CORRESPONDANCE UNITARIENNE

Réseau francophone animé par la
Fraternité unitarienne de Bordeaux

 

Janvier 2007 n° 63
 

 

 

 

Sommaire

 

- Aux mariés

- La famille

- Informations

- Libres propos

 

   

 

 

 

   

 

Accueil aux mariés

Actualités
unitariennes

 

 

discours de Jean-Claude Barbier, secrétaire général de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens
à la chapelle de Pise (Gard), le jeudi 21 septembre 2006

Nathalie et Lionel, famille Mann et famille Bibeau, parents et amis, croyants et non croyants, je vous salue au nom des unitariens de France, qu’ils soient chrétiens ou d’une autre conviction.

Que vous tous, vous vous sentiez chez vous en cette église ouverte à tous. De même que nous, les unitariens, nous sommes à l’aise, dans le monde entier, au sein de toute communauté dès lors qu’elle est tolérante, quelle soit juive, catholique, protestante, musulmane, bouddhiste, baha’ie ; que sais-je encore !

Car, au-delà de nos croyances particulières, c’est bien la convivialité, la franche amitié, la fraternité sans faille, l’amour entre nous qui importent - cet amour dont Lionel et Nathalie nous donnent aujourd’hui un bel exemple.

Autrefois les religions nous aidaient à mieux vivre ces sentiments au sein de communautés homogènes unies, réunies par une même foi, dans une même ferveur, sous la houlette d’un même clergé. En France et en Navarre, on disait : “ un seul pays, un seul roi, une seule foi ! ” Désormais, vous le savez bien, nos villages, nos quartiers, voire aussi nos paroisses et nos assemblées cultuelles, sont devenues composites.

C’est pour cela que les unitariens vous proposent aujourd’hui de faire des gestes de fraternité, Oh ! un peu solennels – on appelle cela des rites ! Des rites pour cimenter le lien social entre nous tous, sans nulle discrimination de foi ou de convictions. Des rites de joie, de plaisir d’être ensemble, de désir de se connaître mutuellement en sachant qu’au plus profond de chacun d’entre nous palpite une vie spirituelle, un besoin d’amour, et peu importe finalement comment chaque religion ou philosophie appelle cela.

Oh, ce sont des gestes bien simples, qui n’ont rien d’ésotérique ! Vous en avez déjà fait un en venant ici en apportant une fleur et en la déposant dans un vase, composant ainsi un bouquet magnifiquement fleuri, symbole de notre assemblée riche de sa diversité.

J’ajoute que Norbert Capek, l’initiateur de ce rite en 1923, mourut le 12 octobre 1942 au camps nazi de Dachau, martyr de ses convictions.

Vous allez assister aussi à l’allumage de la flamme du calice. Là aussi ce rite est né d’une histoire précise. Ce calice est celui des chrétiens de Bohème, de la région de Prague en Europe centrale, au début du XVème siècle, un siècle avant les Réformes protestantes, ils se révoltèrent contre Rome, revendiquant la communion sous les deux espèces, le partage du pain et du vin au nom de Jésus.

Rome venait de décider de réserver cela aux seuls clercs, les laïcs n’ayant désormais le droit qu’à la seule hostie. Ils figurèrent le calice sur les étendards de leur armée … et furent victorieux, du moins dans un premier temps.

Cette bougie est celle des Juifs et sa lumière leur tient d’espérance en temps d’oppression comme le rappelle si bien leur fête historique d’Hanoukha, cela peut être aussi les bougies de la ménorah que nos amis juifs allument chaque samedi à l’entrée de leur sabbat, depuis la nuit des temps, la Bible nous dit que c’est depuis la traversée de la Mer Rouge par leurs ancêtres, lesquels se libérèrent de l’esclavage qui leur fut imposé par les pharaons d’Egypte.

En 1941, les unitariens américains contribuèrent à l’accueil des réfugiés européens qui fuyaient la vague nazi déferlant sur l’Europe. C’étaient principalement des Juifs. Paris venait de tomber. Nos amis américains demandèrent à un dessinateur, lui aussi réfugié de Paris à Lisbonne, au Portugal, de leur dessiner un logo comme signe de reconnaissance au sein des foules. Le dessinateur, Hans Deutch, était Tchèque et il leur dessina un calice, symbole chrétien de charité, de communion et d’égalité. Il y ajouta en son creux une bougie allumée, symbole juif de la persévérance dans la foi et de résistance aux impérialismes.

