CORRESPONDANCE UNITARIENNE    octobre 2002

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unitariennes


N° 5

Ô Dieu, envoie-nous ton souffle pour nous réconcilier

action de grâce pour remercier Dieu
qui a réconcilié entre eux mes frères du Christianisme céleste
après une longue et si douloureuse division.

Du haut de sa sublime Porte,
d’où Dieu créa la terre jusqu’à ses confins
et les grands monstres marins, et l’univers entier,
Il nous envoie son Souffle.
Alléluia pour ta Création qui est née.

Comme les mains d’un potier qui tournent vite le vase d’argile,
ton Souffle, en un tourbillon, fit le Glébeux, notre ancêtre Adam,
et puis, sans nulle pause, à la mode italienne d’un Botticelli,
sa si belle compagne aux longs cheveux flottant dans ton vent,
Alléluia pour le couple que tu fis.

Tu envoyas ton Souffle aux prophètes de tous les temps.
En rêve ou en songe, en éveil ou en voix entendus,
en silhouettes entrevues ou en formes glorieuses ;
ils furent inspirés en ton Nom.
Alléluia pour la Parole que tu nous envoies.

Et puis, cette colombe diaphane sur la tête de ton Fils bien aimé,
planant sur les eaux du Jourdain comme sur l’océan primordial ;
et puis cette brusque tempête sur le lac de Tibériade,
qui fit si peur à Pierre et à ses compagnons de pêche ;
Et puis ce vent tragique qui se leva comme un flash
pour déchirer le voile du temple de Jérusalem.

Et puis, à l’heure où l’aube tarde tant à se montrer, suspendant le temps,
comment ne pas oublier cette si douce brise
qui, pour notre bien être, rafraîchit encore plus la nuit finissante.
C’est elle qui accueillit les femmes en pleurs,
venues au tombeau parfumer les pieds du crucifié.
Alléluia pour le Fils que tu nous a donné.

C’est toujours ta brise qui apaise nos querelles d’hommes,
qui tempère nos ardeurs, qui suspend les gestes trop prompts
et les paroles de chair, tranchantes comme une arme d’acier
ou qui transpercent comme un javelot.
C’est toujours ta tempête qui nous rend vigilants,
qui nous fait scruter le ciel ou écouter la radio,
et fait de nous de fiers guetteurs, debout sur la proue, fixant l’avenir.
Alléluia pour le Souffle d’éveil que nous recevons.

Le vent siffle à la fenêtre fermée
et la tempête, bientôt, cogne aux volets.
Impétueuse, elle veut rentrer dans ma maison.
Sans tarder, l’orage me somme de sa voix.

Je n’ai pas eu peur ; j’ai ouvert ma fenêtre ;
c’est la brise du matin qui est entrée.
Elle a inondé mon cœur troublé ; elle l’a dilaté jusqu’aux extrémités de la terre ;
et mes mains se sont entrouvertes pour embrasser tous mes semblables,
l’aîné et le cadet, le fils prodigue et le fils comptable,
le parent et l’ami, le frère et l’étranger, le proche et le lointain,
le beau et le laid, le bon et le méchant, l’intelligent et le moins doué.
Ton Souffle est un baiser d’amour. Alléluia.

Voilà que les dignitaires de ton Eglise
- ceux qui veulent toujours être au premier rang,
pour recevoir bénédictions, onctions et nourritures terrestres,
pour montrer leurs grades et leurs belles voitures -
voilà qu’il se sont mis à gravir la montagne céleste.
Ils vont pieds nus et simple robe blanche, en pénitents et pèlerins,
Devant eux, avancent les saints de ton Eglise, eux qui vivaient loin des honneurs,
dans le silence de la prière que nous enseigna le rabbi Ièshoua.
Alléluia pour le Souffle de sainteté dont nous avons tant besoin.

Jean-Claude Barbier, Porto-Novo (Bénin), le 19 septembre 2002

Chants a capella

Laissez moi je vous prie, sans jalousie aucune,
adresser ce chant à mon ami Porto-Novien, Noukpo Agossou,
qui sait si bien défendre son patrimoine culturel et la nature de son site,
cette prière au Dieu créateur d’un ami de passage et de toujours.

