui demander. Qui le louent pour la vie qu’il nous
a donnée, pour sa présence quelque part, autour
de nous, en nous. Dieu n’agirait pas lui même,
mais il nous ouvrirait les yeux. Dans un très beau
texte consacré à nos représentations
de Dieu, le pasteur Gilles Castelnau nous invite à cette
foi :
“
Et il est vrai que Dieu ne modifie pas le cours des événements à notre
demande. Nous lui sommes néanmoins attachés
avec ferveur et bonheur, mais non parce que nous obtenons
ses faveurs. Nous n'aimons pas Dieu à cause des exaucements
qu'il nous donne comme on l'est à notre député s'il
nous a fait obtenir un passe-droit ! La prière ne
persuade pas Dieu d'intervenir dans les affaires des hommes.
Elle nous persuade de considérer nos prochains avec
les yeux du Christ et elle nous délivre ainsi de tout
esprit de domination intégriste (…). Elle nous
ouvre les yeux afin de nous faire voir notre prochain comme
un être en qui Dieu demeure déjà et qu'il
aime”.
(17
octobre 2004).
Au dieu transcendant, trônant royalement
tel que Zeus au-dessus de son œuvre et des pauvres sujets
que nous sommes, nous sauvant in extremis de nos péchés
originels et directs, sacrifiant même son Fils le Bien
aimé pour “ racheter ” les hommes
bien malgré eux – à l’image d’Abraham
s’apprêtant à sacrifier son fils unique,
mais cette fois en allant jusqu’au bout de son intention
-, le panthéisme propose une toute autre image, inverse,
beaucoup plus discrète. Un dieu dilué dans
le divin, circulant comme une énergie primordiale,
irriguant toute vie de sa sève montante. Un dieu tout
intérieur à sa Création, y versant sa
sagesse, totalement incarné (“ fait chair ”)
pour reprendre l’expression du prologue de Jean et
une partie du grand mythe de la Trinité ; nous
envoyant son “ Saint-Esprit ”, sa “ Grâce ”.
A partir de nos mérites soldés par la balance
du kharma qui sanctionnerait chacune de nos existences, les êtres
vivants chemineraient, au dire du bouddhisme, à travers
des réincarnations successives jusqu’à l’extase.
La connaissance gnostique, en perfectionnant notre être,
aiderait nos âmes à s’émanciper
de la glèbe, de la fange matricielle, du magma primordial
pour gravir l’échelle de Jacob. “ Dieu
ne tombe pas sur nous du dehors, il monte en nous du dedans ” nous
dit G. Castelnau.
La version moderne du panenthéisme
réconcilie
la transcendance et l’immanence. Pour la théologie
du Process, Dieu reste acteur, mais il voudrait la cogestion
de son œuvre avec les humains, agissant avec eux, par
eux. L’histoire serait finalement bel et bien la nôtre,
avec ses tâtonnements, ses innovations et ses reculs,
ses multiples drames, ses guerres mais aussi sa formidable
marche vers une fraternité mondiale. Theilhard de
Chardin en avait eu l’intuition avec cette dynamique
cosmique allant des points alpha et oméga. Et si une
mondialisation que nous réussirions tous ensemble était
précisément cette convergence à laquelle
Dieu nous inviterait ?
L’agnotiscisme et l’athéisme
se relativisent eux aussi puisqu’on peut se demander
si le doute ou le refus de l’existence Dieu concerne
une représentation
toute anthropomorphique de Dieu à laquelle nombre
de croyants, eux mêmes, n’adhèrent plus,
ou bien si la négation est radicale, définitive.
Que veut-on dire en effet lorsqu’on parle de Dieu ?
Dans ce cas, où manifestement le mot a implosé en
une multitude de sens, c’est en quelque sorte le retour
en force du nominalisme pour qui les mots ne désignent
pas la réalité mais seulement notre représentation
de celle-ci. L’évangile de Jean ne dit-il pas
qu’on ne connaît pas Dieu car nul de l’a
vu ?
Faut-il donc que ces diverses représentations de Dieu
nous séparent ? Jusqu’à présent,
les Eglises confessionnelles, les diverses voies de l’islam,
les communautés religieuses mettent en avant un credo,
affirment leurs croyances. Mais depuis plusieurs siècles
déjà, en minimisant ou en récusant les
credo et les serments d’adhésion à des
manifestes, les unitariens, les non-souscrivants anglais
et irlandais, puis les protestants libéraux ont fait
appel au libre examen. Les dogmes, la morale “ chrétienne ”,
les institutions ecclésiales définissent une “ chrétienté ” historique,
mais non point le christianisme lui même. Celui-ci
reste une référence directe à Jésus
et au dieu que celui-ci appelait “ Père ”.
