CORRESPONDANCE UNITARIENNE    juillet 2004

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n° 33

Parlement des religions du monde 2004

à Barcelone du mercredi 7 au mardi 13 juillet, avec également des activités à Perpignan (voir notre bulletin n°29 du mois de mars). Le dimanche 11, à 9 heures, se tiendra une table ronde consacrée à Michel Servet : “ Le cas de Michel Servet : dialogue et liberté de conscience ” (Centre des Conventions, salle 132, 1er étage) organisée par la Société unitarienne-universaliste d’Espagne (SUUE) et l’Institut d’étude Sijenenses Miguel Servet.

Allo Rézo. Cette rencontre internationale est placée sous les auspices de l’Unesco. Des libéraux de toute religion vont s’y retrouver. Rappelons que c’est le 1er Parlement (réuni à Chicago en 1983) qui donna naissance, 7 ans plus tard, en 1900, à l’International Association for Religious Freedom (IARF). Il faut y aller ! Contacter le président de la SUUE, Jaume de Marcos, qui, pour cette manifestation a été nommé représentant officiel de l’International Council of Unitarians and Universalists (info@suue.org).

Bibliographie

El Hallâj : un Jésus pour les musulmans ?

• AMMI M. Kébir, avec la collaboration de Abdellah Lakhsassi, Hallaj, martyr mystique de l’islam, Presses de la Renaissance, 2003 ; voir aussi son article “ Un empêcheur de tourner en rond ”, La Vie du 22 mai 2003 (“ Les essentiels, supplément de La Vie ”, II-V)

Comme Jésus, au nom de son intimité avec Dieu et non par fanatisme et recherche de pouvoir, il avait dit lui aussi “ Je suis la Vérité ”. Il fut crucifié.

• DAG’NAUD Alain, 2003, Louis Massignon et les rencontres entre musulmans et chrétiens : Vieux-Marché, nouveau dialogue, Notre Histoire, n° 214, octobre, pp. 60-62

L’auteur évoque les recherches que Louis Massignon mena à partir de 1906 sur un soufi martyrisé au Xème siècle à Bagdad pour blasphème contre l’islam, El Hallâj. Cette rencontre posthume eut une influence sur son attachement à l’islam et sur sa foi chrétienne. Curieusement cette histoire se trouve croisée avec le récit des 7 jeunes gens emmurés à Ephèse … dans une chapelle bretonne où chaque année, chrétiens et musulmans se joignent pour une fête commune (avec lecture de la sourate 18 du Coran où Muhammad fait allusion à cet épisode miraculeux). Avis aux non-iconoclastes qui aiment les fêtes populaires et ne rejettent pas d’une façon hautaine et dédaigneuse les histoires pas toujours fondées du temps jadis : c’est au bourg de Vieux-Marché, village breton près de Plouaret dans les Côtes d’Amor, un dimanche du mois de juillet.

• Emile Masson, professeur de liberté, biographie établie par Gibaud, éd. Canope 1981,
c.r. par Jacques Richard (14 rue Antoine Becquerel 29000 Quimper, liber.terre@wanadoo.fr) paru dans Jésus simplement, bulletin n° 41, mars 2004

“ Le 26 septembre dernier, j'ai eu la chance d'assister à un colloque passionnant, concernant une personnalité d'hier dont les “ conseils ” sont d'une actualité brûlante pour notre monde d'aujourd'hui. Il s'agit d'Emile Masson, prof rebelle et prophète des années 1900, à Pontivy (comme Alain, le philosophe...) (1869-1923). Homme libre, formé à la croisée des sages d'Orient et des poètes d'ici, du questionnement scientifique et de l'humanisme libertaire, il a jeté à tous vents ses innombrables messages de liberté, de vie et de joie d'être. Pour lui, la transformation révolutionnaire et libératrice de la société présuppose la transformation personnelle et morale de chaque individu. Du pain sur la planche en perspective !… Balayer devant sa propre porte devient incontournable. Un thème persistant dans ses écrits est l'importance de l'amour. Pour les membres de sa propre famille, et pour l'humanité entière ; pour sa propre région et pour la grande Nature. L'on est pas loin des préceptes bouddhistes, très en vogue aujourd'hui. Pour E. Masson, une société nouvelle présuppose des transformations bien précises : l'application des principes de liberté et égalité aux relations intimes des individus, libération totale des femmes, une réforme radicale de l'éducation. Cela ne nous ramène-t-il pas à nos débats très chauds d'aujourd'hui ? Ainsi, ses questionnements sont toujours d'actualité, ses suggestions urgentes : “ il n’y a rien d'autre à faire en ce monde qu'à devenir meilleur ”, “ seulement aimer, aimer, aimer ”, “ la révolution, c'est la vie entière, la conscience entière ”. Libertaire athée, il considérait que la quête spirituelle est l'une des dimensions essentielles de l' humanité. Percutant, non ?

