CORRESPONDANCE UNITARIENNE    janvier 2003

Culte en l'Église réformée
de Saint Amand des Eaux le 2 juin 2002

Actualités
unitariennes


N° 14

Voici un des moments où le souffle de Dieu donne son souffle à notre Monde, où il allume un feu d’amour en chacun de nous. Voici le moment où chacun de nous sommes convoqués pur être l’Eglise de Dieu. Voici le moment où son esprit nous permet de nous adresser à Lui en disant, chacun dans notre langue, “ Père ”. Dieu nous accueille lui-même. Il se réjouit de nous voir réunis. Recevons de lui la joie, la paix dans notre cœur et dans notre vie.

Nos frères juifs sont dans le temps de Chavouot, en gréco-français ce sont les pentecôtes, période présumée du don de la Torah au Sinaï. Les chrétiens la transformeront en période du Don de la foi. Nous vivons aussi les moments des fêtes des Prémices agricoles. A chabat “ Be-Haalotekha ”, les méditations de la Torah vont sur Nombres 8.1 à 12.16 et Zacharie 2.14 à 4.7.

Le psaume 147 est proposé à notre méditation.

01 - Louez l’Eternel ! Car il est beau de célébrer notre Dieu, car il est doux, il est bienséant de le louer.
02 - L’Eternel rebâtit Jérusalem ; il rassemble les exilés d’Israël;
03 - Il guérit ceux qui ont le cœur brisé, et il panse leurs blessures.
04 - Il compte le nombre des étoiles ; il leur donne à toutes des noms.
05 - Notre Seigneur est grand, puissant par sa force ; son intelligence n’a point de limite.
06 - L’Eternel soutient les malheureux ; il abaisse les méchants jusqu’à terre.
07 - Chantez à l’Eternel avec actions de grâces ; célébrez notre Dieu avec la harpe !
08 - Il couvre les cieux de nuages ; il prépare la pluie pour la terre ; il fait germer l’herbe sur les montagnes.
09 - Il donne la nourriture au bétail ; aux petits du corbeau quand ils crient,
10 - Ce n’est pas dans la vigueur du cheval qu’il se complaît, ce n’est pas dans les jambes de l’homme qu’Il met son plaisir;
11 - L’Eternel aime ceux qui le craignent, ceux qui espèrent en sa bonté.
12 - Jérusalem, célèbre l’Eternel ! Sion, loue ton Dieu !
13 - Car il affermit les barres de tes portes ; il bénit tes fils au milieu de toi ;
14 - Il rend la paix à ton territoire, il te rassasie du meilleur froment.
15 - Il envoie ses ordres sur la terre: sa parole court avec vitesse
16 - Il donne la neige comme de la laine ; il répand la gelée blanche comme de la cendre;
17 - Il lance sa glace par morceaux. Qui peut résister devant son froid ?
18 - Il envoie sa parole, et il les fond ; il fait souffler son vent, et les eaux coulent.
19 - Il révèle sa parole à Jacob, ses lois et ses ordonnances à Israël;
20 - Il n’a pas agi de même pour toutes les nations, Et elles ne connaissent point ses ordonnances. Louez l’Eternel !

Entrons en louange : avant que nous te recherchions, tu es près de nous. Avant que nous sachions te nommer, tu es déjà notre Dieu. Ouvre nos cœurs à ce mystère qui nous enveloppe : Tu nous as aimés le premier et avec toi nous pouvons être heureux. Si nous pouvons t’approcher, ce n’est que nous soyons bons, c’est parce que tu es Dieu. Bénissons l’Eternel car il est bon et sa miséricorde dure éternellement.

Prière de reconnaissance : Savez-vous que la prière donne de l’acuité à la vision, non pour regretter ce qui aurait pu être, mais pour voir ce qui sera la grandeur et l’épanouissement des êtres et des choses ? Savez-vous que la prière procure le pouvoir de ne pas vivre au ras le sol, d’ôter l’écorce, de transfigurer la réalité, de percevoir l’aspect réel des êtres et des choses, leur beauté ultime ? Savez-vous que la prière est l’hymne à la vie, le cri du monde, la liturgie du bonheur d’exister, la parole des vivants, la cantate des capacités humaines, le chant au Dieu de la Vie ?Savez-vous que la prière consiste à porter, à lever vers Dieu les douleurs et les joies, les angoisses, les ivresses des vivants ? Prier, c’est être ivre du monde et se tourner vers son auteur. Vous devenez les poètes de l’univers, et votre poème, vous le dédicacez à celui qui a créé pour que les êtres et les choses réussissent en totalité et atteignent leur taille définitive.

