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Bible et Liberté |
Lire la Bible - 5. La question | Imprimer |
Si la Bible n’est pas un produit de la culture occidentale, par contre, ses traductions et commentaires le sont. On peut même dire que la Bible n’a été connue en Occident qu’à travers ses traductions et commentaires. Aujourd’hui, pour la presque totalité d’entre nous, lire la Bible c’est lire une traduction. C’est aussi aborder ces textes à travers les lunettes d’une culture particulière. Voire de traditions religieuses particulières. La quantité de connaissances historiques ne change pas fondamentalement le caractère partiel de cette approche. Dans une approche protestante réformée, le maître-mot devrait être : simplicité. Un trait fondamental de la réforme du seizième siècle est que tout ce qui est essentiel peut être communiqué directement, de bouche à oreille, en termes simples. Certes : «simple» ne signifie pas «facile»! Mais la complexité langagière n’ajoute rien, de même que le vêtement n’est pas le corps. Toutes les affirmations doctrinales ont une valeur relative et, de même, toutes les définitions de la lecture sont à examiner de façon critique et pratique. Ce qui est essentiel est ordinaire et peut donc aussi être exprimé de manière ordinaire. Une autre marque de cette Réforme est qu’il est possible au lecteur actuel (en tous temps, en tous lieux) de retrouver, dans sa propre vie, ce qui faisait la foi et les attentes des anciens. Il est clair que sans cette foi, les textes bibliques n’auraient pas été écrits et transmis. «Les Pères doncques anciens ont bu le même breuvage spirituel que nous, combien que leur breuvage corporel fût autre. Les signes doncques ont été changés, sans le changement de foi» (1). Lire c’est donc retrouver en so-même quelque chose de ces attentes. Encore faut-il que les mots ne fassent pas obstacle à la parole. Encore faut-il retrouver dans les textes, la parole vivante. Au-delà des croyances: la foi; au-delà des discours: les attentes et les craintes; au-delà des mots: la parole. La science des textes n’est pas un savoir de la parole. Jacques Chopineau, Lire la Bible, Ed. de l'Alliance, Lillois, 1993, p.12 (1) Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne, IV, I, 17 |