Vous le savez bien, le choix
de Joseph Ratzinger, par un collège
de cardinaux truffé d’ultra-conservateurs par
Jean-Paul II, ne s’est pas fait entre une mouvance plutôt
conservatrice et une autre plutôt libérale - comme
on dirait en politique française entre Droite et Gauche,
ou en politique britannique entre Conservateurs et Travaillistes.
Non ! il ne s’agit pas d’une simple alternance,
mais de l’arrivée au pouvoir (ou de la prise de
pouvoir par noyautage) d’une extrême droite. L’Opus
Dei, dont on connaît l’entrisme dans les hautes
sphères et la porte d’entrée royale que
lui offrit le précédent pape, est arrivée à ses
fins.
Il s’agit d’une victoire à la
Pyrrhus car la situation de l’Eglise catholique ne
lui permet pas une telle politique. En Europe occidentale
et en Amérique
du Nord la déchristianisation va s’en trouvée
accélérée. En Amérique latine,
la condamnation sans nuance de la théologie de la
libération
et la nomination d’évêques réactionnaires,
a creusé un écart entre la hiérarchie
et nombre de prêtres et de fidèles. En Afrique
noire, la condamnation (criminelle) de l’usage des
préservatifs
a, elle aussi, plongé nombre de catholiques dans le
désarroi. Si Jean-Paul II, du fait de sa résistance
historique au communisme, et de sa politique de réconciliation
avec les juifs et les musulmans, de son âge et de sa
souffrance - c’était comme un grand-père à qui
on pardonnait volontiers certains propos -, était
auréolé et
hors d’atteinte, il n’en est pas de même
de Joseph Ratzinger qui arrive avec la réputation
de champion d’un camp politico-religieux et dont les
prises de position sont bien connues.
L’avantage du
choix de nos éminents cardinaux,
c’est qu’il crée une situation désormais
claire et nette : un pape réactionnaire, une hiérarchie
complètement domestiquée qui s’empresse
de dire (hypocritement) sa joie, l’illusion de penser
que le catholicisme peut surfer sur les mouvements charismatiques
et la piété populaire qui remplissent la place
Saint-Pierre à Rome, etc. Au tour des catholiques
de base de faire leur choix, à commencer par cette
question : à qui donner nos deniers du culte ?
Nous
vous suggérons non seulement une grève des
deniers du culte, mais de les donner désormais aux
mouvements qui oeuvrent à la re-fondation d’un
christianisme plus conforme aux Evangile et à la personne
de Jésus.
Nous nous tournons tout naturellement vers les grandes fédérations
qui regroupent les “ catholiques réformateurs ”,
en France avec le Parvis, en Belgique francophone avec les
Pavés, en Europe avec le réseau Nous sommes
l’Eglise
et le réseau européen “ Eglise de liberté ”,
etc. A elles d’organiser la collecte des fonds dont
nous avons besoin pour nos multiples activités : bulletins,
revues, célébrations de partage du pain et
du vin entre chrétiens libres, conférences,
universités
d’été, publications de livres, aide à nos
prêtres et théologiens en difficultés,
etc. Oui, nous avons besoin de moyens financiers et logistiques.
Il ne s’agit pas de dissidence, ni de fonder une autre
Eglise, mais de nous donner les moyens - non seulement de
survivre avec notre foi - mais pour redonner espoir à un
grand nombre de nos frères.
Le souffle de Dieu nous
l’a souvent appris : un évènement
est toujours positif si les hommes savent le mettre à profit.
Merci à Joseph Ratzinger de nous avoir ôté nos
dernières hésitations, nos ultimes “ benoîteries ”.
Le temps est désormais à l’action par
le bas et non plus aux vaines attentes d’un destin
qui nous viendrait d’en haut, comme par exemple d’un “ nouveau
pape ”. Enfin, nous voilà totalement libres,
adultes : à nous de savoir nous organiser en conséquence.
Et d’abord, mettons à profit nos messageries électroniques
et nos sites pour diffuser nos analyses et nos décisions
!
Avec l’espoir de reconstruire un christianisme
plus fraternel.
Jean-Claude Barbier (chrétien unitarien),
le 20 avril 2005.
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