CORRESPONDANCE UNITARIENNE    Février 2003

Lettre aux maçons amis des unitariens

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unitariennes


N° 15

Paul Pistre, catholique de Toulouse, a de nombreux amis francs-maçons. Il y a 16 ans, constatant la méconnaissance de ses coreligionnaires vis-à-vis de l'histoire et de la culture franc-maçonne, sans compter les calomnies adressées injustement à leur égard, il a lancé une lettre en leur direction : "Lettre aux catholiques amis des maçons". A raison de trois numéros par an et de 14 pages format A4 par numéro, P. Pistre en arrive au 50ème numéro. Il le célèbre avec un sommaire de fort bonne composition : historiens, chrétiens, ou spécialistes de la franc-maçonnerie de renom, et un supplément de pages (32 pages). Bravo !

Nombre d'unitariens francophones sont d'origine et/ou de culture maçonnique. Certains sont chrétiens, d'autres sont libres croyants, voir libres penseurs. La plupart des congrégations unitariennes-universalistes nord-américaines ou européennes ont adopté une totale liberté de pensée et se sont engagées résolument dans une voie post-chrétienne où les Evangiles ne sont plus qu'une référence parmi bien d'autres. D'autres unitariens, d'origine protestante, catholique ou maçonne, se veulent par contre fidèles à la référence évangélique. Les Eglises historiques d'Europe de l'Est (l'Eglise unitarienne de Transylvanie et son doublon en Hongrie) sont chrétiennes et classées parmi les Eglises protestantes. Mais, quelque soit leur sensibilité, chrétienne ou post-chrétienne, tous les unitariens, se sentent très proches de la libre-pensée

- les enseignements magistraux, les dogmes, les concepts philosophiques ou métaphysiques ne sont pas recevables s'ils vont à l'encontre des connaissances scientifiques et de ce que la raison peut accepter ; en cela nous ne nous sentons nullement concernés par les condamnations que peuvent émettre des hiérarchies catholiques ou autres ;

- en définitive, c'est à la personne individuelle, en totale sincérité et conviction (Jésus nous le disait déjà avec le Notre Père - revoir le texte original avec Matthieu chap. 6, versets 5-8), qu'il revient d'adhérer à un courant idéologique, à un mouvement militant, à un engagement social, de formuler un credo, etc.

- il est non moins important que chacun accepte d'échanger, de discuter, de confronter ses idées, de travailler avec d'autres - au sein d'ateliers pour les maçons ou de fraternités pour les unitariens -, afin d'éviter les mégalomanies, les paranoïas et les dérives sectaires ;

- l'être humain est culturel et s'exprime avec une langue maternelle ou apprise, avec les références de l'histoire de sa communauté, etc. Si des langages (scientifique, rationnel, juridique, etc.) se veulent d'emblée universels - et ils sont d'une nécessité de plus en plus cruciale pour l'avenir de notre humanité - nous ne devons pas oublier ces cultures particulières par lesquelles nous nous intégrons socialement. La franc-maçonnerie par sa contribution tout à fait remarquable à l'évolution des idées de notre civilisation européenne et par son actuel réseau international, fait partie objectivement des grandes cultures de notre temps, même si, par goût ou avis critique, certains n'en apprécient pas tel ou tel aspect. En cela, la condamnation globale de cette culture n'est plus de mise.

Merci en tout cas aux francs-maçons de nous avoir libérés des emprises religieuses et d'avoir ouvert la porte de la transgression individuelle des dogmes établis.

Jean-Claude Barbier, "Correspondance unitarienne", n° 15, février 2003