CORRESPONDANCE UNITARIENNE | juin 2004 |
Les chrétiens libre d'Outre-Manche | |||||||||||||||||||||||||||||||
« S'il ne
se passe rien, on peut dire que, dans un siècle, Les
chrétiens libres d'Outre-Manche L'histoire
religieuse en Grande-Bretagne est marquées par un pluralisme chrétien.
A partir du schisme de 1534, l'anglicanisme est la religion officielle,
mais le catholicisme a pu se maintenir. La lecture individuelle de la
Bible a fait le reste, car elle encourage indéniablement à l'éclosion
de congrégations hors mur : les « puritains »,
les quakers, les unitariens ; ou encore de multiples mouvements
de réveil : les méthodistes, les salutistes, lesquels
sont devenus des Eglises à part entière, et aujourd'hui,
des courants transversaux comme les charismatiques et les évangéliques
qui multiplient les Eglises de maison. Mieux, l'Eglise anglicane, ayant
pris conscience de la fin d'un christianisme classique et tenant le plus
grand compte des sciences humaines, accepte qu'une mouvance chrétienne
informelle émerge, non reliée aux institutions existantes, … en
espérant qu'elle pourra le faire ultérieurement. Cette
Eglise fait preuve ainsi d'une grande flexibilité, contrairement à l'Eglise
catholique romaine en France dont la hiérarchie vieillit rapidement
et n'a pas su acquérir l'once d'une autonomie par rapport aux
directives du Vatican comme l'a prouvé l'affaire Gaillot en 1995. L'unitarisme est bien implanté en Grande-Bretagne
et compte en ce début de siècle quelques 183 congrégations,
137 ministres de culte, et environ 6.700 fidèles adultes. La première
manifestation unitarienne, un tract niant le dogme de la Trinité,
date de 1647 ; mais il faudra attendre 1774 pour qu'une première
congrégation se constitue à Londres (dans une clandestinité qui
durera jusqu'en 1813). Ce sont ces unitariens qui, à la fin du
XIXème siècle, sous l'influence de l'Anglais James Martineau
(1805-1900) dont la théologie fut plus rationaliste et moins confessionnelle
et qui prôna une ouverture du christianisme et l'inscription de
l'unitarisme au sein des Eglises libérales, vont - les premiers
- parler d'un christianisme « libre ». 300 Eglises
libérales du Royaume britannique s'organisent en une Free Christian
Union. Celles-ci fusionnent en 1928
dans la General Assembly of Unitarian and Free Christian Churches (l'Assemblée
générale des Eglises unitariennes et chrétiennes
libres). Quel est le rôle joué par l'unitarisme
britannique dans l'émergence de ces nouvelles communautés
hors Eglise ? Jean Hassendorfer (voir ci-dessous la rubrique « bibliographie »),
qui suit attentivement cette dynamique, n'en parle pas. Faut-il en conclure à son
isolement par rapport aux autres composantes chrétiennes à la
fois à cause de son anti-trinitarisme et de son ouverture résolue à des
non croyants ? Promoteur d'un christianisme qui affiche sa liberté, éducateur avec l'important « collège » de niveau universitaire qu'est le « Manchester College » à Oxford* et celui de Manchester, le «Unitarian Collège », héritier d'une longue tradition historique qui compte en ses rangs nombre de scientifiques et de philosophes, l'unitarisme en Grande-Bretagne a assurément des atouts importants pour jouer un rôle dans la gestation d'un christianisme phénix entrain de renaître de ses cendres. *
Lucienne Kirk, co-fondatrice et première présidente de l'Association unitarienne francophone
(AUF), y a soutenu un mémoire de maîtrise de théologie,
en 1986 : « Exposé des thèses de James
Luther Adams sur Dieu, les Eglises, les croyants et les Ecritures ».
Ce collège est devenu depuis le Harris Collège.
Stuart
Murray William, 2000, Church planting. Laying
fondations, Paternoster Ce livre décrit la situation en Grande-Bretagne
(voir Parvis, n°18, juin 2003, pp. 20-22). On constate aujourd'hui un
foisonnement d'expériences et d'innovations dans une grande variété d'approches.