La flamme, vous le savez bien, elle réunit nos yeux et élève nos cœurs à la méditation. Depuis ce dessin historique, les unitariens du monde entier commencent leurs cultes, ou même leurs plus simples réunions comme par exemple une assemblée générale, en allumant ce calice, parfois sans dire un mot, sans parler, car très souvent, n’est-ce pas, les gestes suffisent. Et puis l’émotion, n’est-ce pas, étreint parfois la voix.

Merci à Nathalie et à Lionel, à leurs parents et à leurs amis ici présents, de nous donner, en ce jour de fête et par leur amour, l’occasion de partager ce geste avec vous tous. Un très grand merci.

Les photos du mariage peuvent être consultées sur le site Voir dans notre bulletin (n° 59) de septembre 2006, la description de ce mariage

Le père de la mariée :

Nous sommes catholiques pratiquants et nos trois enfants ont été élevés dans le catholicisme et nous leur avons toujours enseigné à respecter les autres religions. Nous les avons aussi encouragé à développer leur indépendance et à prendre leurs propres décisions. C’est pourquoi nous avons accepté et respecté le choix de Nathalie et Lionel de se marier dans une chapelle selon leurs propres convictions spirituelles.

C’est ainsi que Nathalie et Lionel ont entrelacé des éléments de diverses croyances pour une cérémonie sereine qui était de toute beauté. L’amour, l’unité et la paix y régnaient. C’est ce qui m’a frappé le plus. Il y a beaucoup de richesse dans toutes les religions du monde. On y enseigne, dans chacune d’elle, l’amour et le respect d’autrui. Je ne pouvais faire autrement que de croire, un peu naïvement sans doute, qu’un jour l’humanité vivrait vraiment en paix. Nous sommes fiers de Nathalie et de Lionel. Leur amour et leurs valeurs spirituelles les guideront tout au long de leur vie ensemble. Un grand merci aux amis français qui les ont accompagné pour organiser ce mariage et au pasteur qui les a bénis.

La mariée :

Il y a des moments dans la vie où on a l’impression que tout ce qui est autour de nous est exactement comme il devrait l’être. J’ai vécu dans ma vie quelques-uns de ces moments, mais le plus récent et aussi le plus fort, grâce à l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU), c’est l’instant où je suis entrée dans la chapelle de Pise au bras de mon père qui me conduisit vers mon époux.

Je suis Canadienne francophone et mon mari, Canadien anglophone. Nous sommes venus en France en congé sabbatique afin que Lionel apprenne un peu le français, mais aussi pour nous marier “à la française” et pour jouir du style de vie propre à la France méridionale. Nous voulions échanger nos voeux d’une façon qui soit ouverte et non dogmatique et qui témoigne de notre quête spirituelle selon la tradition unitarienne-universaliste. Notamment, nous voulions une cérémonie qui incorpore divers aspects permettant à tous nos invités de se sentir à l’aise. Nous avions déjà trouvé un lieu sublime, une chapelle privée sur une colline dans la campagne.

Nous avons trouvé l’adresse du réseau de la Correspondance unitarienne et Jean-Claude nous a mis en contact avec un pasteur protestant de l’Eglise réformée de France, sympathisant de l’unitarisme et membre honoraire de l’AFCU. Jean-Claude nous a suggéré des rites unitariens qui reflétaient parfaitement les idées et les sentiments que Lionel et moi voulions faire partager. La cérémonie des fleurs a ému tout le monde. Nous avons aussi ajouté un rite bouddhique scellant l’alliance entre nos deux familles. En plus, sachant que ma famille était catholique, Jean-Claude a invité un représentant de la mouvance catholique libérale.

En tout, je me suis sentie heureuse et paisible. Nous étions entourés de nos plus proches qui étaient venus de partout, du Canada et d’autres pays, et nous avons bénéficié de cet accompagnement spirituel unitarien, particulièrement ouvert et réconfortant. Merci à Jean-Claude et à son ami catholique Jean Combe, venu de Montpellier, à leurs épouses qui avaient fait le déplacement avec eux, et bien entendu au pasteur Pierre-Jean Ruff qui bénit notre union. Merci pour ce moment magique où tout ce qui était autour de nous était exactement comme il devait l’être.