Prions : C’est en ton nom que nous sommes assemblés, parce que tu es lumière sur notre chemin, toi qui nous guides. Toi qui fais justice à tous, sans distinction, tu ne discutes pas avec nos fautes, ton amour pour nous ne peut se mesurer et, comme un père, tu sais qui nous sommes. Reçois notre reconnaissance, Ô Eternel, Toi qui établit la paix sur nos erreurs, toi qui nous donnes la force dans nos épreuves. Toi qui es souffle de vie. Nous te remercions aussi d’être la source de notre joie et de notre chant. Que nous chantions tes louanges, notre vie entière.

Ecoutons comment Dieu veut être servi : Ecoute, Israël, l’Eternel, notre Dieu, est un et unique. “ Tu aimeras l’Eternel ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton âme et de tout ton pouvoir et tu aimeras ton prochain comme toi-même. Ces paroles je te les donne aujourd’hui, elles seront dans ton cœur, tu les inculqueras à tes fils et toi, tu es en témoigneras partout, où que tu sois. Tu diras :Nous étions esclaves dans la maison de servitude et l’Eternel nous fit sortir de là, afin de nous donner la liberté ”.

L’amour de Dieu nous appelle à la repentance
Par les prophètes, également par Jésus, Dieu nous montre le chemin de la liberté, pour détruire le pouvoir qui nous domine. Nous ne pouvons nier nos erreurs et les refouler au plus profond de notre inconscient. Frères et Sœurs, en présence du Dieu saint, je vous invite à prendre au sérieux son regard d’amour et à confesser notre péché.

Mon Dieu, Tu veux que j’aie confiance en toi. Mais j’abuse de l’amitié que tu me donnes. Je suis toujours tenté de te dominer, de t’acheter avec des œuvres pieuses, de porter ton nom dans ma bouche même si mon cœur est vide, de t’utiliser pour impressionner les autres. Je me sens pris au piège dans cette hypocrisie, j’ai parfois envie de tout jeter par-dessus bord. Et autour de moi beaucoup de gens vivent de la même manière. Le fossé entre parole et comportement s’élargit de plus en plus ! Nous mériterions que tu nous laisses vivre dans notre incohérence. Nous ne pouvons nous aider nous-même.

Ô Dieu, permets-nous de revivre en amitié avec toi ! Amen.

Levons-nous, Frères et Sœurs, pour entendre le pardon de Dieu. Que tous ceux qui se repentent sincèrement, reçoivent avec joie les promesses du pardon de Dieu. Il y a des mots qui font vivre, ce sont des mots innocents : le mot chaleur, le mot confiance, amour, justice et le mot liberté, le mot enfant et le mot gentillesse. Certains noms de fleurs, et certains noms de fruits. Le mot courage et le mot découvrir et le mot frère et le mot camarade. Que le mot pardon nous fasse vivre.

Prions Dieu avant de lire les Ecritures afin qu’elles deviennent pour nous parole de vie.
Père ! Nous pouvons t’appeler ainsi parce que tu nous as parlé, parce que des croyants nous ont transmis leurs expériences et leurs témoignages. Parfois, tu parais lointain, silencieux, mais nous avons entendu parler de toi et nous savons que nous sommes importants pour toi. Nous te remercions d’avoir comblé toi-même la distance qui nous sépare de toi en nous donnant les prophètes et Jésus-Christ. Tu nous l’as dit dans ce livre que nous appelons la Bible. Tu nous invites à redécouvrir le trésor que tu y as mis pour chacun de nous.

Méditation : Ayons sous les yeux les 3 textes proposés pour ce dimanche : Deutéronome 8,1-16, 1 Corinthiens 10,16-17, et Jean 6, 51-56. La méditation nous viendra du pasteur Christian Mazel, sur le thème du “ Bon Samaritain ”, prédication qu’il fit en mars 2002.

Après avoir posé en début de prédication la question suivante : “ Jésus, partageant, multipliant le pain, serait-il un sorte de Samaritain ? ”, Christian Mazel termine par les deux constants suivants :

“ Le bon Samaritain, contrairement à ce que disent la quasi-totalité des prédicateurs, n’est pas une parabole. Nulle part, dans le texte, il n’est dit que c’en est une. C’est une histoire vraie, dont Jésus s’est servi pour en faire un appel. C’est à partir de faits concrets que l’Evangile est annoncé. Cette banale histoire, peut-on oser encore la prêcher ? Chers amis, j’ai pensé que cette histoire bouleverse encore nos mentalités. Aimer le prochain ”

Nous nous posons toujours la question : le prochain, qui est-ce ? Est-ce le proche ? Hélas ! Dans les familles, il y a accaparement sordide des successions ; il y a les divorces, l’écartèlement des enfants. Il y a les conflits de générations dans les lieux de travail ou d’études. Il y a les violences entre voisins. Le proche, non ce n’est pas le prochain. Personne n’est un proche prochain. Et Jésus, inlassablement, nous rappelle qu’il faut devenir prochain, se faire prochain, s’approcher. Le Samaritain descend, innocent et étranger aux évènements qui ne le concernent pas, devient acteur malgré lui. Il renverse le cours des circonstances, renverse le cours des destinées ”.