• CHEBEL Malek,
2001 - préface à la traduction du Coran réalisé par Edouard Montet, Paris : Payot, réédition en poche
2003 - Dictionnaire des symboles musulmans, Paris : Albin Michel, réédition en poche
2004 - Dictionnaire amoureux de l’islam, Paris : Plon
2004 - Manifeste pour un islam des Lumières, 27 propositions pour réformer l’islam, Paris : Hachette Littérature

“ Mon combat à moi, en tant que musulmans “ des Lumières ”, vise justement à restaurer le sens premier au détriment du sens second [des interprétations qui ont pu déformer le message coranique], sans jamais tomber dans le travers du fondamentalisme religieux ” (Evangile et Liberté, n° 176, avril 2004, p. 16)

Libres propos

“ Ce n’est pas lorsque l’homme accomplit beaucoup d’actions vertueuses que le pardon vient à lui. Ce n’est pas en cherchant dans la vertu des compensations à ses fautes qu’il peut se justifier, mais bien quand son cœur fond dans l’amour et dans la gratitude. Pour cela, le cœur n’a nul besoin de lui-même, comme nous apprend l’histoire de Moïse allant au Sinaï pour converser avec Dieu.

Il rencontra sur son chemin un homme qui lui demanda où il allait ;
- Je vais au Sinaï m’entretenir avec Dieu , répondit le prophète.
- Parle-lui de mon cas, pria l’homme. Au cours de mon existence, j’ai accompli toutes mes obligations, et j’ai toujours eux de la malchance ; rien d’exceptionnel, ni de très heureux ne m’arrive. Demande à Dieu pourquoi s’il te plaît.

Moïse continua sa route. Il rencontra un ivrogne et sa bouteille ; l’homme avait beaucoup bu ; il l’interpella :
- Hé ! Moïse, si tu vas voir Dieu, parle-lui de moi ! .

Moïse dit à Dieu le cas de ces deux hommes et Dieu lui répondit :
- Pour le premier, il y aura une place au Paradis ; quant au second, Nous l’emploierons comme bouchon pour le ruisseau de l’Enfer .

Moïse s’en retourna et rapporta au premier que Dieu lui avait promis une place au Paradis.
- J’en suis fort heureux, répondit l’individu .

Moïse rencontra ensuite le second et l’avertit :
- Dieu a dit qu’il se servirait de toi pour boucher le ruisseau de l’Enfer .

L’autre s’étonna du fait :
- Comment ! Dieu pense à moi, qui suis si misérable !.

Il fut si heureux qu’il se mit à danser. Moïse s’éloigna. Peu après ces deux hommes moururent. Lors de son ascension suivante sur le Sinaï, le prophète demanda à Dieu ce qu’il en était de ces deux hommes. Dieu répondit :
- Cet homme vertueux auquel tu avais parlé, le premier des deux, est allé en Enfer ; et l’autre, le pécheur, se trouve en Paradis.

- Comment as-Tu changé d’avis, puisque Tu avais dit le contraire ? demanda Moïse.

Dieu lui dit :
- Au moment où Nous le disions, c’était vrai ; mais la conduite de ces deux hommes a produit le changement qui est arrivé.

Hazrat Inayat a écrit dans le Vadan : “ Un jour, je rencontrai le Seigneur face à face et, m’agenouillant, je priai : “ Est-ce Toi qui punis le pécheur et qui récompense l’homme vertueux ? - Non, dit-Il en souriant ; le pêcheur attire sa punition et le vertueux gagne sa récompense ”.

Le cœur qui souffre de ses fautes et qui est pénétré d’amour est déjà au ciel ; et le cœur qui s’endurcit par la contemplation de sa propre vue ne pourra jamais être au paradis. “ Un pêcheur au cœur tendre est préférable à un saint endurci par la vertu ”, écrit encore Hazrat Inayat ”.

• Sharifa GOODENOUGH, 1962, Soufisme d’Occident, Paris : La Colombe, 85 p., introduction de Michel Guillaume, collection “ Investigations ” n° 24 ; “ Le repentir et le Royaume de Dieu ”, pp. 67-69.