N° 13
Lancé en octobre 2002, en vue de susciter sur Bordeaux
une fraternité unitarienne, le bulletin “ Correspondance
unitarienne ” a été, en plus, envoyé aux
uns et aux autres en vue d’animer un réseau d’unitariens
francophones. Nous avons pu ainsi prendre contact avec d’anciens
militants qui n’avaient plus gardé le contact, pour une raison
ou une autre, avec les associations existantes (AUF ou AFCU), des unitariens
isolés et des protestants libéraux de conviction unitarienne.
Le bulletin est ainsi envoyé à Marseille, Digne, Genève,
Strasbourg, La Rochelle, Nantes, Valenciennes, Belgique, etc. Les tirages
ont varié de 40 à 60 exemplaires.
Au cours de cette première phase où 12 bulletins
ont été diffusés (mais plusieurs numéros l’ont
été à usage interne) sont apparus les points forts
suivants :
1 - Nombre de destinataires nous ont fait part de leur plaisir
de ne plus être isolés dans leur
unitarisme et de leur intérêt pour ce projet de
mise en relation généralisée par un réseau.
Au-delà des différences de sensibilités, des
débats
d’idées, l’échange fraternel et convivial est
ressenti comme nécessaire. Les gens fuient les discordes, les
divisions, les polémiques, les querelles de personnes …
2 – La connaissance des uns
et des autres. Nous avons commencé à le faire avec
le n° 10 qui a présenté l’Eglise réformée
de l’Alliance au Brabant-Wallon. Nous souhaitons présenter
ainsi d’autres communautés libérales ou unitariennes.
A terme nous souhaitons que notre bulletin répercute les activités
publiques des uns et des autres (conférences, rencontres, etc.),
ou encore fasse part des sommaires des bulletins internes à diverses
associations (une littérature “ grise ” qui
comporte souvent des informations forts intéressantes) et, bien
entendu, les sommaires des revues publiées : Evangile
et Liberté, Théolib,
Cahiers Albert Schtweitzer,
Etudes schweitzeriennes,
etc.
3 – L’importance de
notre compagnonnage avec le protestantisme libéral.
En plus de notre adhésion éventuelle à une association
unitarienne de notre choix, il est nécessaire – me semble-t-il
– que nous participions aux activités du protestantisme libéral.
Beaucoup le font déjà et certains sont paroissiens en cette
mouvance. Les Journées annuelles organisées par l’Association
libérale Evangile et Liberté proposent une réflexion
thématique avec des intervenants de qualité et sont des
lieux de formation indispensables. Les colloques de l’Association
protestante libérale Théolib sont,
quant à eux, l’occasion d’une recherche théologique
contemporaine d’avant garde dont nous avons bien besoin pour penser
à l’avenir spirituel de l’homme (le notre et celui
de nos enfants !). Nous vous conseillons aussi, très vivement,
les cycles de conférences et les séances de formation biblique
organisées par les unions protestantes libérales de Genève,
de Strasbourg et de Belgique. Les milieux protestants libéraux
ont par ailleurs accès à des éditions.
Dans la mesure où le protestantisme libéral
est ouvert au christianisme unitarien et comporte en ses rangs des théologiens
et des pasteurs qui partagent nos convictions, nous n’avons pas
à faire double emploi, mais à programmer des activités
complémentaires. Déjà, Evangile et Liberté publie
des articles de sensibilité unitarienne. Il ne s’agit
pas de s’amarrer au protestantisme libéral en parasite, mais
d’éviter l’éparpillement des énergies,
les entreprises solitaires, les querelles de clocher, et de contribuer,
avec notre propre apport, au développement des courants libéraux.
Par ailleurs, ce lien avec le protestantisme libéral résulte
d’une histoire en partie commune, celle de la Réforme et
le “ partage ” de grandes personnalités (Théodore
Monod, Albert Schweitzer, etc.) ; il n’écarte pas bien entendu
les unitariens d’origine et de culture catholique (je le suis personnellement).
Ces considérations ne sont nullement opportunistes : nous
sommes en effet convaincus pour notre part qu’une des spécificités
fortes de l’unitarisme francophone que nous souhaitons développer
réside précisément dans ce compagnonnage avec le
protestantisme libéral, et donc dans l’assurance d’une
fidélité pleine et entière à l’Evangile.
4 – Ce compagnonnage ne doit pas nous faire oublier
l’éventail de toutes les sensibilités unitariennes,
notamment la libre croyance qui
s’est développée avec l’unitarisme-universalisme
Nord-américain. Cette dernière offre un réseau international
de qualité dont font partie nos amis francophones du Québec.