Ô Dieu qui l’instant d’un flash créa l’univers,
et les étoiles pour nous guider dans notre si long voyage,
et la lune discrète pour nos nuits de veille,
et encore la terre bleue où nous sommes.
Ô Dieu qui a donné des couleurs et des formes si variées à la Nature,
qui a donné l’Intelligence à tout ce qui vit,
à la fourmie travailleuse, à l’abeille butineuse,
au serpent qui se love dans les rocailles et crache son venin pour mieux se défendre,
au dauphin qui bondit et sait danser et jouer parmi les vagues de l’océan,
au cheval qui galope dans les steppes et emporte au loin son cavalier,
au chien de la maison qui fête l’homme dès qu’il arrive,
aux singes qui épouillent sans cesse leurs petits nichés dans les cimes,
je veux te louer, ô Dieu, avec les chants de mes ancêtres pygmées.

Du haut des ziggourats qu’enlacent les deux Fleuves,
d’où les mages d’Orient aperçurent l’Etoile de David,
Du haut des pyramides de Misraïm et du Sphinx altier,
qui dominent les siècles et la coulée verte du Nil,
tombeaux antiques et solitaires élevés dans le désert pour vaincre la Mort,
Du haut de l’échelle de Jacob, plantée en terre promise,
Du haut de la montagne de Sion, que j’ai gravie en chantant les psaumes,
Du haut de la colline de Tchetti, au Bénin, avec les chrétiens célestes en habits de prière,
Je te louerai, ô Dieu, avec les chants de mes amis pygmées.

Avec les anges et les sept archanges,
avec les séraphins de feu et les chérubins aux ailes d’or,
avec les nuages qui courent dans l’azur et soutiennent ton trône,
je veux chanter, chanter sans cesse, chanter toujours, chanter encore, tes louanges à l’infini,
comme savent si bien le faire les Pygmées de la grande forêt,
avec leurs seules voix “ a capella ”.

Ô mes amis juifs, moi qui suis musulman et Palestinien,
laissez-moi, je vous en conjure, entrer dans vos lieux saints,
pour entendre, dans vos synagogues, vos olifants de gloire.
Ô mes amis musulmans, moi qui suis juif,
je veux psalmodier avec vous les saints noms de Dieu,
au sein de vos confréries soufi, à l’ombre de vos mosquées en terre d’argile.
En Ethiopie et au Soudan, ne sommes nous pas partis, chacun de nous, à la recherche,
bien au-delà des lointaines sources bleues du Nil,
des Pygmées aux voix de sirènes mystérieuses et invisibles ?

Moines des déserts de l’Egypte copte,
Moines byzantins aux voix si graves,
Moines de Roumanie qui avez peints vos murs de vives couleurs,
Moines irlandais qui êtes allés jusqu’aux extrémités de la terre,
Moines d’Orient et d’Occident,
qui sait mieux que vous célébrer Dieu et ses merveilles,
l’Annonce faite à Marie par l’ange Gabriel,
la Trinité trois fois sainte et l’Incarnation dans la nuit de Noël,
ou encore Jésus, votre Roi, entrant le jour des Rameaux dans sa Jérusalem céleste.
Qui sait mieux que vous joindre vos voix à celles des anges et des archanges,
des séraphins et des chérubins ?
Avec mes amis pygmées, je veux tant chanter avec vous
l’intelligence de Dieu et la beauté de sa Création.

Quête du Graal, qui fait voyager et découvrir le monde !
Je suis parti ainsi de ma Bretagne natale, sans tambourin ni cornemuse.
Il y a de cela longtemps, étant jeune, laissant père et mère, que désormais je regrette.
J’ai vu bien des peuples célébrer Dieu à leur manière,
avec leurs seules voix ou bien avec leurs instruments de musique,
avec leur nudité ou bien avec des parures et des vêtements,
J’ai entendu, comme une symphonie, les chants si divers de leurs antiques religions.
Je veux moi aussi, mettre ma voix dans celles de tous ces devanciers,
chanter comme eux, faire leurs gestes, marcher ensemble, prier en levant les mains,
les accompagner un temps comme si c’était pour l’éternité,
partager avec eux le pain et le vin, au nom de Ièshoua,
avant que de reprendre mon bâton de pèlerin,
et d’aller revoir les Pygmées et leurs chants “ a capella ”.

Jean-Claude Barbier, Porto-Novo (Bénin), le 15 septembre 2002