discours de Jean-Claude Barbier, secrétaire général
de l’Assemblée fraternelle des chrétiens
unitariens
à
la chapelle de Pise (Gard), le jeudi 21 septembre 2006
Nathalie
et Lionel, famille Mann et famille Bibeau, parents et amis,
croyants et non croyants, je vous salue au nom des
unitariens de France, qu’ils soient chrétiens
ou d’une autre
conviction.
Que vous tous, vous vous sentiez
chez vous en cette église
ouverte à tous. De même que nous, les unitariens,
nous sommes à l’aise,
dans le monde entier, au sein de toute communauté dès
lors qu’elle
est tolérante, quelle soit juive, catholique, protestante,
musulmane, bouddhiste, baha’ie ; que sais-je encore !
Car,
au-delà de nos croyances particulières,
c’est
bien la convivialité, la franche amitié,
la fraternité sans faille, l’amour entre nous
qui importent - cet amour dont Lionel et
Nathalie nous donnent aujourd’hui
un bel exemple.
Autrefois les religions nous
aidaient à mieux
vivre ces sentiments au sein de communautés homogènes
unies, réunies par une même foi, dans une même
ferveur, sous la houlette d’un même clergé.
En France et en Navarre, on disait : “ un
seul pays, un seul roi, une seule foi ! ” Désormais,
vous le savez bien, nos villages, nos quartiers, voire aussi
nos paroisses et nos assemblées cultuelles, sont devenues
composites.
C’est pour cela que les
unitariens vous proposent aujourd’hui
de faire des gestes de fraternité, Oh ! un peu
solennels – on appelle cela des rites ! Des rites
pour cimenter le lien social entre nous tous, sans nulle
discrimination de foi ou de convictions. Des rites de joie,
de plaisir d’être ensemble,
de désir de se connaître mutuellement en sachant
qu’au plus profond de chacun d’entre
nous palpite une vie spirituelle, un besoin d’amour,
et peu importe finalement comment chaque religion ou philosophie
appelle cela.
Oh, ce sont des gestes bien
simples, qui n’ont
rien d’ésotérique ! Vous en avez
déjà fait un en venant ici en
apportant une fleur et en la déposant dans un vase,
composant ainsi un bouquet magnifiquement fleuri, symbole
de notre assemblée riche de sa diversité.
J’ajoute
que Norbert Capek, l’initiateur de ce
rite en 1923, mourut le 12 octobre 1942 au camps nazi de
Dachau, martyr de ses convictions.
Vous allez assister aussi à l’allumage
de la flamme du calice. Là aussi ce rite est né d’une
histoire précise. Ce calice est celui des chrétiens
de Bohème,
de la région de Prague en Europe centrale, au début
du XVème siècle, un siècle avant les
Réformes protestantes, ils se révoltèrent
contre Rome, revendiquant la communion sous les deux espèces,
le partage du pain et du vin au nom de Jésus.
Rome
venait de décider de réserver cela aux
seuls clercs, les laïcs n’ayant désormais
le droit qu’à la
seule hostie. Ils figurèrent le calice sur les étendards
de leur armée … et furent victorieux, du moins
dans un premier temps.
Cette bougie est celle des Juifs
et sa lumière leur
tient d’espérance en temps d’oppression
comme le rappelle si bien leur fête historique d’Hanoukha,
cela peut être aussi les bougies de la ménorah
que nos amis juifs allument chaque samedi à
l’entrée de leur sabbat, depuis la nuit des
temps, la Bible nous dit que c’est depuis la traversée
de la Mer Rouge par leurs ancêtres, lesquels se libérèrent
de l’esclavage
qui leur fut imposé par les pharaons d’Egypte.
En 1941, les unitariens américains
contribuèrent à l’accueil
des réfugiés européens qui fuyaient
la vague nazi déferlant sur l’Europe.
C’étaient principalement des Juifs. Paris venait
de tomber. Nos amis américains demandèrent à un
dessinateur, lui aussi réfugié de Paris à Lisbonne,
au Portugal, de leur dessiner un logo comme signe de reconnaissance
au sein des foules. Le dessinateur, Hans Deutch, était
Tchèque
et il leur dessina un calice, symbole chrétien de
charité,
de communion et d’égalité. Il y ajouta
en son creux une bougie allumée, symbole juif de la
persévérance dans la foi
et de résistance aux impérialismes.
La flamme,
vous le savez bien, elle réunit nos yeux
et élève nos cœurs à la méditation.
