CORRESPONDANCE UNITARIENNE | août 2005 |
Jésus pour moi, maintenant… | |
"Je me demande combien de temps
encore la hiérarchie catholique Jésus
pour moi, maintenant… Jésus n’est ni un dieu, ni un surhomme, ni un envoyé spécial tout droit venu du Ciel avec une lettre de mission en poche, ni le médiateur universel entre Dieu et les hommes, ni même le fondateur du christianisme. Il fut et reste un Juif galiléen du 1er siècle de notre ère, un homme comme chacun de nous, né d’un père et d’une mère et enraciné dans le judaïsme de son époque dont les piliers essentiels étaient la Loi (écrite et orale) et le Temple. En effet, hors de la pratique scrupuleuse de la Loi et de l’accomplissement des rites au temple de Jérusalem - proclamaient les tenants de l’orthodoxie et du pouvoir religieux d’alors - , pas de salut. Dans la fièvre de son temps où la plupart des groupes religieux guettaient l’avènement du règne de Dieu qui anéantirait les impies et ferait triompher les “ justes ”, Jésus se mit lui aussi à annoncer la venue de ce royaume mais d’une manière tout à fait originale. En s’inspirant des sources les plus pures de sa tradition, il souhaitait rénover et réformer la religion dont il était issu, pervertie par le légalisme et le ritualisme. Tandis que les uns affirmaient que seuls ceux qui observaient scrupuleusement la lettre de la Loi (et les fameux 618 commandements) seraient sauvés, Jésus a osé prendre le contre-pied au nom même du visage du dieu dont il se réclamait. La Loi est faite pour l’homme et non l’inverse. Ce qui compte, c’est ce qui sort du cœur … Quelque soit son passé, rien n’est fatal pour l’homme. Tout être a un avenir possible, y compris les prostituées, les publicains, les “ impurs ”, etc. Tandis que les autres fondaient leur sécurité sur le Temple (“ Maître, regarde ces pierres ! ”), Jésus n’a pas craint d’affirmer que les vrais adorateurs de Dieu l’étaient en esprit et en vérité et que le Temple n’avait pas les promesses de la vie éternelle ! Tandis que d’autres encore, les esséniens, s’isolaient pour vivre dans un état de pureté rituelle grâce à des bains de purification et ainsi se mettre à l’abri de toute contamination venant des “ impurs ”, Jésus s’est plu à frayer avec les gens de mauvaise réputation et à s’asseoir à leur table : à eux aussi, Dieu s’offrait comme partenaire. On sait où ce combat a conduit Jésus, combat qui a libéré, éveillé, remis debout tant d’hommes et de femmes. Suspecté, calomnié, en butte à mille tracas, il a fini par être arrêté, torturé et exécuté comme blasphémateur de Dieu. Pourtant, la brèche qu’il a ouverte ne s’est jamais refermée depuis 20 siècles et son témoignage continue, aujourd’hui comme hier, à inspirer nombre d’êtres en quête de leur humanité. Je suis de ceux-là. Ce qui me passionne en effet chez Jésus, c’est sa liberté intérieure, son attention aux gens et d’abord à ceux qui étaient les plus marginalisés, sa foi dans les possibilités spirituelles des êtres, son courage et sa lucidité, l’importance qu’il accordait à des temps de ressourcement intime, en présence de Celui qu’il appelait son Père, la vérité de ses paroles accordées à ses actes, son rejet des apparences et son goût pour l’authenticité, sa capacité à se remettre en cause et à découvrir sans cesse, grâce aux évènements et aux rencontres, son propre chemin, enfin son intériorité où il puisait lumière et force pour inventer sa voie. Je ne prie plus Jésus. Je ne lui demande rien, mais je recueille en moi, avec émerveillement, les traces de son passage parmi nous. Je les médite, je fais descendre au plus profond de mon être ses paroles de lumière et ses actes de libération afin qu’ils m’éveillent, me réveillent, me bousculent, me stimulent et me confirment. Ainsi Jésus m’est-il infiniment présent, comme un ferment, comme un appel, comme un horizon. De cette manière, j’espère être à sa suite disponible à Dieu, source commune d’humanisation, à l’œuvre au plus intime de chaque vie. Sur les chemins d’humanité, Jésus nous précède, “ l’un d’entre nous avec une intensité d’exception ” (Stanislas Breton). Il demeure le compagnon de toujours, que je n’ai jamais fini de connaître et de reconnaître, qui me reste d’autant plus mystérieux qu’il me devient plus familier, mais que je découvre davantage à la faveur de mon propre approfondissement dont il est avec moi l’acteur silencieux. Il est de ma responsabilité - c’est aussi la charge de ceux qui vivent de son esprit - de le re-susciter à longueur de jours et de siècles. Sinon, comment demeurerait-il vivant parmi nous ! |
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