Marcel Légaut, avec toute son exceptionnelle lucidité,
en faisait déjà le constat en juillet 1981 que
les doctrines divisent, mais la personne de Jésus,
elle, réunit :
“
L'Eglise a été fondée il y a 20 siècles.
Les conditions sociologiques dans lesquelles nous vivons
sont tout à fait différentes de celles d'il
y a 20 siècles. Dans la mesure où l'institution
a été très importante pendant 20 siècles
de christianisme, cette institution se trouve assez déphasée
par rapport aux besoins et aux possibilités de notre époque,
de telle sorte qu'il y a, chez les chrétiens actuels,
un porte-à-faux entre ce qui serait nécessaire
pour qu'ils deviennent véritablement disciples et
ce qui leur est proposé pour être simplement
adeptes d'une société idéologique.
Ce terrible déphasage est pratiquement l'essentiel
de la crise que nous connaissons aujourd'hui."
Ainsi, nous avons
pensé très longtemps que
croire en Jésus, c'était adopter, adhérer à une
doctrine sur Jésus. L'adhésion à une
doctrine semblait être l'alpha et l'oméga de
la foi. Nous sommes tout à fait d'accord que cela
soit un moyen, un chemin par lequel on doive passer pour
atteindre la foi mais il est certain que la foi est autre
chose que la simple adhésion intellectuelle ou affective à une
doctrine. C'est la difficulté majeure que nous rencontrons
maintenant. Il y a toujours eu des disciples mais, explicitement
parlant, c'était l'adhésion à une doctrine
qui caractérisait le chrétien. ” (2).
Osons le mot : c’est désormais
un christianisme à la
carte où chacun donne sens à sa relation personnelle
au rabbi Iéshoua et à Dieu, sans répéter
comme un perroquet les discours confessionnels et religieux ;
un christianisme basé sur l’expérience
de vie de chacun, qu’on peut qualifier de post-confessionnel
(3). Les célébrations libres organisées
depuis plusieurs années déjà par la
Fédération des réseaux du Parvis, autour
du partage du pain et du vin au nom de Jésus, et auxquelles
les chrétiens unitariens participent, laissent chaque
membre de l’assemblée en face de ses propres
considérations métaphysiques (4). Pour sa part,
l’Assemblée fraternelle des chrétiens
unitariens (AFCU) affirme clairement son identité en
faisant référence à Dieu et à l’enseignement
de Jésus, mais se garde bien d’aller plus loin
dans les détails qui relèvent de chacun. La
liberté de pensée rime ici avec prise de responsabilité personnelle
et transparence quant à ce qu’on pense, loin
de tout laxisme, balbutiements infantiles ou confusionnisme
sous forme d’envolée lyrique.
Il n’est
pas non plus question d’ajouter une
nouvelle Eglise, fut-elle “ unitarienne ”,
aux Eglises déjà existantes, mais tout simplement
de “ faire Eglise ” avec tous les autres
chrétiens sans exception qui partagent cette approche
libérale du christianisme. Non seulement l’expression
personnelle y gagne en sincérité, mais aussi
la fraternité car les credo et les identités
ne serviront plus aux discriminations et aux exclusions.
Jean-Claude Barbier, (1)
J.-C. Barbier, “ Monothéisme et polythéisme
dans les religions coutumières en Afrique noire ”,
Théolib (Paris, revue du libéralisme théologique),
n°20, décembre 2002, “ L’aventure
numérique de Dieu ; la question du monothéisme ”,
pp. 37-42 (communication au colloque de Théolib sur
les “ risques et dangers du monothéisme ”,
Paris, samedi 16 novembre 2002).
(2) exposé de Marcel Légaut à La Barde
recueilli par Guy Sohier et Xavier Huot, publié dans
le bulletin “ Quelques nouvelles ” n° 197,
février 2007 .
