CORRESPONDANCE UNITARIENNE    janvier 2003

Proposition pour des rencontres unitariennes francophones

Actualités
unitariennes


N° 13

Lancé en octobre 2002, en vue de susciter sur Bordeaux une fraternité unitarienne, le bulletin “ Correspondance unitarienne ” a été, en plus, envoyé aux uns et aux autres en vue d’animer un réseau d’unitariens francophones. Nous avons pu ainsi prendre contact avec d’anciens militants qui n’avaient plus gardé le contact, pour une raison ou une autre, avec les associations existantes (AUF ou AFCU), des unitariens isolés et des protestants libéraux de conviction unitarienne. Le bulletin est ainsi envoyé à Marseille, Digne, Genève, Strasbourg, La Rochelle, Nantes, Valenciennes, Belgique, etc. Les tirages ont varié de 40 à 60 exemplaires.

Au cours de cette première phase où 12 bulletins ont été diffusés (mais plusieurs numéros l’ont été à usage interne) sont apparus les points forts suivants :

1 - Nombre de destinataires nous ont fait part de leur plaisir de ne plus être isolés dans leur unitarisme et de leur intérêt pour ce projet de mise en relation généralisée par un réseau. Au-delà des différences de sensibilités, des débats d’idées, l’échange fraternel et convivial est ressenti comme nécessaire. Les gens fuient les discordes, les divisions, les polémiques, les querelles de personnes …

2 – La connaissance des uns et des autres. Nous avons commencé à le faire avec le n° 10 qui a présenté l’Eglise réformée de l’Alliance au Brabant-Wallon. Nous souhaitons présenter ainsi d’autres communautés libérales ou unitariennes. A terme nous souhaitons que notre bulletin répercute les activités publiques des uns et des autres (conférences, rencontres, etc.), ou encore fasse part des sommaires des bulletins internes à diverses associations (une littérature “ grise ” qui comporte souvent des informations forts intéressantes) et, bien entendu, les sommaires des revues publiées : Evangile et Liberté, Théolib, Cahiers Albert Schtweitzer, Etudes schweitzeriennes, etc.

3 – L’importance de notre compagnonnage avec le protestantisme libéral. En plus de notre adhésion éventuelle à une association unitarienne de notre choix, il est nécessaire – me semble-t-il – que nous participions aux activités du protestantisme libéral. Beaucoup le font déjà et certains sont paroissiens en cette mouvance. Les Journées annuelles organisées par l’Association libérale Evangile et Liberté proposent une réflexion thématique avec des intervenants de qualité et sont des lieux de formation indispensables. Les colloques de l’Association protestante libérale Théolib sont, quant à eux, l’occasion d’une recherche théologique contemporaine d’avant garde dont nous avons bien besoin pour penser à l’avenir spirituel de l’homme (le notre et celui de nos enfants !). Nous vous conseillons aussi, très vivement, les cycles de conférences et les séances de formation biblique organisées par les unions protestantes libérales de Genève, de Strasbourg et de Belgique. Les milieux protestants libéraux ont par ailleurs accès à des éditions.

Dans la mesure où le protestantisme libéral est ouvert au christianisme unitarien et comporte en ses rangs des théologiens et des pasteurs qui partagent nos convictions, nous n’avons pas à faire double emploi, mais à programmer des activités complémentaires. Déjà, Evangile et Liberté publie des articles de sensibilité unitarienne. Il ne s’agit pas de s’amarrer au protestantisme libéral en parasite, mais d’éviter l’éparpillement des énergies, les entreprises solitaires, les querelles de clocher, et de contribuer, avec notre propre apport, au développement des courants libéraux. Par ailleurs, ce lien avec le protestantisme libéral résulte d’une histoire en partie commune, celle de la Réforme et le “ partage ” de grandes personnalités (Théodore Monod, Albert Schweitzer, etc.) ; il n’écarte pas bien entendu les unitariens d’origine et de culture catholique (je le suis personnellement). Ces considérations ne sont nullement opportunistes : nous sommes en effet convaincus pour notre part qu’une des spécificités fortes de l’unitarisme francophone que nous souhaitons développer réside précisément dans ce compagnonnage avec le protestantisme libéral, et donc dans l’assurance d’une fidélité pleine et entière à l’Evangile.

4 – Ce compagnonnage ne doit pas nous faire oublier l’éventail de toutes les sensibilités unitariennes, notamment la libre croyance qui s’est développée avec l’unitarisme-universalisme Nord-américain. Cette dernière offre un réseau international de qualité dont font partie nos amis francophones du Québec.

