Un pape est mort…la belle
affaire !
En ces temps de papolâtrie, il faut dire sans ambages
que cela ne changera rien, ni au cours du monde, ni à celui
de l’Eglise catholique romaine. Car le pape est le
gardien de l’orthodoxie, comme ses prédécesseurs
le furent et comme son successeur le sera. Par conséquent,
quoiqu’en disent les belles âmes et les hypocrites
grenouilles, il n’y a rien à attendre de bon
de la désignation d’un nouveau souverain pontife.
Ce dernier continuera à excommunier les hérétiques,
comme cela s’est toujours fait.
Voyons Jean-Paul II, puisqu’il n’est question
que de lui.
- Il a mis au ban de son Eglise ceux qui parmi
les prêtres
et les théologiens se risquaient à sortir des
diktats romains.
- Il a versé dans l’intégralisme le plus
stupide, stipendiant tous ceux qui ne pensaient pas comme
lui (lui, la réincarnation d’un tout proche
de Jésus) et ne lui obéissaient pas au doigt
et à l’œil.
- Il a enfermé sa religion dans des carcans juridico-canonico-imbéciles.
Le bilan est très négatif.
- Internationalisation massive du catholicisme
extra-européen
par la voie d’un abêtissement des peuples et
d’une instrumentalisation médiatique révoltante.
- Dépréciation hautaine des protestantismes
et des religions non-chrétiennes, y compris du judaïsme,
artificiellement rattaché au christianisme et lui
servant désormais de caution !
- Repentances de façade qui ne bernent que ceux qui
ne veulent pas voir ou entendre les discours et les écrits
des congrégations.
- Manipulations, mensonges, contre-vérités,
tout fait farine au bon moulin.
Il faut lire tous ces textes, le code de droit
canonique, les encycliques, le catéchisme, etc., pour
s’apercevoir
qu’au fond rien n’a changé.
- Jean-Paul II n’était pas un
grand intellectuel, ni même un intello. Un dramaturge
contemporain a écrit
qu’une pensée qui ne doutait pas d’elle-même était
une pensée stupide.
- Jean-Paul II était stupide, comme
ses prédécesseurs
le furent et comme son successeur le sera, une fois qu’il
aura coiffé la mitre.
- Jean-Paul II était intolérant et autoritaire
; lui seul possédait la vérité et voulait
l’imposer aux autres.
- Jean-Paul II n’était ni moderne ni laïque,
jouant grossièrement de sa double fonction de chef
spirituel et de chef d’Etat pour influer sur l’échiquier
géopolitique mondial.
Les politiciens ont salué la mort d’un grand
homme, mais l’unanimité n’est que politique.
C’est la langue de bois, le discours creux des puissants
qui ne font là que reconnaître un des leurs.
À écouter sur les ondes les discours ampoulés
et fielleux des hommes de l’Eglise catholique, puis
l’acquiescement de l’opinion publique, je me
suis dit que la pensée libre n’était
pas prête de se renforcer ni de se propager. Tous ces
gens mériteraient une tarte en pleine figure.
Devant les messages niais d’affliction captés
en micro-trottoir, je me suis dit que le peuple n’était
plus habitué à penser, qu’il avait définitivement
capitulé.
C’est la victoire de la marchandisation de l’esprit,
de l’émotionnel, du grand spectacle et du marché grand-guignolesque.
Et ce n’est pas fini. L’icône fabriquée
va resurgir un de ces quatre. Déjà qu’il
présente des vertus héroïques, ça
s’est vu, il sera bientôt béatifié,
avant de songer à la canonisation.
Mais qu’en avons-nous à faire de toute cette
nomenclature, de ce comptage labellisé et mortifère
de ceux qui, paraît-il, vont au ciel ? Rien, on n’en
a rien à faire. Ni du pape d’ailleurs, ni de
son successeur.
Luc Nefontaine, 5 avril 2005 |