CORRESPONDANCE UNITARIENNE    juillet 2004

Le soufisme dans la vie quotidienne

Actualités
unitariennes


n° 33

“ Ton esprit s’est emmêlé à mon esprit, comme l’ambre s’allie au musc odorant.
Que l’on Te touche, on me touche ; ainsi Toi, c’est moi, plus de séparation. ”
Hallaj, soufi crucifié en place publique à Bagdad le 27 mars 922

Le soufisme dans la vie quotidienne
par Sh. J.S.,
The Sufi International Headquarter’s Publishing Society, été 1994,
reprise d’un texte publié dans les années 30
Ce mouvement s’inspire des enseignements de Hazrat Inayat Khan (1882-1927)
-extraits -

Les pensées des soufis ont été introduites en Occident par Hazrat Inayat Khan sous la forme d’un message spécialement approprié à notre époque. Disons-le tout de suite : le soufisme n’apporte rien de nouveau. La sagesse de laquelle il s’inspire, trouve ses racines dans un passé des plus lointains.

Le soufisme n’est guère une religion ; on trouve des soufis dans pratiquement toutes les religions. D’après eux, l’on n’a pas besoin d’une nouvelle religion ; ce dont on a besoin est que chacun s’efforce de vivre d’après sa propre religion ! Le soufi part du point de vue que toutes les diverses croyances sont sorties d’une même Source et qu’elles conduisent au même But. Il considère les différences et les divergences entre elles plutôt comme une question de forme. L’accent devrait être mis sur la réalisation intérieure de l’Essence qui est cachée derrière les formes et les divergences et sur ce qui donne vie à la forme. La vraie religion vit dans le cœur de l’homme et informe ses sentiments, ses pensées et ses actions. Dans la mesure où le vrai sens de la religion est présent dans l’homme, tout ce qu’il fait dans la vie devient un service offert à Dieu.

La situation chaotique de notre temps est causée par le manque de foi vivante, par l’absence d’un idéal divin.

D’après le soufi, toutes les religions sont des voies qui mènent à Dieu et chacun choisit celle qui lui est la plus familière. Ceci explique pourquoi les soufis, dans leur Culte universel, allument un cierge à l’intention de chacune des grandes religions, comme symbole de la Lumière qu’elles apportent au monde, et pourquoi ce culte comprend la lecture des saintes écritures des grandes religions. Ainsi la voie est préparée pour arriver à l’idéal de l’unité des religions ; cette préparation nous apprend à nous élever au-dessus des limitations qui actuellement séparent les hommes.

Le respect que l’on peut entretenir à l’égard des personnes qui ont une opinion différente de la nôtre n’affaiblit nullement la conviction propre du soufi ; au contraire, celle-ci sera affermie et approfondie par la connaissance et la compréhension des croyances d’autrui.

Si l’on part de la conception qu’il y a un seul Dieu, l’Etre unique, tout puissant, omniprésent, tout pénétrant, rien ne saurait exister en dehors de lui. Dans ce cas, aucune forme n’est concevable dans laquelle Dieu ne serait présent. Suivant cette idée, le soufi essaie de comprendre les pensées et les croyances des autres et ainsi devient tolérant vis-à-vis des personnes qui ont des conceptions qui divergent des siennes. L’intolérance trahit un manque d’égard pour les convictions des autres et une trop haute opinion de sa propre pensée.

L’histoire a amplement démontré que le dogmatisme et le sectarisme divisent les hommes. On ne conçoit pas que tous sont en quête d’une religion effective. La désunion naît du fait que l’on prend la voie pour le but ou la forme pour l’essence. Plus on réalise l’unité du but, plus disparaissent les divergences. C’est le mysticisme qui donne l’expérience de l’unité du but.

Quand nous acceptons Dieu comme la Source universelle d’où tout est provenu et tout provient, la question est de retrouver sous la grande diversité de formes cette unité qui est à la base de tout, de la retrouver et d’en avoir l’expérience intime. Comme l’électricité peut être transmuée en force, lumière et chaleur - l’origine restant toujours la même - ainsi l’on peut comprendre que Dieu, la Source première, est présent sous tous les aspects si divergents de la vie. Il importe donc, malgré les divergences qui existent entre les hommes, que nous nous sachions liés au Créateur et que nous nous rendions compte que tous, nous vivons par lui. Plus nous réussirons à réaliser notre unité en Dieu, plus l’amour pour notre prochain s’épanouira. Dans chaque homme, quelle que soit son apparence, le divin est présent. Aussitôt que nous aurons fait cette découverte, nous éprouverons l’unité et notre attachement aux autres ; notre attitude dans la vie en sera modifiée entièrement ; la fraternité de tous les hommes dans la paternité de Dieu deviendra à la fin une réalité pour nous.

A mesure que ces idées deviennent part de nous-mêmes, le désir de vivre en harmonie avec nos semblables augmentera de plus en plus. Mais la première condition nécessaire est d’être en harmonie avec nous-mêmes. Une personne harmonieuse crée de l’harmonie autour d’elle. Un monde harmonieux ne saurait être construit par et avec des personnes peu harmonieuses. Pour parvenir à une harmonie intérieure, il faut avoir de l’intelligence, l’intelligence de soi-même et de la personnalité humaine. Le soufisme y attache une telle importance que chaque soufi reçoit dans le Mouvement une certaine instruction ; il peut profiter des exercices spirituels dans l’Ecole ésotérique qui ouvre la voie pour développer les possibilités latentes de l’homme. […]

En nous mettant chaque jour au juste diapason par la prière et la méditation, nous pouvons essayer d’acquérir cette tranquillité et cette paix intérieure qui nous élève au-dessus de toutes les difficultés. Le soufi connaît trois principes qui lui sont comme des pierres touche pour ses pensées, ses paroles et ses actions : l’amour, l’harmonie et la beauté. Ce trio est un guide sûr dans notre vie quotidienne. Nous aurons une vue plus claire des choses de la vie quotidienne si notre cœur reflète Dieu qui est au-dessus de toute nation, race, caste, croyance et religion. Le message soufi de Hazrat Inayat Khan, basé sur ces trois principes, nous aide à atteindre cette clarté et cette pureté.

Le mouvement a son siège international en Hollande (La Haye).
Il est présent en Belgique (Bruxelles), Suisse (Bâle), Angleterre, Etats-Unis, Québec, Afrique du Sud, etc.
En France, il publie un bulletin, gère le site
Soufi Inayat Khan,
et organise un séminaire-retraite annuel à Gigondas (Vaucluse) qui réunit une trentaine de participants ;
pour informations complémentaires : courriel

Ce texte nous a été envoyé par l’un des membres du réseau, Louis van Gool (Grand-Lancy, Suisse),
qui a connu ce mouvement lors de sa jeunesse à Suresnes, où H.I. Khan résida de 1922 à 1926