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 Bible et libertés


  Jacques Chopineau

 

1. Introduction
2. La tétraktys
3. Les nombres de la fin
4. Les jours de la création
5. Le septième jour

 

   


Des nombres dans le livre de Daniel

 

 


1. Introduction

Le livre de Daniel est un des livres les plus mystérieux de la Bible. Les introductions sont nombreuses et ce n’est pas le lieu ici de rappeler les problèmes de source, de datation, de langue (hébreu et araméen), de philosophie de l’histoire… Les nombres nous suffiront largement ! Surtout qu’aucun  livre biblique n’utilise autant le symbolisme numérique. Soulignons encore que nous avons là une des sources du courant apocalyptique (canonique ou non) juif et chrétien.

Il ne peut faire de doute que le milieu daniélique connaît les approches pythagoriciennes des nombres et cette arithmétique géométrique, dans laquelle les nombres sont des formes. Cette approche lui est familière. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire de postuler une influence directe : cette arithmétique est connue des cercles savants hellénistiques et -par eux- des cercles savants de la partie hellénisée (méditerranéenne) de l’empire perse.
À date ancienne, l’Ionie est une satrapie de l’empire perse achéménide. De sorte qu’avant les conquêtes d’Alexandre, dans cette partie du monde, les mathématiques sont grecques.

Le monde savant, même s’il possède une tradition religieuse toute différente de celle des grecs, a anciennement une approche semblable des nombres. L’opposition helllénisme-judaïsme viendra plus tard, surtout avec les persécutions d’Antiochus IV.  Ce sera d’ailleurs l’occasion de la composition du livre de Daniel. Mais cela n’enlève rien à une influence ancienne. Science et sagesse ne sont pas séparées.

Pour tous, en effet, les nombres sont le reflet de l’harmonie du monde. Les lois terrestres et les lois célestes ont le même auteur. Lois divines et lois physiques procèdent du même démiurge ou du même créateur. Il serait impossible, autrement, d’expliquer les connaissances mathématiques de l’auteur du livre de Daniel, en particulier l’emploi des nombres pentagonaux.