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 Les chroniques



    Nadine de Vos

 

 

 

   

 


Le Credo des 500

 

 

La dernière réunion à Paris du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat – le GIEC – fait couler beaucoup d’encre et de salive et suscite l’émoi : l’Homme, ce salaud, serait responsable de 95 % du réchauffement climatique et du cortège de conséquences apocalyptiques que cela comporte(rait). Quelle culpabilité lourde à porter : non seulement ce snul a commis le péché originel, mais voilà qu’à présent il active le feu du pétard final ! Tout de suite, ajoutons un bémol : ce pourcentage n’est qu’une probabilité, discutée, liant les activités humaines à une hausse de la température des dernières décennies, hausse sujette à controverse elle aussi.

L’ignorance dans laquelle je me trouve en compagnie de bon nombre de mes semblables, si elle me conduit à être très impressionnée par le langage scientifique quelquefois hermétique des uns et des autres – qu’ils soient spécialistes ou simplement perroquets – me pousse quand même à rester circonspecte et à ne pas céder à la tentation de me laisser convaincre par des propos savants et, subséquemment, à une panique irrationnelle.

« Le Consensus scientifique n'est pas synonyme de "vérité certaine" et lorsque l'on manque de connaissances expertes pour évaluer une prise de position scientifique, le meilleur choix est de faire appel au Consensus. » (1) ? C’est ce qu’ont fait les membres du GIEC.

Donc, des experts manquant de connaissances expertes sont arrivés à un consensus, malgré ce que disent ou contredisent d’autres experts, gradés, décorés et reconnus eux aussi mais ne faisant apparemment pas partie de la majorité ni du GIEC, ce dernier ne s’exprimant en outre qu’en termes probabilistes.

Le moins que l’on puisse dire est que le doute subsiste. Cependant, l’incertitude est une arme à double tranchant qui ne peut être brandie pour justifier l’inertie. Au contraire, elle peut même suffire à légitimer la prudence, fût-elle in fine inefficace ou superflue. Tout dépend de l’enjeu.

« Le système climatique est très complexe et instable » (2) et plusieurs phénomènes indépendants de l’activité humaine l’influencent. À cela, on ne peut rien changer. En revanche, comme pour les CFC, on peut intervenir sur les facteurs qui dépendent de nos activités. Et même si globalement certaines actions ne représentaient qu’une goutte d’eau dans la mer, il faudrait quand même les entreprendre et les mener à bien mais sans oublier l’essentiel : donner enfin à la recherche les moyens de trouver des solutions satisfaisantes et réellement efficaces à grande échelle.

Nul besoin pour cela de se sentir coupable et d’avoir peur. Nul besoin de prononcer le credo des 500 ni de suivre aveuglément Saint Hulot (pour ne pas dire Saint Nicolas) dans son honorable croisade : le simple bon sens suffit.

Nadine de Vos, le 5 février 2007

(1) Voir sur le site de GreenFacts, le dossier « Réchauffement climatique ».
(2) Voir l’article de Paul Charbonneau, prof. titulaire de la Chaire de Recherche du Canada en Physique Solaire (université de Montréal)

NOTE

Le journal Le Monde publie, ce 6 février, un "point de vue" intitulé "Pas de certitude scientifique sur le climat".

L'auteur, Serge Galam est physicien au CNRS et membre du CREA (Centre de recherche en épistémologie appliquée) de l'École polytechnique.
Il souligne que si nous sommes effectivement responsables du réchauffement climatique,"notre avenir est entre nos mains". Par contre si la thèse "canonisée" par le GIEC était erronée et que les causes du réchauffement étaient indépendantes de nous, le choix actuel nous mettrait en danger car au lieu de "démultiplier la recherche fondamentale et appliquée des moyens qui nous permettraient de vivre indépendamment des conditions climatiques (...), toutes nos énergies et ressources se trouveraient réduites et contrôlées."
Et nous irions dans le mur... 

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