Jean-Paul est venu, Jean-Paul
a souffert, Jean-Paul est mort. Seuls les martiens ne le
savent pas. Quoi que ?
Mais la
parade est loin d'être terminée puisque la
célèbre phrase a retenti sur toutes les
ondes : "le pape est mort, vive le pape !", ce
qui signifie que nous entamons le chapitre suivant, celui
des cérémonies d'investiture ou d'intronisation,
je ne sais pas trop ce qu'il faut dire dans ce cas.
Bien
que j'aie scrupuleusement suivi les recommandations de
ma voisine qui me disait que "si je n'aimais pas ça,
je n'avais qu'à fermer le poste", il est impossible
de passer au travers des mailles d'un filet qui se resserre à grand
renfort de communiqués non vérifiés,
servis tout écrits et tout prêts à diffuser,
ce que s'empressent de faire de nombreux médias pour
lesquels, information et déformation semblent devenus
synonymes sous l'effet de l'audimat.
Presque contre ma volonté j'ai donc entendu que, selon
AFP et Reuters, Benoît allait être au centre
de toute une série de rites dont la visite à la
tombe de Saint-Pierre "pour symboliser le passage de
témoins entre le fondateur de l'Eglise et son 264ème
successeur", la réception des insignes de sa
fonction, etc.
Ce qui me surprendra toujours, ce n'est pas
tant le décorum
ou le faste démesuré attaché à ce
genre d'exhibition traditionnelle – ce que j'appelle
la poudre magique – mais le fait que, sans autre forme
de procès, les médias prennent le relais dans
cette longue histoire de faussaire.
Sans pour autant négliger
les commentaires des rites symboliques qui font tellement
plaisir au peuple – et
tant pis si cela coûte un pont de cristal – il
y avait là une belle occasion pour les journalistes
de tout poil de justifier leur traitement, leur titre, leur
rôle supposé, et de donner un petit cours général
sur l'histoire du catholicisme et des moyens douteux qu'il
a utilisés pour asseoir son autorité et son
pouvoir : nombreux faux et falsifications en tous genres,
attribution de fausses paroles à de faux saints faussement
reconnus, faux insignes, fausse primauté spirituelle
de l'évêque de Rome, vraie tombe mais fausses
reliques, fausse donation de Constantin, faux Denys l'Aréopagite,
faux miracles, fausses excuses, faux-semblants, faux-fuyants,
fausse infaillibilité, sans oublier les faux derches
et faux dévots… toutes ces fausses notes qui
transforment une chanson qui devait être douce en une
cacophonie inaudible et incompréhensible. La polyphonie
dans la musique religieuse, mise au ban par le Concile de
Trente, et les concerts rock bien profanes et pourtant décriés
par le Grand Inquisiteur – de quoi va-t-il encore se
mêler ? – sonnent comme des berceuses à côté de
cette profusion d'accords dissonants.
Je ne peux m'empêcher
de penser et de fredonner que du fond d'un faux puits, la
vérité n'a pas
beaucoup de chance de remonter… et de citer Jean-Paul
II – tout arrive ! – qui déclarait le
19 septembre 1990 : "Les médias sont des instruments
dont se sert le péché pour imposer à l'opinion
publique des modèles de comportements aberrants."
Opinion
publique, lève donc ta garde !
Je ne peux m'empêcher
non plus d'avoir une pensée émue
pour tous les simples artisans et partisans sincères
de cette idéologie, de toutes les idéologies,
qui ont été endoctrinés, trompés,
trahis et qui ne méritent pas de faire partie du même
sac et de figurer sous la même étiquette que
tous les donneurs de leçons qui les ont manipulés.
Pour tous ces subordonnés subornés que j'aime
bien et que je respecte même s'ils me paraissent quelquefois
bornés, il faudrait faire une chanson ou allumer une
flamme.
Coda – une simple question : "Est-on pur
avec des balances fausses et avec de faux poids dans le sac
?" (Michée
6, 11) Nadine de Vos, 24 avril 2005 |
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