5 – L’organisation à Bordeaux, au Centre culturel protestant Hâ 32, d’une rencontre interconfessionnelle et inter religieuse (les 26-27 octobre 2002, sur le thème “ Sommes nous les fils d’Abraham ? Nos contributions à l’universel ”), où toutes les communautés et mouvements religieux, spirituels ou libres pensants furent invités, a été l’occasion pour nous de découvrir divers acteurs religieux de l’agglomération, entre autres des mouvements a-dogmatiques (les baha’ï, les quakers, les Pèlerins d’Arès, etc. ) avec lesquels nous pouvons avoir des échanges spirituels de qualité. Les Unitariens, en tant que tels, ne doivent pas hésiter, me semble-t-il, à participer à ce genre de rencontre. Nous préparons en ce sens un manifeste pour encourager ces dialogues. Là aussi, sortons de nos isolements, de nos timidités ou de notre actuelle honte d’être une minorité sans voix, qui plus est se trouve éparpillée et divisée !

Avec Internet, le courrier électronique, le TGV et les lignes aériennes à prix promotionnels, sans oublier tout simplement la Poste, nous pouvons faire fonctionner le réseau en développant nos échanges à distance. Il nous faut aussi, de temps à autres, concrétiser ces échanges par une fraternité vécue en directe. Je vous invite dès maintenant à imager de telles rencontres entre unitariens francophones, élargie bien entendu aux sympathisants, même s’il faudra attendre plusieurs mois pour pouvoir les programmer. Je n’engage que moi en vous faisant part des idées suivantes.

1 – nos rencontres doivent être complémentaires à celles du protestantisme libéral que nous venons d’évoquer : l’approche thématique est déjà réalisée par l’Association E&L, l’approche théologique est déjà faite par Théolib, l’initiation biblique se fait par les communautés protestantes et des revues protestantes et catholiques de qualité (par exemple “ Monde de la Bible ”). Il faut nous situer par rapport à nos spécificités : l’histoire de la Réforme radicale et de l’unitarisme (du XVIème siècle à nos jours), une exégèse des passages du Nouveau Testament qui sont concernés par le débat trinitaire, l’échange de nos expériences cultuelles pour promouvoir le culte unitarien, notre mode de fonctionnement.

2 – Nous suggérons que chaque rencontre soit organisée par une communauté locale, voire même une famille, avec l’aide du réseau “ Correspondance unitarienne ”. A cette occasion, les mouvements locaux libéraux (juifs, protestants, soufi) ou a-dogmatiques peuvent être cordialement invités, en vue de développer les échanges spirituels locaux.

3 – Le style de la rencontre doit privilégier la formation, la prière, l’organisation de la mouvance unitarienne francophone, notre plus grande visibilité pour nous faire connaître notamment des jeunes. Nous ne sommes pas un cénacle d’intellectuels, mais nous sommes porteurs d’une spiritualité, au nom du rabbi Yeshoua de Nazareth, qui nous semble tout à fait dynamique et appropriée pour entrer dans notre IIIème millénaire.

Un modérateur facilitera les échanges afin que ceux-ci soient le plus positifs possibles et qu’on soit attentif au dire des uns et des autres.

4 – Les conférences, les exégèses et autres interventions intéressantes de ces rencontres pourraient alimenter, avec d’autres apports éventuels, une revue annuelle qui puisse être une vitrine officielle de notre mouvance francophone. Pour le titre, je reprendrais volontiers la suggestion d’Albert Blanchard-Gaillard “ Cahiers Michel Servet ”, puisque Michel Servet est la seule grande référence historique pour nous autres francophones, avec en sous-titre, à l’intérieur, “ contribution unitarienne et libérale à la tolérance religieuse dans l’espace francophone”. Ce n’est là bien sûr qu’une suggestion à discuter.

Chères amies et Chers amis, plus vite vous répondrez à ces suggestions, plus vite nous pourrons passer à la deuxième phase de l’existence de notre réseau, à savoir l’organisation pratique de ces rencontres. Merci de faire signe, même brièvement. Les signes d’amitié valent souvent plus que de longs discours ! Merci de faire revivre notre grande famille unitarienne qui était comme une Belle endormie … car il lui manquait comme un projet !

Jean-Claude Barbier, "Correspondance unitarienne", n° 13, janvier 2003