CORRESPONDANCE UNITARIENNE    mois 2005

Le christ, d’après un mystique soufi

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unitariennes


n° 47

“ Qui que tu sois, viens. Que tu sois un infidèle, un idolâtre ou un païen, viens.
Notre maison n’est pas un lieu de désespoir.
Même si cent fois tu as violé un serment, viens quand même ”
Djalal al-Din Rumi dit Mevlana (soufi du XIIIème siècle)

Le christ, d’après un mystique soufi
par Hazrat Inayat Khan (extraits)
texte envoyé au réseau par Michel Guillaume

pour en connaître plus sur l'enseignement Pir-o-Murshid Hazrat Inayat Khan :
www.soufi-inayat-khan.org ; courriel : contact@soufi-inayat-khan.org,
adresse postale : M. Guillaume, 27 rue Victor Diederick, 92150 Suresnes, tél. 01 45 06 59 60
voir aussi notre bulletin n° 33 de juillet 2004 : “ Le soufisme dans la vie quotidienne ”

Ce que tout le monde sait généralement du Christ ici-bas, c’est l’idée qu’on s’en fait comme du Seigneur et Maître Jésus. L’humanité a vu en lui cet esprit divin reflété sur la terre sous la forme de l’homme. Du fait qu’on l’a reconnu en cet être particulier, les hommes sont à jamais restés attachés à cet idéal de Jésus-Christ. Il y a certainement eu toujours discussion sur la question de savoir si le Maître était humain ou divin. Certains qui l’ont considéré comme divin l’ont séparé de l’humain et ceux qui l’ont considéré comme humain ont tenté de le séparer de cette divine identité qui, en fait, lui appartenait. Quoiqu’il en soit, il ne peut jamais être déplacé, il ne peut être jamais exagéré de dire que l’on voyait en Jésus-Christ l’image de Dieu, prouvant la phrase de la Bible : “ Nous avons créé l’homme à Notre image ”. En réalité, l’art de l’artiste exprime son âme, son être, et de même la Création toute entière est l’expression du divin esprit de Dieu.

Si nous allons maintenant plus avant, nous en venons à réaliser quelque chose de plus profond, de plus grand. S’il y avait en lui une particularité dont on pourrait dire qu’elle était divine, qu’était-ce ? C’était ce qui gagnait le cœur de l’humanité ; c’était ce quelque chose qui attirait chaque âme rencontrée par le Maître. Ainsi qu’il l’avait dit aux pêcheurs : “ Venez, et je vous apprendrai à pêcher les cœurs des hommes ”. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela veut dire que l’homme fut créé à cette fin : qu’il peut cultiver, qu’il peut développer en son cœur, en son caractère, cette beauté qu’on nomme divine civilisation et c’est le développement de l’âme, le développement du caractère. C’est le parachèvement du caractère humain, de la personnalité, en quoi réside l’accomplissement de cette divine manifestation. Qu’est-ce donc Jésus-Christ ? L’exemple à prendre devant nous et à développer.

Jésus-Christ est donc l’idéal. Qu’est-ce que l’idéal ? C’est quelque chose qu’on ne peut analyser. Celui qui possède l’idéal sait cela : les mots ne peuvent l’exprimer, les discussions, les arguments ne peuvent le prouver. L’idéal est subtil et sa place se trouve dans le cœur. Il ne sort donc rien de cet argument selon lequel le christ serait divin ou le christ serait humain, ou que le christ n'était qu'un prophète ou que le christ est Christ. La réponse à tout cela tient en un seul mot que le christ est cet idéal divin que le dévot sincère tient dans son cœur. Mais dès qu’un homme a réalisé que le christ est l’idéal, il élève alors le terme “ idéal ” à la hauteur la plus extrême, car lui seul sait ce que signifie l’idéal. Il ne lui reste plus aucune raison de discuter sur tel ou tel idéal, ni avec ceux qui suivent cet idéal et ont des idées différentes, ni avec ceux qui ne le connaissent pas ou qui ne suivent pas leur idéal de la même façon que lui-même.

Qu’a dit Jésus-Christ ? Il a donné au monde cette clé pour la connaissance de son propre être : “ Je suis l’Alpha et l’Oméga ”. Qu’est-ce que cela veut dire ? Cela signifie : “ Vous m’avez connu comme Jésus. Vous m’avez connu comme quelqu’un dont la naissance a eu lieu dans un endroit particulier de la terre. Vous m’avez limité à un certain nom et à une certaine forme sans savoir qu’auparavant j’étais et qu’après je serai ”. Il serait injuste de penser que Dieu, la Perfection de Justice, aurait laissé Ses enfants seuls avant la venue du Maître en tant que Jésus, puis pour toujours après la venue du Seigneur. Le père et la mère terrestres n’admettent pas de laisser leurs enfants seuls ; ils les surveillent eux-mêmes ou les confient à quelqu’un qui a le même amour qu’eux. Celui qui limite le Maître enlève pour ainsi dire du Maître le phénomène attaché à son être ; il limite le phénomène qui continue par la suite.

Le Maître a dit : “ Mangez ma chair et buvez mon sang ” en donnant à ses disciples le pain et le vin. Quel symbole entendait-il en donnant le pain et le vin ? L’homme, depuis des siècles, a vu le pain et le vin donné dans les églises. Qu’en a-t-il appris ? Cela donne une leçon. Recevoir le sacrement réel, c’est apprendre cette leçon : le vin est l’amour, et l’amour est Dieu ; et qu’est-ce que le pain ? Le pain est l’aliment et l’aliment est vie. Et qu’est-ce que la vie ? La vie est lumière. Le Seigneur entendait donc par là : “ Ce que vous pensez être moi-même n’est pas moi ; c’est ma chair et mon sang. Mon moi est amour, mon moi est lumière et se sont l’amour et la lumière qui sont divins ”. Celui qui a idéalisé le Maître, qui a lu son écriture, suivi sa parole, cru en sa religion, celui-là seul peut accomplir sa religion, en la comprenant dans son vrai sens, dans sa vraie signification.