Depuis ce dessin historique, les unitariens du monde entier
commencent
leurs cultes, ou même leurs plus simples réunions
comme par exemple une assemblée générale,
en allumant ce calice, parfois sans dire un mot, sans parler,
car très souvent,
n’est-ce pas, les gestes suffisent. Et puis l’émotion,
n’est-ce pas, étreint
parfois la voix.
Merci à Nathalie et à Lionel, à leurs
parents et à leurs amis ici présents, de nous
donner, en ce jour de fête et par leur amour, l’occasion
de partager ce geste avec vous tous. Un très grand
merci.
Les
photos du mariage peuvent être
consultées
sur le site Voir
dans notre bulletin (n° 59) de septembre 2006, la
description de ce mariage
Le père de la mariée :
Nous
sommes catholiques pratiquants et nos trois enfants ont été élevés
dans le catholicisme et nous leur avons toujours enseigné à respecter
les autres religions. Nous les avons aussi encouragé à développer
leur indépendance et à prendre leurs propres
décisions. C’est pourquoi nous avons accepté et
respecté le choix de Nathalie et Lionel de se marier
dans une chapelle selon leurs propres convictions spirituelles.
C’est
ainsi que Nathalie et Lionel ont entrelacé des éléments
de diverses croyances pour une cérémonie sereine
qui était de toute beauté. L’amour, l’unité et
la paix y régnaient. C’est ce qui m’a
frappé le plus. Il y a beaucoup de richesse dans toutes
les religions du monde. On y enseigne, dans chacune d’elle,
l’amour et le respect d’autrui. Je ne pouvais
faire autrement que de croire, un peu naïvement sans
doute, qu’un jour l’humanité vivrait vraiment
en paix. Nous sommes fiers de Nathalie et de Lionel. Leur
amour et leurs valeurs spirituelles les guideront tout au
long de leur vie ensemble. Un grand merci aux amis français
qui les ont accompagné pour organiser ce mariage et
au pasteur qui les a bénis.
La mariée :
Il y
a des moments dans la vie où on a l’impression
que tout ce qui est autour de nous est exactement comme il
devrait l’être. J’ai vécu dans ma
vie quelques-uns de ces moments, mais le plus récent
et aussi le plus fort, grâce à l’Assemblée
fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU), c’est
l’instant où je suis entrée dans la chapelle
de Pise au bras de mon père qui me conduisit vers
mon époux.
Je suis Canadienne francophone
et mon mari, Canadien anglophone. Nous sommes venus en France
en congé sabbatique
afin que Lionel apprenne un peu le français, mais
aussi pour nous marier “à la française” et
pour jouir du style de vie propre à la France méridionale.
Nous voulions échanger nos voeux d’une façon
qui soit ouverte et non dogmatique et qui témoigne
de notre quête spirituelle selon la tradition unitarienne-universaliste.
Notamment, nous voulions une cérémonie qui
incorpore divers aspects permettant à tous nos invités
de se sentir à l’aise. Nous avions déjà trouvé un
lieu sublime, une chapelle privée sur une colline
dans la campagne.
Nous avons trouvé l’adresse
du réseau
de la Correspondance unitarienne et Jean-Claude nous a mis
en contact avec un pasteur protestant de l’Eglise réformée
de France, sympathisant de l’unitarisme et membre honoraire
de l’AFCU. Jean-Claude nous a suggéré des
rites unitariens qui reflétaient parfaitement les
idées et les sentiments que Lionel et moi voulions
faire partager. La cérémonie des fleurs a ému
tout le monde. Nous avons aussi ajouté un rite bouddhique
scellant l’alliance entre nos deux familles. En plus,
sachant que ma famille était catholique, Jean-Claude
a invité un représentant de la mouvance catholique
libérale.
En tout, je me suis sentie heureuse
et paisible. Nous étions
entourés de nos plus proches qui étaient venus
de partout, du Canada et d’autres pays, et nous avons
bénéficié de cet accompagnement spirituel
unitarien, particulièrement ouvert et réconfortant.
Merci à Jean-Claude et à son ami catholique
Jean Combe, venu de Montpellier, à leurs épouses
qui avaient fait le déplacement avec eux, et bien
entendu au pasteur Pierre-Jean Ruff qui bénit notre
union. Merci pour ce moment magique où tout ce qui était
autour de nous était exactement comme il devait l’être.
