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 Les chroniques



    Nadine de Vos

 

 

 

   

 


Noël et ses trésors

 

 

Comme dans toute famille bien formatée, les noëls de mon enfance étaient inconcevables sans sapin enguirlandé et illuminé, sans crèche, sans cadeaux et sans cougnous. Un Père Noël par-ci, un bonhomme de neige par-là, des anges musiciens, quelques bougies, des rubans et l’une ou l’autre comète venaient compléter le tableau : la magie était installée jusqu’au lendemain de l’Épiphanie.

Je suis à présent athée et le récit de la Nativité que je tenais pour vrai autrefois, a tout naturellement trouvé sa place dans mon livre de fables et de légendes, dans ma mémoire des mythes si précieux parce que riches en enseignements et en informations sur l’évolution des mentalités.

Et pourtant, comme par le passé, je décore la maison et l’arbre de Noël en écoutant les chants traditionnels et les cantiques de circonstance. Dans une bonbonnière, une crèche miniature apparaît, composée de figurines de galettes des Rois, mais avec deux petits Jésus, deux Joseph et deux ânes – on ne choisit pas ses fèves – sous l’œil malicieux d’un Père Noël flanqué de chérubins.

Noël, pour moi, c’est une tradition qui se situe en-dehors de toute croyance ou ferveur religieuse. Pour reprendre l’exemple d’André Gounelle, c’est La flûte enchantée toujours réécoutée avec le même plaisir bien que différente à chaque fois, dont il n’est pas utile de gommer l’histoire fantastique pourtant un peu pâlotte sans la musique qui l’enrichit, qui fait vibrer ses mots et briller ses étoiles.

Quelle que soit la forme littéraire employée, les rédacteurs des Évangiles ont clairement souhaité communiquer quelque chose à un moment donné. Que ce quelque chose puisse, aujourd’hui, fonder ou traduire une foi en un personnage, peut-être mythique lui aussi, est affaire individuelle et privée.
Tous les mythes, tous les contes sont porteurs de messages et sujets à interprétation.

Leur étude est édifiante, comme l’est l’analyse de la « fantasmagorie » symbolique de l’opéra de Mozart. Pour poursuivre dans cet exemple et pour décliner la comparaison, ce que l’on éprouve vivement pendant l’écoute – le ressenti – ne vient pas du texte, même si on l’a décortiqué, mais de la musique qui, finalement, n’a rien à voir avec les livrets, les mythes, les paroles qu’elle magnifie peut-être mais sans les expliquer. La musique nous touche sans détours, sans référence à un quelconque contenu, sans besoin d’exégèse. Elle ne dit rien mais fait « sentir des choses » : c’est une expérience personnelle et directe, singulière et surprenante, incommunicable aussi car elle ne porte, en soi, aucun message.

Noël n’aurait que peu d’attrait sans son habillage scintillant et ses trésors pourtant sans grand rapport avec les mythes et leur signification supposée. Elle est devenue une fête centrée sur la famille et les enfants, elle réenchante et rappelle à notre petit monde étroit qu’il peut encore s’émerveiller. Et peu importe, enfin, qu’elle trouve son origine dans la commémoration de la naissance de Jésus ou de celle de Mithra, dans la célébration de la fin de l’année solaire ou de quelque dieu païen…

Merveilleux Noël à tous, croyants, agnostiques, athées… et joyeux solstice d’hiver 2006.

Nadine de Vos, le 22 décembre 2006