(3) J.-C. Barbier, “ Le
christianisme post-confessionnel ”,
(4) “ Le culte chrétien de maison, le partage
de la parole, du pain et du vin avec des amis et des voisins ”,
Cahiers Michel Servet, préparé par la Fraternité unitarienne
de Bordeaux, n° 01, novembre 2004 - nouvelle édition
en septembre 2005, 12 p. + 4 de couverture
Du
mercredi 1er au dimanche 5 août, à Thouaré-sur-Loire
(banlieue Est de Nantes)
l’Assemblée fraternelle
des chrétiens
unitariens (AFCU)
vous invite à sa première
Semaine unitarienne d’été
(AG, discussions,
cultes, mais aussi vacances, grillades,
camping possible
et plein air en famille au moindre coût !)
Libres propos
Venez et Voyez
“
J’ai toujours été très impressionné par
le début de l’évangile de Jean (1, 35-39).
Alors que deux disciples questionnent Jésus, il leur
répond : “ Venez et voyez ”.
Le mystère de Dieu se donne à voir, avant de
se démontrer. Il y a plus de vingt ans, je suis entré chez
les dominicains déjà habité par ce désir
profond : donner à voir l’invisible ”
Frère Arnaud de Coral, lettre circulaire
du 10 août 2006, producteur du Jour du Seigneur, directeur
du Comité français de Radio Télévision
Venez et discutez
les avis des membres de
notre groupe de discussion “ Unitariens
francophones ”
“
Bonjour à toutes et à tous. Merci à J.M.
de nous faire découvrir le forum de France2 où les
débats sont alertes et les informations intéressantes.
J’en profite pour vous proposer une brève analyse
comparée concernant ce forum et le nôtre. Confrontation
et plaisanterie narquoise semblent bien présentes
sur ce forum de France2, ce qui n’est pas du tout désagréable,
loin de là ! En fait, celui-ci invite à un
débat d’idées sur l’actualité sans
qu’il y ait un appel à complémentarité,
ni à des vues d’ensemble intercalaires comme
ce que nous essayons de faire sur le nôtre.
La grande
différence, c’est que nous sommes
des unitariens et des sympathisants nous référant à une
même éthique du dialogue, nous respectant mutuellement
et dont nombre d’entre nous se connaissent ou sont
appelés à se découvrir et à se
connaître un jour ou l’autre à l’occasion
de réunions. Les relations se font donc à l’occasion
plus interpersonnelles. On apprend à tenir compte
du point de vue de l’autre, de sa sensibilité,
de son héritage spirituel et religieux. On évite
de le brusquer tout en disant les choses qu’on a envie
de dire. Le dialogue est en quelque sorte socialisé,
au-delà des seuls règles de courtoisie qui
sied à tout forum. Puis-je dire qu’il est plus
fraternel?
Lorsqu’il y a différence ou
divergence entre nous, membres de ce forum, ce qui est tout à fait
normal et légitime puisque, unanimement, nous sommes
tous contre la pensée unique, nous recevons les messages
des autres comme de l’information supplémentaire
(toujours bonne à prendre), une invitation à élargir
notre champ d’investigation (eh oui ! on ne pense pas
toujours à tous les aspects d’une question),
un appel à une vision moins unilatérale, à mieux
considérer les pour ou les contre, les aspects positifs
et les aspects négatifs, enfin l’occasion de
reconsidérer nos jugements de valeur ou trop hâtifs
ou encore nos analyses trop abruptes. Bref, nous fonctionnons
un peu comme une Ecole de l’Antiquité où la
connaissance intellectuelle allait de pair avec une réflexion
sur soi. Ceci va dans le sens d’une meilleure relation à autrui.
Notre
forum, fondé le 9 avril 2005, commence à avoir
déjà une histoire. Notre volonté était
qu’il soit informatif, instructif et qu’il crée
du lien social. L’a-t-il fait ? Qu’en pensez-vous
? Les plus anciens peuvent-ils nous dire comment ils ont
vécu l’évolution de ce forum ? Les
plus récents comment ils le découvrent ? En
cela, nos sentiments, y compris nos émotions, sont
tout aussi importants que nos idées. Nous ne sommes
pas que des cerveaux discutant mais bel et bien des personnes
en chair et en os. Et puis, un forum n’est pas seulement
l’affaire de ses promoteurs et d’un modérateur,
mais c’est une entreprise collective où l’apport
de chacun est vital. En fait, qu'est-ce que nous attendons
de ce forum ? qu'est ce que nous souhaitons ? A chacun de
le dire. Les conversations vont bon train avec plaisir d’échanger,
de communiquer, de progresser ensemble, où bien s’étiolent
et se consument faute de participants … comme le feu
de camp allumé pour passer une bonne soirée
ensemble. ” Jean-Claude Barbier, Bordeaux le 27
septembre
“
En ce qui me concerne, j'apprécie ce forum où il
y a des débats passionnants, parfois entrelacés;
une liberté de style d'écriture, d'où des
messages bien écrits alternés de petits mails
spontanés. Le ton est cordial, au minimum respectueux
avec la possibilité pour qui le veut de créer
des tissus sociaux. Ciao amical ”, David Renom,
Fort-de-France, le 27 septembre.