Confessons notre foi : Je vous propose de faire nôtre, ce matin, la confession de foi suivante qui est celle d’un docteur syriaque, saint Ephrem (306-373)

“ Qui est capable de comprendre une seule des paroles de Dieu ? Ce que nous comprenons est bien moindre que ce que nous en laissons, tout comme les gens assoiffés qui s’abreuvent à une source. Les perspectives de sa parole sont nombreuses tout comme sont nombreuses les perspectives de ceux qui l’étudient. Le Seigneur a coloré sa parole de multiples beautés, pour que chacun de ceux qui la scrutent puisse contempler ce qu’il aime. Et il a caché dans sa parole tous les trésors, pour que chacun de nous trouve un trésor dans ce qu’il médite. Sa parole est un arbre de vie, qui, de toute part, te tend des fruits bénis ; Elle est comme ce rocher ouvert dans le désert, qui devint pour tout homme, de toutes parts, une boisson spirituelle : ils ont mangé la même nourriture, qui était spirituelle ; ils ont bu à la même source qui était spirituelle. Que celui qui obtient en partage une de ces richesses n’aille pas croire qu’il y a dans la parole de Dieu que ce qu’il y trouve ! Qu’il se rende compte plutôt qu’il n’a été capable d’y découvrir qu’une seule chose parmi bien d’autres ! Enrichi par la parole, qu’il ne croie pas que celle-ci en soit appauvrie ; qu’il soit capable d’en épuiser sa richesse, mais qu’il rende grâce pour sa grandeur. Réjouis-toi parce que tu es rassasié, mais ne t’attriste pas de ce que la richesse de la parole te dépasse. Celui qui a soif se réjouit de boire, il ne s’attriste pas de son impuissance à épuiser la source. Mieux que la source apaise ta soif, plutôt que ta soif épuise la source. Si ta soif est étanchée sans que la source soit tarie, tu pourras y boire à nouveau, chaque fois que tu auras soif. Rends grâce pour ce que tu auras reçu et ne murmure pas pour ce qui demeure inutilisé. Ce que tu as pris et emporté est ta part ; mais ce qui reste est aussi ton héritage. Ce que tu n’as pu recevoir à cause de ta faiblesse, reçois-le à d’autres moments grâce à ta persévérance. N’aie pas l’impudence, ni de vouloir prendre d’un coup ce qui ne peut être pris en une fois, ni de t’écarter de ce que tu pouvais recevoir peu à peu.

Offrande : Merci, Seigneur, pour cette offrande que tu nous permets de faire. Accepte-la comme un signe de notre engagement à ton service.

Echange d’annonces et de nouvelles

Recueillons-nous dans la prière et l’intercession : Seigneur, que se lève sur la dureté de notre cœur la douceur de ton visage. Que se lève sur la folie de notre orgueil l’humilité de ton cœur ! Que se lève sur la tristesse de nos fautes la joie de ton pardon ! Que se lève sur le sommeil de notre mort la clarté de ton éternité ! Que se lève sur notre esclavage la liberté des enfants de Dieu ! Que se lève sur notre angoisse la paix de ton amour ! Seigneur, nous te le demandons : que s’accomplisse partout dans le monde ta promesse ! Nous avons confiance en toi, tu nous exauces au-delà de ce que nous attendons

Notre Père qui est aux cieux…

Levons nous pour recevoir l’exhortation et la bénédiction : Ne nous laissons pas envahir par des sentiments de violence, de révolte, de haine qu’éveille en nous l’angoisse suscitée par les médias : violence religieuse, violence politique. Ne nous y jetons pas pour exorciser notre peur, notre angoisse devant un monde où certains n’ont plus la force de vivre paisiblement, courageusement. Que la paix de Dieu règne dans nos cœurs, que l’esprit de sagesse préside nos actions, que la joie règne dans nos familles.

Jean-Marie Godillot

Jean-Marie Godillot est laïc, membre du conseil presbytéral de l’Eglise réformée de Saint-Amand les Eaux-Lecelles et l’un des animateurs “ pluriels ” de culte. Protestant libéral, il est de conviction unitarienne et de sensibilité judaïsante. Il est secrétaire général de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). Il habite Hasnon, près de Valenciennes, et envisage un déménagement à Bordeaux

Merci à Jean-Marie pour ce moment de prière, car l’unitarisme n’est pas un cercle d’intellectuels toujours en débat et s’interrogeant sur les grandes questions du monde, mais c’est d’abord une relation que nous vivons, avec un dieu que l’on pense être le créateur de ce Monde et avec le rabbi Ièshoua’ de Nazareth, notre maître spirituel.

Nous le faisons ensemble et en partage, en prière ou en méditation, chacun à sa manière et selon ses idées, avec nos sensibilités diverses. Nous nous exprimons tout simplement selon les langues que nous avons apprises et nos propres cultures religieuses et humaines. Jean-Claude Barbier

Jean-Marie Godillot