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 Les chroniques



    Nadine de Vos

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Merci à Nadine de Vos de nous avoir permis de retirer un texte dont nous nous demandons comment il a pu être édité, et n'avoir été contesté que des années après. Nous l'avons évidemment supprimé de nos colonnes.

La rédaction

 

 

 


Sus au poncif !

 

 

La rubrique « Petite Gazette » du présent site nous propose, à propos du scepticisme, la définition suivante :

Le scepticisme

Dans le langage courant, celui que l'on appelle "le sceptique" ne prend rien au sérieux; il voit dans la vie un jeu où tout n'est qu'apparence et illusion. À ses yeux, c'est une entreprise vaine que de lutter pour la justice, de s'interroger sur la vérité ou de chercher un sens à l'existence. Il se laisse porter par les circonstances; il vit au gré des événements; il va vers le plus facile; il n'a aucune conviction profonde.

De nos jours, le scepticisme tend à se répandre, non pas comme une position réfléchie, mais plutôt sous la forme d'une attitude pratique. Beaucoup de nos contemporains sont atteints par cette "maladie spirituelle" que constitue l'indifférence aux grands problèmes, le refus de se soucier du sens de la vie et du monde.

Ce scepticisme-là est contraire à la Vie.

Le personnage d’opérette mis en scène ci-dessus, s’il dénonce certaines attitudes ou certains faits de société, n’a en réalité rien d’un sceptique. La description proposée qui, de façon absurde, réunit sous une même étiquette les démissionnaires, les agnostiques par facilité, les athées par indifférences, les écervelés, les inconscients et autres inconséquents, ne peut en aucun cas prétendre définir le scepticisme, même selon un sens trivial.

Interrogé, le « Trésor de la langue française » donne, pour « scepticisme » dans le sens courant : Attitude, disposition d’esprit d’une personne portée à l’incrédulité ou à la défiance envers les opinions et les valeurs reçues.  Le sceptique serait donc progressiste ?

Le « Petit Robert » embraye : Doctrine d’après laquelle l’homme ne peut atteindre la vérité dans un domaine ou sur un sujet déterminé et André Comte-Sponville confirme : le scepticisme, c’est le contraire du dogmatisme, au sens technique du terme. Être sceptique, c’est penser que (…) nous n’avons accès à aucune certitude absolue.  Le sceptique serait donc sage ?

Nous sommes déjà bien éloignés de la cigale à tête de linotte décrite dans ces colonnes !

Faisons un petit pas hors du sens commun pour mettre entre parenthèses le scepticisme de Pyrrhon et consorts qui déclare que toutes choses sont également indifférentes, immesurables, indécidables. Ce scepticisme-là se doit de s’inclure dans son propre doute – puisque rien n’est certain – et donc, se saborder. De plus, le scepticisme radical qui considère comme inexistant tout ce qui n’est pas prouvé scientifiquement, devrait se réfuter lui-même puisqu’il affirme une inexistence, ce qu’aucune science ne peut démontrer et ce n’est d’ailleurs pas son propos.

Les croyances qui font appel à une réalité métaphysique, immatérielle, surnaturelle ne font donc pas partie des sujets mis sur la sellette sceptique car cette supposée réalité ne peut être vérifiée ou falsifiée. Il n’en va pas de même pour les croyances collatérales, relatives à de prétendues interventions du surnaturel dans le monde matériel, qui peuvent être scientifiquement examinées.

Le sceptique « modéré », loin d’être une jouette indifférente et amorphe, va s’efforcer de ne pas mélanger connaissances et croyances et de ne pas placer au même niveau de vérité les croyances qui portent sur la réalité physique et les croyances métaphysiques qu’il ne peut nier car elles existent bel et bien même si leur objet lui est douteux.

Nous ne sommes pas tous également doués pour la crédulité, alors : Adorez qui vous voulez, avec les yeux fermés et les oreilles bouchées sans tricher… mais ne demandez pas aux sceptiques d’entrer dans la danse et de faire la révérence.

Nadine de Vos, le 29 octobre 2006