“
En ce qui me concerne, j'ai failli quitter les unitariens
plusieurs fois, notamment à cause de l'indifférence à l'avortement,
aux Hmongs, etc., mais le forum m'a retenu par son intérêt,
ses analyses souvent érudites (…) ; il m'a beaucoup
apporté et je souhaite qu'il continue dans le même
esprit ”. Jean-Marc Noyelle, Evian, le 27 septembre.
“
(…) quant au forum de discussion que je trouve de fort
belle qualité par moment, nous avons la chance d'avoir
des personnes de qualités qui échangent leurs
connaissances et leurs points de vues d'une façon
remarquable ”, Didier Le Roux, Cherbourg, le 28
septembre.
“
Il serait encore un peu prématuré de donner
un avis très large du forum mais ce que j’y
vois pour le moment me satisfait grandement. De nombreux
sites religieux ne parviennent pas à empêcher
la venue de personnes mal intentionnées et parfois
grossières. Ce forum me parait fort différent
par son ouverture et la qualité de ses membres ”,
Fabien Girard, Chinon, le 30 septembre.
Discuter de
nos différences ?
“
Depuis une dizaine d'années, dans notre Eglise (comme
dans le monde), on nous explique que, désormais, le
rôle des Eglises locales, des chrétiens, serait
de s'entendre. L'union est devenue une vertu, la conciliation
un impératif, le compromis une bénédiction.
Dans l'EPUB, il ne devrait plus y avoir de
pensée
qu'unique, qu'uniforme, qu'unanime. C'est la religion du
consensus; c'est la fascination du lieu commun : budget et
sexualité. L'obsession dans la médiocrité. Et
jubilation, oh pathétique jubilation, chaque fois que, de synode
en synode et de district en district, nous parvenons à choisir
le plus petit commun dénominateur, chaque fois que
nous parvenons, à coup de simplification ou de chantage, à de
pieuses recommandations. L'intolérable est que l'idée
même de
différence, donc de débat entre théologiens,
disparaît fatalement de notre univers mental. Comment
débattre, en effet, quand tout le monde communie dans
la pauvreté [intellectuelle] ? Comment exprimer, trouver,
des points de désaccords quand on se rejoint dans
le même minimalisme. Le débat est devenu impossible,
pire il est devenu inconvenant.
L'intolérable n'est même plus
qu'on nous impose une ecclésiologie, une dogmatique
et une éthique, l'intolérable se situe dans
le silence qu'on nous impose à propos de la misère
dans le monde, de la guerre, de l'armement nucléaire
et chimique, de la pollution de l'environnement, de la
misère des prisonniers, de l'injustice de la justice.
"
Dieu, bénit soit-il, écrit droit avec nos
lignes courbes" dit le proverbe.
Ne pourrions-nous
pas l'aider? [ à la réflexion, je me demande
si cette méditation a sa place dans cette assemblée
]
La 1ère condition est évidemment
la foi. Une foi en Dieu, bénit soit-il, et en sa
grâce
ineffable et en son alliance éternelle avec la création.
Je refuse donc de mêler ma voix aux prophètes
d'apocalypse qui, lorsqu'on ne les entends plus, attendent
-eux- la fin du monde.
La 2ème condition est la justice.
La recherche de la justice, c'est-à-dire le rejet
de tous les préjugés
et de tous les privilèges. Etre avec ceux qui sont
faibles, malheureux et pauvres.
La 3ème condition est la liberté. La liberté dans
la recherche, dans la pensée et dans l'expression
de celle-ci. Que les théologiens et les pasteurs
ne soient plus des sergents recruteurs ou des répétiteurs
d'une vulgate ecclésiastique, mais des chercheurs
de sens à la Parole de Dieu, bénit soi-il,
pour leur contemporains. Qu'ils puissent sortir de cette
clandestinité où d'aucuns les convient à demeurer.