Epilogue :
Lionel et moi
nous nous préparons à quitter
la France et pour voyager pendant les derniers cinq mois
de notre congé. Nous partons en janvier, nous commençerons
en Russie et nous prendrons le train transsibérien
jusqu'à Beijing. Ensuite, c'est la Corée pour
visiter mon frère, et plus tard, le Moyen-Orient :
Yemen ; et ensuite l'Afrique, probablement l'Éthiopie,
mais nous n'avons pas encore décidé. En tout
cas, c'est excitant !!
Nathalie (courriel du 21 novembre
2006)
Informations
Naissance de la
Fraternelle unitarienne
Une nouvelle association unitarienne,
loi 1901, a vu le jour à Paris à la
fin du mois de novembre lors d’une réunion constituante.
Les constituants se retrouvent dans un bureau avec Pierre-Yves
Ruff, pasteur de la Fraternelle, Bernard Biro et Alain Lauzet
cofondateurs, Nanda Moreno, secrétaire général
et Nathalie Frévent, trésorière. L’orientation
théologique est résolument post-chrétienne :
ouverture du christianisme à tous les chercheurs spirituels
y compris à des agnostiques et à des athées,
critique des Eglises instituées et sortie des religions,
appel à une Réforme radicale pour se conformer à la
spiritualité des évangiles, etc.
Le site de
l’association est en accueil sur celui de Théolib .
La première activité sera un après midi
de conférences sur “ L’agonie du
christianisme. Une refondation est-elle possible ? ”,
suivi d’une célébration avec la cérémonie
des fleurs. Une seconde conférence est prévue
le 17 mars sur le thème : “ Jésus :
le retour ? ”, qui sera également
suivie d’un culte.
L’unitarisme post-chrétien
reste distincte de l’unitarisme-universalisme dans
la mesure où il
questionne encore le corpus chrétien, alors que ce
n’est plus du tout une problématique pour l’UUisme,
lequel place toutes les religions particulières à égalité … et
en second rang, au profit d’une méditation qui
se veut d’emblée universelle.
La Fraternelle
s’est déjà fait connaître
auprès de l’International Council of Unitarians
and Universalists (ICUU) et est inscrite dans la catégorie
des “ Autres groupes ”, en compagnie
de la Fraternité unitarienne fondée à Nancy
en 1990 et qui se présente comme “Eglise unitarienne
de France ” (rappelons que l’Assemblée
fraternelle des chrétiens unitariens est, quant à elle,
dans la catégorie des “ groupes émergents ”,
suite à sa reconnaissance par le bureau exécutif
de l’ICUU).
Bernard Biro, qui était président
de l’AFCU,
a démissionné de cette présidence afin
de mieux se consacrer à cette nouvelle association.
Notre réseau de la Correspondance unitarienne, qui
est indépendant, transversal à toutes les appartenances
associatives existantes et ouvert à toutes les sensibilités
de l’unitarisme contemporain, souhaite que la nouvelle
venue trouve sa place au sein du paysage unitarien français,
en harmonie avec les autres composantes.
Vient
de paraître
le 6ème n° des Cahiers Michel Servet
Auprès de Michel Languillat : la septième
dimension.
Le témoignage d’Odile Donati,
22
p. + 4 de couverture
Les Cahiers Michel Servet sont publiés par l’AFCU
et diffusés par la Correspondance unitarienne, au
prix de 5 euros l’exemplaire
Libres
propos
Evangile de Jésus
ou
Credo des disciples-militants de Jésus
par Roger
Parmentier, texte envoyé au réseau
le 9 novembre 2006
Jésus a proclamé (et
montré par
son comportement) que le règne de Dieu est proche, à portée
de main, immédiatement accessible : c’est “ le
monde renversé ”, le contraire absolu de
tout ce qui va mal dans le monde, une utopie grandiose (folle
en un sens ; mais moins folle que la course à l’abîme
où va le monde).
Où tous les vigoureusement
déterminés
(les violents spirituels) peuvent entrer, malgré les
bouclages par les “ pharisiens ” de
toutes confessions, qui n’y entrent pas eux-mêmes
et empêchent d’y entrer ceux qui le veulent ;
dont la porte d’entrée est étroite, comme
le chemin qui y conduit ; où l’on ne peut
entrer que dépouillé de toutes les formes de
puissance et de richesse.
Qui n’est ni visible,
ni situé en
un lieu particulier ;
qu’il ne faut pas confondre avec le rétablissement
du royaume d’Israël cher aux zélotes et
aux pharisiens de tous les temps (la “ cité catholique ”,
la “ Sion sainte ” des protestants,
l’Etat d’Israël et les Etats théocratiques,
et tous ceux qui confondent la religion et la politique),
ni confondre avec ce paradis que les chrétiens imaginent
pour après la mort ou à la fin des temps.