Epilogue :

Lionel et moi nous nous préparons à quitter la France et pour voyager pendant les derniers cinq mois de notre congé. Nous partons en janvier, nous commençerons en Russie et nous prendrons le train transsibérien jusqu'à Beijing. Ensuite, c'est la Corée pour visiter mon frère, et plus tard, le Moyen-Orient : Yemen ; et ensuite l'Afrique, probablement l'Éthiopie, mais nous n'avons pas encore décidé. En tout cas, c'est excitant !!

Nathalie (courriel du 21 novembre 2006)

Informations

Naissance de la Fraternelle unitarienne

Une nouvelle association unitarienne, loi 1901, a vu le jour à Paris à la fin du mois de novembre lors d’une réunion constituante. Les constituants se retrouvent dans un bureau avec Pierre-Yves Ruff, pasteur de la Fraternelle, Bernard Biro et Alain Lauzet cofondateurs, Nanda Moreno, secrétaire général et Nathalie Frévent, trésorière. L’orientation théologique est résolument post-chrétienne : ouverture du christianisme à tous les chercheurs spirituels y compris à des agnostiques et à des athées, critique des Eglises instituées et sortie des religions, appel à une Réforme radicale pour se conformer à la spiritualité des évangiles, etc.

Le site de l’association est en accueil sur celui de Théolib . La première activité sera un après midi de conférences sur “ L’agonie du christianisme. Une refondation est-elle possible ? ”, suivi d’une célébration avec la cérémonie des fleurs. Une seconde conférence est prévue le 17 mars sur le thème : “ Jésus : le retour ? ”, qui sera également suivie d’un culte.

L’unitarisme post-chrétien reste distincte de l’unitarisme-universalisme dans la mesure où il questionne encore le corpus chrétien, alors que ce n’est plus du tout une problématique pour l’UUisme, lequel place toutes les religions particulières à égalité … et en second rang, au profit d’une méditation qui se veut d’emblée universelle.

La Fraternelle s’est déjà fait connaître auprès de l’International Council of Unitarians and Universalists (ICUU) et est inscrite dans la catégorie des “ Autres groupes ”, en compagnie de la Fraternité unitarienne fondée à Nancy en 1990 et qui se présente comme “Eglise unitarienne de France ” (rappelons que l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens est, quant à elle, dans la catégorie des “ groupes émergents ”, suite à sa reconnaissance par le bureau exécutif de l’ICUU).

Bernard Biro, qui était président de l’AFCU, a démissionné de cette présidence afin de mieux se consacrer à cette nouvelle association. Notre réseau de la Correspondance unitarienne, qui est indépendant, transversal à toutes les appartenances associatives existantes et ouvert à toutes les sensibilités de l’unitarisme contemporain, souhaite que la nouvelle venue trouve sa place au sein du paysage unitarien français, en harmonie avec les autres composantes.

Vient de paraître le 6ème n° des Cahiers Michel Servet
Auprès de Michel Languillat : la septième dimension.
Le témoignage d’Odile Donati,
22 p. + 4 de couverture
Les Cahiers Michel Servet sont publiés par l’AFCU et diffusés par la Correspondance unitarienne, au prix de 5 euros l’exemplaire

Libres propos

Evangile de Jésus
ou Credo des disciples-militants de Jésus

par Roger Parmentier, texte envoyé au réseau le 9 novembre 2006

Jésus a proclamé (et montré par son comportement) que le règne de Dieu est proche, à portée de main, immédiatement accessible : c’est “ le monde renversé ”, le contraire absolu de tout ce qui va mal dans le monde, une utopie grandiose (folle en un sens ; mais moins folle que la course à l’abîme où va le monde).

Où tous les vigoureusement déterminés (les violents spirituels) peuvent entrer, malgré les bouclages par les “ pharisiens ” de toutes confessions, qui n’y entrent pas eux-mêmes et empêchent d’y entrer ceux qui le veulent ;
dont la porte d’entrée est étroite, comme le chemin qui y conduit ; où l’on ne peut entrer que dépouillé de toutes les formes de puissance et de richesse.