La
dernière, et non la moindre, est la prière.
La prière, celle qui fait place dans nos cœurs
pour Son intolérable Parole.”
Pierre Bailleux, méditation
faite lors d'un rassemblement d'églises belges en 1987
Cérémonies
civiles à la carte
Fêtes de famille, baptêmes,
mariages, obsèques
laïques ou Vivre et mourir dignement
Bulletin du mouvement Ecoute et partage, texte transmis au
réseau par Pascal Jacquot
“
Chaque être humain aspire à être reconnu.
Mais comment être déjà respecté quand
on se sent isolé, parfois marginal ? Pendant la vie,
chacun chemine à son rythme, en fonction de ses expériences
et en s’appuyant si possible sur ses valeurs. Mais
les cérémonies laïques sont trop souvent
des formalités pauvres ou bâclées alors
qu’elles devraient valoriser par exemple les valeurs
universelles des époux qui s’engagent mutuellement
ou des parents qui accueillent un enfant. Après la
vie, la famille restante, les amis souhaitent prolonger le
souvenir du disparu en rappelant, en valorisant
ses options personnelles. Mais ceux qui sont dans la souffrance
du deuil ne peuvent que confier ce soin aux organisations
existantes, les Eglises et les pompes funèbres. Les
Eglises sont d’ailleurs souvent sollicitées
même si elles ne correspondent pas aux convictions
de l’être aimé afin de donner un cadre
et une chaleur à la cérémonie. Les pompes
funèbres chargées de l’organisation matérielle
essaient parfois aussi de suppléer la carence publique
en humanisant la sévérité de la séparation
pour aider les familles.
Pour tous ceux que la situation actuelle
ne satisfait pas parce qu’elle ne leur donne pas le
cadre respectueux et laïque indispensable, nous sollicitons
un ouverture et une accueil favorable. Pour fêter les
grandes étapes
de la vie ou solenniser les engagements personnels –entre
autres la naissance ou le mariage-, mais aussi pour évoquer
la mémoire d’un être disparu et cher,
nous avons besoin non seulement de lieux accueillants et
chaleureux mais aussi d’animateurs-psychologues compétents.
Il
ne s’agit en aucun cas de critiquer ou de souhaiter
la modification des pratiques existantes pour ceux qu’elles
satisfont. Il s’agit seulement d’offrir aussi
une réponse à ceux qui attendent une considération
et qui ont droit au respect et à la dignité quand
ils manifestent clairement ce qu’ils souhaitent pendant
ou après leur vie.
Nous aimerions en effet que ceux
qui cherchent à fêter
une orientation, une période de vie, un engagement,
un mariage par une cérémonie chaleureuse et
riches en valeurs qui correspondent à des aspirations
autres que celles du marché puissent être soutenus,
encouragés et ne soient pas la proie de sectes ou
d’intérêts financiers. Les projets éducatifs
sont trop souvent détournés pour tomber sous
la coupe des marchands. Nous souhaiterions aussi que ceux
qui ont exprimé durant leur vie des souhaits concernant
leurs obsèques soient entendus et respectés
car leurs enfants, leurs proches apprécient que soient
reconnues les valeurs de celui ou de celle qu’ils aiment.
Par
exemple, ce témoignage d’un mariage : “ Le
mariage est pour nous un événement important
qui symbolise non pas l’aboutissement de notre Amour,
mais qui au contraire vient s’inscrire naturellement
dans la continuité de ce que nous avons commencé, à construire
depuis que nous nous sommes rencontrés. Il était
donc essentiel pour nous de ne pas en faire une journée
artificielle, mais de réussir à célébrer
notre Amour en restant vrais et fidèles à ce
que nous sommes, c’est à dire simples et respectueux
des croyances de chacun. Alors c’est à l’air
libre, parmi les arbres et les fleurs, et devant vous tous
réunis que nous avons souhaité nous engager
dans la vie à deux. Car pour nous Dieu n’est
pas enfermé entre quatre murs, mais bel et bien vivant
en chacun de nous. Vous êtes donc à nos yeux
notre plus belle Eglise.
Audrey et Robert
Qu’on
se le dise, les chrétiens unitariens ne
font pas bande à part.
Avec d’autres chrétiens
libéraux, catholiques
et protestants,
ils font “ Eglise ” au
sein de la Fédération des réseaux
du Parvis
dont ils sont membres
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