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 Les chroniques



    Béatrice Spranghers

 

Suite à cette réflexion adressée à La Libre Belgique, voici la suite :

- Réaction du rabbin Meyer

- Réponse de B. Spranghers

- Réaction du rabbin Meyer

Cette dernière réaction ne méritait plus de réponse.

 

   

 


Tsimtsum politique

 

 

Dans un récent article (La Libre Belgique du 20 mai 2006), le rabbin David Meyer propose une solution originale pour résoudre les tensions internes à la société israélienne.

Selon lui, la politique du nouveau gouvernement d’Ehoud Olmert permet d’envisager la possibilité d’une certaine paix dans la région (1). Or justement, cette « paix externe » engendre des « tensions internes ». D’une part, la tranche laïque de la société israélienne s’avère favorable au retrait et à la reconnaissance d’un État palestinien, d’autre part, la tranche religieuse attachée à la sainteté de la « Terre d’Israël » refuse délibérément toute négociation avec les palestiniens.

La solution proposée par David Meyer est théologique. Un ancien concept kabbalistique , le Tsimtsum, explique qu’avant de créer le monde, Dieu occupait tout l’espace. Afin de laisser un espace vacant pour l’existence du monde et des hommes, Dieu s’est volontairement « rétracté ». L’espace qui lui appartient, il l’a cédé à l’humanité.

D. Meyer envisage de proposer au monde religieux non pas un retrait politique, refusé d’avance, mais un retrait éthique, semblable au Tsimtsum divin. Cette manière de présenter les choses aurait plus de chance d’aboutir. En effet, si Dieu lui-même est capable de se rétracter pour permettre la vie de l’Autre, pourquoi l’Israël religieux, le peuple élu, refuserait-il un semblable sacrifice ?

Là où le bât blesse, c’est que D. Meyer écrit : « Même si cette terre nous appartient, nous devons être capables de “surmonter” notre tendance à occuper tout l’Être ». Dans son esprit, Israël devrait renoncer généreusement à ce qu’il possède. C’est assez énorme ! Comment les Palestiniens, spoliés de leurs terres depuis 1948, accueilleraient-ils la restitution comme un « cadeau souverain » ?

On mesure l’étendue du malentendu. Si un rabbin libéral avance en toute bonne foi de semblables arguments, pourquoi s’étonner de l’obstination des rabbins orthodoxes et intégristes revendiquant la terre que Dieu donna à Abraham « in illo tempore » ?

Béatrice Spranghers*, le 25 mai 2006

(1) Je doute que les Palestiniens se sentent en paix.

* Théologienne protestante  

Réaction

Béatrice Spranghers vient de réagir à mon article. Sa remarque demande quelques précisions de ma part afin de répondre à un véritable mal entendu. Mon article tente simplement de convaincre religieusement ceux qui justement considèrent que cette terre « est la notre uniquement ». C’est à eux qu’il faut parler et non pas à ceux qui n’ont pas cette vision de la situation. Les choses seraient trop simples si cela n’était pas la question.
En ce qui me concerne, mes précédents articles dans La Libre Belgique, dans Le Monde et Le Figaro sont suffisamment clairs pour dissiper toute confusion sur ma position personnelle.
Un dernier point essentiel. Nous ne parlons pas pourtant de 1948 (comme sa réponse l’indique) mais bien des frontières de 1967 car si cela n’est pas le cas, je crains fort que l’argument de Mme Spranghers ne soit qu’un refus pur et simple de mon droit à l’existence sur une partie de cette terre. La référence à 1948 me semble très suspecte dans son commentaire…

Rabbi David Meyer (01/06/06)

Réponse  

Monsieur Meyer,
J’ai pour vous le plus profond respect que je dois à tout être humain, ni plus ni moins. Je comprends bien que votre argumentation vise à convaincre vos frères religieusement attachés à eretz Israël. Je n’ai pas lu vos articles, néanmoins à la lecture de ce dernier, il me semblait clair que vous parliez de
« votre terre », vous identifiant à ceux qui s’en réclament.
Je ne suis pas de tout antisémite, que du contraire.
Le samedi marquant la fin de la guerre des 6 jours, mon mari et moi débarquions à Lod comme mitnadvim. Partis plein d’idéal, après 3 mois de travail nous sommes revenus antisionistes.
Il est bien évident que les tractations politiques ne portent que sur les frontières de ’67. mais qui donc pourrait nier – sauf au mépris de l’histoire – que c’est bien depuis ’48 que d’innombrables palestiniens ont été boutés hors de leurs terres. C’est par compassion à leur longue souffrance que je mentionne ’48 comme point de départ de leur douloureux exode. Qui est dupe de votre soi-disant volonté de paix ? L’État d’Israël a droit aux territoires qui lui ont été naguère dévolus par l’ONU.
Je reste profondément scandalisée par le mépris outrancier (le mot est faible) qu’Israël affiche à l’égard de la population palestinienne dépossédée de la plus élémentaire dignité due à quiconque.

Béatrice Spranghers (01/06/06)

Réaction

Chere madame
Merci de votre reponse. Heureusement qu'israel ne demande pas l'avis des autres pour exister. L'Europe nous a deja fait comprendre cela. Pour le reste je n'ai certainement pas ecrit le mot " antisemite" dans mon precedent mail. Cette tentative d' accusation vient de vous et non de moi. Je la trouve amusante.
Heureusement que la paix peut se faire avec des individus moins certain de leur "verite" que vous ne semblez l'etre. (sic)

Rabbin Meyer (02/06/06)