Qui n’est ni visible, ni situé en un lieu particulier ; qu’il ne faut pas confondre avec le rétablissement du royaume d’Israël cher aux zélotes et aux pharisiens de tous les temps (la “ cité catholique ”, la “ Sion sainte ” des protestants, l’Etat d’Israël et les Etats théocratiques, et tous ceux qui confondent la religion et la politique), ni confondre avec ce paradis que les chrétiens imaginent pour après la mort ou à la fin des temps.

Le “ roi ” (terme qui ne convient pas) de ce “ royaume ” (idem), tel que Jésus se le représente (à l’opposé de bien des fanatiques), n’est pas un tyran, mais un serviteur généreux et miséricordieux, au point de faire lever son soleil sur les méchants comme sur les bons, et d’aimer ses ennemis ; et sont pareillement simples serviteurs ceux à qui le royaume appartient, les vrais enfants de Dieu. Ils sont “ heureux ” malgré les hostilités, mépris, souffrances, incompréhensions, persécution.

Le “ roi ” de ce “ royaume ” n’a rien à voir avec un Christ céleste et triomphant, un dominus dominateur, un Kurios, un Pantocrator, un Père Tout-puissant, un “ Seigneur ” (dont l’Empereur se voudra le Lieu-tenant et le Pape, le Vicaire). Ce royaume n’est pas dans le ciel, mais pleinement et uniquement sur la terre.

Il ne s’agit pas de “ savoir ” cela, mais de le mettre en pratique, sinon les torrents emportent tous … Cette utopie (contrairement à l’idéologie “ chrétienne ”) est compatible avec la culture moderne sécularisée. Et cette “ sagesse de Jésus ” (“ folle ”, mais si intelligente) est compatible avec toutes les sagesses du monde qui oeuvrent à vivre notre existence de façon intelligente et à la survie de l’humanité.

Les Fils d’Abraham

par Nicolas Semaille, message du 29 novembre 2006 au groupe de discussion “ Unitariens francophones ”

La fumée des bombardements aveugle la colombe. Les Fils d'Abraham s'affrontent entre eux. Et d'un côté comme de l'autre, il semble qu'on n'accepte toujours pas la Maison pourtant légitime de son voisin.
Shalom, Salam, Paix

Jésus est-il un surhomme ?

Jean-Claude Barbier

Si vous aimez Jésus, n’est-ce pas déformer sa personne que d’en faire un héros, un superman ? Il est homme parmi d’autres hommes. Nous l’aimons pour ses qualités, pour sa personne, pour ce qu’il fit, pour son enseignement, mais non pour une quelconque “ supériorité ” sur les autres hommes. Il paraît qu’il ne fut pas très bien compris par Friedrich Nietzsche lequel était à la recherche des hommes puissants. A ses yeux, Jésus, qui lava les pieds de ses apôtres et qui fut crucifié par les Romains comme un vulgaire agitateur, n’en faisait manifestement pas partie. Notre philosophe avait raison : Jésus n’est pas un surhomme.

Les collections de l’Harmattan, entre autres “ Cheminements spirituels ” et “ Chrétiens autrement ”, sont ouvertes à des auteurs jusqu’à présent peu connus. Promouvant ainsi une véritable démocratisation de l’expression, elles donnent la parole à des pensées souvent originales et vigoureuses. Au moment où les ténors et autres “ éléphants ” sont critiqués pour trop monopoliser la scène et les média, sachons être attentifs et écouter la fraîcheur de nouvelles voix. Bonjour donc aux nouveaux venus. Nous vous conseillons ce mois-ci deux ouvrages écrits par des adhérents de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU). L’expression, enfin libérée, est portée sur la place publique. Nous avons à nous en féliciter car l’audace est au rendez-vous !

AGIER Eric, 2006 – “ Interview de Jésus-Christ : les questions de Benoît ”, Paris, l’Harmattan, 166 p. (Cheminements spirituels)
WEBER-LEFEUVRE Marie-Claire, 2006 – “ Etude des évangiles ” suivi de : Les évangiles et l’écologie, Paris, l’Harmattan, 161 p. (chrétiens autrement)

L’Harmattan, 5-7, rue de l’Ecole Polytechnique, 75005 Paris, http://www.librairieharmattan.com
La diffusion est également assurée par le mouvement “ Chrétiens autrement ” (membre de la Fédération des réseaux du Parvis),
12 rue N.D. de Recouvrance, 45000 Orléans, blog : http://chretiensorleans.over-blog.com


          

 

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