5 – L’organisation à Bordeaux, au Centre
culturel protestant Hâ 32, d’une rencontre interconfessionnelle
et inter religieuse (les 26-27 octobre 2002, sur le thème “ Sommes
nous les fils d’Abraham ? Nos contributions à l’universel ”),
où toutes les communautés et mouvements religieux, spirituels
ou libres pensants furent invités, a été l’occasion
pour nous de découvrir divers acteurs religieux de l’agglomération,
entre autres des mouvements a-dogmatiques (les baha’ï, les
quakers, les Pèlerins d’Arès, etc. ) avec lesquels nous
pouvons avoir des échanges spirituels de qualité. Les Unitariens, en tant que tels, ne doivent pas
hésiter, me semble-t-il, à participer à ce genre
de rencontre. Nous préparons en ce sens un manifeste pour encourager
ces dialogues. Là aussi, sortons de nos isolements, de nos timidités
ou de notre actuelle honte d’être une minorité sans
voix, qui plus est se trouve éparpillée et divisée
!
Avec Internet, le courrier électronique, le TGV et
les lignes aériennes à prix promotionnels, sans oublier
tout simplement la Poste, nous pouvons faire fonctionner le réseau
en développant nos échanges à distance. Il nous faut
aussi, de temps à autres, concrétiser ces échanges
par une fraternité vécue en directe. Je vous invite dès
maintenant à imager de telles rencontres entre unitariens francophones,
élargie bien entendu aux sympathisants, même s’il faudra
attendre plusieurs mois pour pouvoir les programmer. Je n’engage
que moi en vous faisant part des idées suivantes.
1 – nos rencontres doivent être complémentaires à celles du protestantisme libéral que
nous venons d’évoquer : l’approche thématique
est déjà réalisée par l’Association
E&L, l’approche théologique est déjà faite
par Théolib, l’initiation biblique se fait par les communautés
protestantes et des revues protestantes et catholiques de qualité
(par exemple “ Monde de la Bible ”). Il faut nous
situer par rapport à nos spécificités : l’histoire
de la Réforme radicale et de l’unitarisme (du XVIème
siècle à nos jours), une exégèse des passages
du Nouveau Testament qui sont concernés par le débat trinitaire,
l’échange de nos expériences cultuelles pour promouvoir
le culte unitarien, notre mode de fonctionnement.
2 – Nous suggérons que chaque rencontre soit
organisée par une communauté locale, voire même une famille, avec l’aide du réseau “ Correspondance unitarienne ”.
A cette occasion, les mouvements locaux libéraux (juifs, protestants,
soufi) ou a-dogmatiques peuvent être cordialement invités,
en vue de développer les échanges spirituels locaux.
3 – Le style de la rencontre doit privilégier la formation, la
prière, l’organisation de la mouvance unitarienne
francophone, notre plus grande visibilité pour nous faire connaître notamment des jeunes.
Nous ne sommes pas un cénacle d’intellectuels, mais nous
sommes porteurs d’une spiritualité, au nom du rabbi Yeshoua
de Nazareth, qui nous semble tout à fait dynamique et appropriée
pour entrer dans notre IIIème millénaire.
Un modérateur facilitera les échanges afin
que ceux-ci soient le plus positifs possibles et qu’on soit attentif
au dire des uns et des autres.
4 – Les conférences, les exégèses
et autres interventions intéressantes de ces rencontres pourraient
alimenter, avec d’autres apports éventuels, une revue
annuelle qui puisse être une vitrine officielle de notre
mouvance francophone. Pour le titre, je reprendrais volontiers la suggestion
d’Albert Blanchard-Gaillard “ Cahiers Michel Servet ”,
puisque Michel Servet est la seule grande référence historique
pour nous autres francophones, avec en sous-titre, à l’intérieur,
“ contribution unitarienne et libérale à la tolérance
religieuse dans l’espace francophone”. Ce n’est
là bien sûr qu’une suggestion à discuter.
Chères amies et Chers amis,
plus vite vous répondrez à ces suggestions, plus vite nous
pourrons passer à la deuxième phase de l’existence
de notre réseau, à savoir l’organisation pratique
de ces rencontres. Merci de faire signe, même brièvement.
Les signes d’amitié valent souvent plus que de longs discours !
Merci de faire revivre notre grande famille unitarienne qui était
comme une Belle endormie … car il lui manquait comme un projet !
Jean-Claude Barbier, "Correspondance
unitarienne", n° 13, janvier 2003
|