Le “ roi ” (terme
qui ne convient pas) de ce “ royaume ” (idem),
tel que Jésus
se le représente (à l’opposé de
bien des fanatiques), n’est pas un tyran, mais un serviteur
généreux et miséricordieux, au point
de faire lever son soleil sur les méchants comme sur
les bons, et d’aimer ses ennemis ; et sont pareillement
simples serviteurs ceux à qui le royaume appartient,
les vrais enfants de Dieu. Ils sont “ heureux ” malgré les
hostilités, mépris, souffrances, incompréhensions,
persécution.
Le “ roi ” de
ce “ royaume ” n’a
rien à voir avec un Christ céleste et triomphant,
un dominus dominateur, un Kurios, un Pantocrator, un Père
Tout-puissant, un “ Seigneur ” (dont
l’Empereur se voudra le Lieu-tenant et le Pape, le
Vicaire). Ce royaume n’est pas dans le ciel, mais pleinement
et uniquement sur la terre.
Il ne s’agit pas de “ savoir ” cela,
mais de le mettre en pratique, sinon les torrents emportent
tous … Cette utopie (contrairement à l’idéologie “ chrétienne ”)
est compatible avec la culture moderne sécularisée.
Et cette “ sagesse de Jésus ” (“ folle ”,
mais si intelligente) est compatible avec toutes les sagesses
du monde qui oeuvrent à vivre notre existence de façon
intelligente et à la survie de l’humanité.
Les
Fils d’Abraham
par Nicolas Semaille, message
du 29 novembre 2006 au groupe de discussion “ Unitariens
francophones ”
La fumée des bombardements aveugle la colombe. Les
Fils d'Abraham s'affrontent entre eux. Et d'un côté comme
de l'autre, il semble qu'on n'accepte toujours pas la Maison
pourtant légitime de son voisin.
Shalom, Salam, Paix
Jésus est-il un surhomme ?
Jean-Claude Barbier
Si vous aimez
Jésus, n’est-ce pas déformer
sa personne que d’en faire un héros, un superman ?
Il est homme parmi d’autres hommes. Nous l’aimons
pour ses qualités, pour sa personne, pour ce qu’il
fit, pour son enseignement, mais non pour une quelconque “ supériorité ” sur
les autres hommes. Il paraît qu’il ne fut pas
très bien compris par Friedrich Nietzsche lequel était à la
recherche des hommes puissants. A ses yeux, Jésus,
qui lava les pieds de ses apôtres et qui fut crucifié par
les Romains comme un vulgaire agitateur, n’en faisait
manifestement pas partie. Notre philosophe avait raison :
Jésus n’est pas un surhomme.
Les
collections de l’Harmattan, entre autres “ Cheminements
spirituels ” et “ Chrétiens
autrement ”, sont ouvertes à des auteurs
jusqu’à présent peu connus. Promouvant
ainsi une véritable démocratisation de l’expression,
elles donnent la parole à des pensées souvent
originales et vigoureuses. Au moment où les ténors
et autres “ éléphants ” sont
critiqués pour trop monopoliser la scène et
les média, sachons être attentifs et écouter
la fraîcheur de nouvelles voix. Bonjour donc aux nouveaux
venus. Nous vous conseillons ce mois-ci deux ouvrages écrits
par des adhérents de l’Assemblée fraternelle
des chrétiens unitariens (AFCU). L’expression,
enfin libérée, est portée sur la place
publique. Nous avons à nous en féliciter car
l’audace est au rendez-vous !
AGIER
Eric, 2006 – “ Interview
de Jésus-Christ :
les questions de Benoît ”, Paris, l’Harmattan,
166 p. (Cheminements spirituels)
WEBER-LEFEUVRE Marie-Claire, 2006 – “ Etude
des évangiles ” suivi de : Les évangiles
et l’écologie, Paris, l’Harmattan, 161
p. (chrétiens autrement)
L’Harmattan, 5-7, rue
de l’Ecole Polytechnique,
75005 Paris, http://www.librairieharmattan.com
La diffusion est également assurée par le mouvement “ Chrétiens
autrement ” (membre de la Fédération
des réseaux du Parvis),
12 rue N.D. de Recouvrance, 45000 Orléans, blog :
http://chretiensorleans.over-blog.com
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