Ce courant témoigne d'une conviction de foi et d'une grande créativité.
Une Eglise émergente apparaît (voir sur le site emergingchurch,
dans la rubrique « réflexions », des contributions
très éclairantes) dont l'auteur dégage trois types : Moynagh Michael, 2001, Changing
world, Changing church Monarch Books, traduit
en français sous le titre « L'Eglise
autrement . Les voies du changement », avec des préfaces
de Guy Aurenche et Stéphane
Lauzet, octobre 2003, éd. Empreinte / Temps présent Pasteur anglican, expert en prospective, l'auteur, à partir du constat établi par les sociologues dans les années 90 qui voient une remontée des croyances chrétiennes en Europe occidentale en dépit d'une baisse continue de la pratique, pense qu'il faut une nouvelle manière de « faire Eglise », notamment en s'appuyant sur les divers milieux de vie, notamment là où les gens se rencontrent pour leur travail, leurs consommations, leurs loisirs, etc. ; en épousant les réseaux d'affinité et en constituant des « niches » socioculturelles. En Grande-Bretagne on constate en effet l'importance du « croire sans appartenir ». « L'Eglise a quitté le terrain de jeu. Elle s'est enfuie du monde du travail, de la société de consommation et des réseaux où les gens en trouvent d'autres comme eux. Au moment où il faudrait établir des liens avec un univers où l'on recherche désormais un rapport personnalisé : « cela doit m'aller », l'Eglise se tient dans un splendide isolement en offrant un produit standardisé qui assure que c'est aux gens de venir à nous. Aujourd'hui ce produit ne peut plus toucher la vie quotidienne des gens. Est-il surprenant que si peu désirent s'impliquer. Mais comme de moins en moins de gens appartiennent, de moins en moins seront également en situation de croire » (p. 79). Il faut s'adapter avec beaucoup de flexibilité à une culture « mosaïque ». En final, l'auteur appelle « à la création de communautés chrétiennes épousant la nouvelle dynamique socioculturelle en les invitant à aller jusqu'au bout de leur vocation, c'est-à-dire d'entrer en pleine responsabilité dans une expression collective de la foi. C'est une Eglise hors les murs qui apparaît, l'Eglise locale reliant ces communautés, ces « congrégations » à l'Eglise universelle ». Voir la présentation de ce livre par
Jean Hassenforder, 15 juin 2003, sur le site de Témoins, « le site de la culture chrétienne
inter confessionnelle ». Brierley Peter, 2000, The tide in running out (La marée recule au galop), Christians Research Association L'auteur nous fait part des
recherches de la Christian Research Association qui est un observatoire
de l'évolution du
christianisme en Grande-Bretagne. Cette association travaille en relation étroite
avec les Eglises, lesquelles prennent au sérieux les diagnostics
qui sont faits. voir leur site www.christian-researchh.org.uk Ward Pete, 2002, Liquid Church. A bold vision of how to be God's people in worship and mission. A flexible, fluid way of being church. Paternoster Press Pour l'auteur, qui est théologien, l'Eglise fluide
est faite de multiples rencontres occasionnelles lesquelles sont autant
de moments forts pour des chrétiens qui considérèrent
que c'est dans leur convergence même, informelle, que naît
l'Eglise et non dans des hiérarchies et des bâtiments. « Je
fais Eglise, nous faisons Eglise ». Il ne s'agit pas de rejeter
l'Eglise structurée, « solide », laquelle
répond toujours à des besoins et qui va améliorer
son fonctionnement, mais de reconnaître, à côté et
en symbiose, cette Eglise émergente, en phase avec la « modernité liquide » qui
caractérise la culture contemporaine : « Nous
avons besoin de plus de diversité dans la vie de l'Eglise ». extraits du c.r. de Jean Hassendorfer,
groupe de recherche de Témoins, novembre 2003. Davie Grace, 1996 (traduction française) La religion des Britanniques de 1945 à nos jours. Labor et Fides Pour la période la plus récente, l'auteur constate que la croyance persiste, mais ne s'exprime plus dans la fréquentation des Eglises. C'est la foi sans appartenance. |
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