CORRESPONDANCE UNITARIENNE    mai 2005

Se dire …
au-delà des étiquettes des orthodoxies

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unitariennes


n° 43

Rire c'est risquer de passer pour un idiot.
Pleurer c'est risque de passer pour trop sentimental.
Pour réussir il faut risquer l'engagement.
Exprimer ses sentiments c'est risquer de montrer sa vraie nature.
Placer ses idées et ses rêves devant la foule c'est risquer qu'ils vous aiment.
Aimer c'est risquer de ne pas être aimé en retour.
Vivre c'est risquer de mourir.
Espérer c'est risquer le désespoir.
Essayer c'est risquer l'échec.
Mais le plus grand risque de la vie est de ne pas en prendre.
Celui qui ne risque rien, ne fait rien, n'a rien et finalement n'est rien.
Ils peuvent éviter les souffrances et les pleurs,
mais ils ne peuvent ni apprendre, ni ressentir, ni changer, ni grandir ni aimer.
Seul celui qui prend des risques est libre.
Citation d’un auteur inconnu transmise par Christian Collas, le 18 avril 2005,
au groupe de discussion « Unitariens francophones »

C. Collas d’ajouter à l’usage du groupe :
si quelqu'un veut exprimer ses rêves .. je crois qu'elle / il a [ici] sa place…

Se dire … au-delà des étiquettes des orthodoxies
par Jean-Claude Barbier, chrétien unitarien


C’est toujours risqué de classer les autres, comme les botanistes le font pour nos amis les animaux. Mais eux ne parlant pas, nous ne pouvons leur demander leur avis, leur sentiment. Il en va tout autrement chez nos amis les hommes. Ce sont des rebelles aux classifications. Pire, en ces temps d’individuation, ils deviennent de plus en plus insaisissables. Je vais vous parler de quelques uns de mes amis qui ont ce défaut.

À commencer par Théodore Monod qui se disait « chrétien pré-nicéen ». Il fut président d’honneur de l’Association unitarienne française (puis francophone). Lors de la fondation de cette association, en 1986, dans le cadre d’une conférence internationale de l’IARF à la Faculté libre de théologie protestante de Montpellier, c’est autour de sa célèbre personnalité que les fondateurs (au nombre de 6) se réunirent. Il fut également le président d’honneur de l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens, fondée en 1996 après scission au sein de l’association précédente. Et pourtant, Théodore Monod n’a jamais dit qu’il était, lui, «unitarien » … bien qu’Albert Blanchard-Gaillard ait raison de rappeler que ses convictions théologiques l’étaient bel et bien.

Et puis, mon ami Pierre Castaner, du mouvement « Jésus simplement », qui dit qu’il est alter-chrétien. Il a pris, comme on dit, de la distance vis-à-vis des dogmes chrétiens et je lui ai fait remarqué que, somme toute, il était proche des unitariens. Mais mon ami est un poète et il trouve que le terme d’unitarisme est plutôt barbare (bien que j’eusse pris soin de ne pas utiliser l’anglicanisme encore plus barbare qu’est l’unitarianisme). Au stade de notre conversation, je n’avais pas encore osé lui parler de l’unitarisme-universalisme ! Pierre y tient à son expression, bien qu’il soit encore seul à l’utiliser, et, je le connais, il n’en démordra pas, lui qui a osé écrire que Jésus fut anarchiste (bulletin du Parvis n° 15, septembre 2003) ! En nous appuyant sur la riche expérience cultuelle qu’il vit avec des jeunes lors de soirées qu’il organise à Marseille, en son Café Courant d’Air (que la chaîne de télévision ARTE est venu filmer), nous avons partagé le pain et le vin entre chrétiens libres lors de célébrations ouvertes à tous (voir notre bulletin n° 29 de mars 2004, et les Cahiers Michel Servet n° 1 d’octobre 2005 « Le culte chrétien de maison … ») .

Le responsable de Croyants en liberté Sarthe, a connu un meilleur succès avec son expression de
« catholique réformateur » puisque la voilà reprise par les 41 associations de la Fédération des réseaux du Parvis pour désigner leur mouvance. Cette expression, explicitement, a une connotation protestante: les catholiques réformateurs souhaitent non seulement réformer leur Eglise d’origine, mais reconstruire une Eglise « autrement », plus libérale et plus engagée dans le monde.

Fabrice Tyrakowski eut moins de chance lorsqu’il exprima sa référence à Faust Socin. Effectivement, il avait une pensée plutôt arienne. Il était alors sous une autorité cléricale unitarienne qui lui fit remarquer que les unitariens n’étaient plus sociniens depuis belle lurette. C’était de l’histoire ancienne ! On ne publia pas ses propos … Je fus guère mieux loti par la même autorité lorsque je confessai que j’étais chrétien unitarien. On me fit comprendre que cela était d’un autre âge et qu’aujourd’hui il n’y avait plus qu’une grande et même famille, des « unitariens point c’est tout ». Ajouter des qualificatifs, c’était diviser et faire de la pagaille, jeter de la confusion dans les milieux non universitaires. On me pria de repartir d’où je sortais, à savoir la bergerie catholique. Avec mon anti-trinitarisme, ma non-papôlatrie et mon anticléricalisme, me voilà le cul entre deux chaises ! Fort heureusement qu’il y avait l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens, un refuge institutionnel ! Je n’étais donc pas tout seul à avoir des idées tordues … Et puis, grâce à Internet (en ouvrant par exemple la rubrique « affinités et passerelles » du site Profils de libertés, j’ai découvert plein d’autres « chrétiens unitariens » … mais vraiment plein ! J’ai aujourd’hui, un « plein » d’adresses à communiquer de part le monde entier.

Les Unitariens-universalistes (UU) sont habitués à des qualificatifs qui s’ajoutent, un peu comme des wagons. Il y a des UU bouddhistes, des UU païens, des UU polygames, etc. Il y a donc aussi des UU chrétiens. Que ne suis je donc pas « unitarien chrétien », puisque je tiens tant à être chrétien ! Et non pas, comme je m’entête de le dire, « chrétien unitarien » - ce qui est pour certains, une espèce disparue à jamais, incorrecte dans le parler unitarien contemporain. Et alors, là, je relis la fable de La Fontaine - celle du meunier et de son âne - et je renvoie à leur temple tous les gardiens des orthodoxies, tous ceux qui veulent dire les convictions des autres, à leur place, comme si ceux-ci n’étaient pas capables de le faire d’eux-mêmes. Que diable, laissez les gens se dire, parlez de leurs choix personnels, se présenter comme ils l’entendent … et gardez vos catégories rigides !