CORRESPONDANCE UNITARIENNE    mars 2006

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unitariennes


n° 53

Bibliographie

Le secret du Treizième apôtre

par Michel Benoît, 2005, Paris : Albin Michel

Après le thriller mystico-ésotérique « Da Vinci Code » de Dan Brown, voici « Le secret du treizième apôtre » de Michel Benoît, édité par Albin Michel et à paraître en librairie à partir du 1er mars prochain. Je cite un extrait de la présentation : « Meurtres, mensonges, manipulations … des coulisses du Vatican aux grottes de Qumran, des mystères esséniens à ceux des Templiers, un fascinant thriller religieux dans la lignée du « Nom de la Rose ». Michel Benoît, spécialiste des origines du christianisme, nous entraîne dans une relecture passionnante des fondements de notre civilisation ». Michel Benoît est auteur de « Dieu malgré lui », paru en 2002 aux éditions Robert Laffont … et d’un article à la Une de la Correspondance unitarienne « Du Christ à Jésus », n° 50, décembre 2005.

Les Quakers

par Jeanne-Henriette Louis, 2005, Turnhout (Belgique) : éditions Brepols (« Fils d’Abraham »), 166 p.

Nés de la prédication des « Enfants de la lumière », au lendemain de la rencontre de George Fox et d’un groupe d’anciens anabaptistes, en 1647-48 dans les Midlands anglais, les Quakers ont connu un destin en de nombreux points comparables à ceux des unitariens à la fois dans leur extension géographique (un développement en Grande-Bretagne, puis un essor aux Etats-Unis, enfin une diffusion internationale récente à partir des pays anglophones, p. 63), leur diversification spirituelle y compris post-chrétienne (l’auteur note l’existence des courants « évangélique », « conservateur », « prophétique » et « universaliste », pp. 51-54), et leur composition sociale (très peu d’Américains noirs en dehors des « évangéliques » p. 147, femmes très engagées dans les pays du Nord, idem). Congrégationalistes, les quakers sont moins cléricaux que la plupart des communautés unitariennes puisqu’ils n’ont pas de ministre du culte (un « secrétaire » anime « l’Assemblée » ; il est nommé pour un an seulement, pp. 57-61 – exception des « évangéliques » qui ont des pasteurs, p. 144) et il se réunissent dans des « Maisons des Amis », n’ayant pas voulu reprendre à leur compte le nom d’église ou de temple. De même que pour les unitariens, l’organisation va des communautés de base (des « assemblées mensuelles ») à des rencontres nationales. Un « Comité consultatif mondial des Amis » (l’équivalent de notre ICUU) n’a vu le jour que très tardivement, en 1937 (p. 63).

Dans le cadre de cette organisation devenue enfin mondiale, l’Europe se trouve regroupée avec le Moyen-Orient (soit 11 assemblées, p.63, 142 et 159). Mais la France mérite une place historique à part puisqu’un groupe d’Inspirés, vivant à Congénie dans le Languedoc, s’était rallié en 1791 au mouvement des Amis. En Afrique (p. 64), les quakers ont des assemblées annuelles ou des groupes en Afrique anglophone, au Kenya, Ouganda, Rwanda, Tanzanie, Pemba (une île au nord de Zanzibar), et en Afrique francophone au Burundi, au Congo Brazzaville, Congo Kinshasa et en Afrique occidentale (mentionnée p.64 mais sans plus de précision, et absente des statistiques ; sans doute quelques individus, peut-être des Occidentaux immigrés). La « section » d’Afrique a tenu sa première rencontre continentale significative en 1975. La section pour l’Asie et le Pacifique occidental a, quant à elle, tenu sa première réunion plus tardivement, en 1988 . Les Quakers sont plus de 300 000 dans le monde entier (338 219 en 2001 selon le Comité consultatif mondial des Amis, p. 159). Le Kenya vient en tête des effectifs avec pas moins de 132 825 Amis, devant les Etats-Unis 91 636, et loin devant le berceau du mouvement que fut la Grande-Bretagne (16 468). L’auteur nous dit à plusieurs reprises que les « évangéliques » rencontrent davantage de succès populaire que les autres courants dont on connaît la grande sobriété.

L’auteur, historienne et professeur émérite de l’Université d’Orléans, ne dit rien d’éventuels « Quakers unitariens » qui auraient existés aux Etats-Unis ou présentement en France (voir notre bulletin n°40, février 2005 « Les Quakers en France seraient-ils unitariens » … selon la version 2004 du Quid). Mme Jeanne-Henriette Louis apporta d’ailleurs en son temps un démenti formel à cette information fantaisiste reçue par le Quid.

La collection « Fils d’Abraham », depuis son lancement par Joseph Longton avec son ouvrage initial « Fils d’Abraham. Panorama des communautés juives, chrétiennes et musulmanes » en 1987, s’est enrichie considérablement, selon les diverses branches « abrahamiques ». La religion juive avec les Juifs maghrébins (Joseph Tolédano), les sépharades (Joseph Tolédano), les Karaïtes (Jean-François Faü), les Falashas (Steven Kaplan). La religion chrétienne avec les catholiques français (Christian Cannuyer), les catholiques d’expression française en Amérique du Nord (Jean Hamelin), les protestants français (Pierre Janton), les anglicans (Suzanne Martineau), les vaudois (Giorgio Tourn), les quakers (Jeanne-Henriette Louis), les adventistes du Septième jour ( par Richard Lehmann), les témoins de Jéhovah (Bernard Blandre), les mormons (Massimo Introvigne) ; et de très nombreuses Eglises « orientales » : les Syriens orthodoxes et catholiques (Claude Sélis), les Ethiopiens (Kirsten Stoffregen-Pedersen), les coptes (Christian Cannuyer), les orthodoxes russes (Antoine Nivières), les Arméniens (Krikor Beledian), les melkites catholiques et orthodoxes (Ignace Dick), les orthodoxes grecs (Alban Doudelet), les maronites (en préparation), les Assyro-chaldéens (en préparation). La religion musulmane avec l'islam sunnite traditionnel (Edgard Weber), l’islam sunnite contemporain (Edgar Weber), les musulmans d’Indonésie (Herman L. Beck), les chiites (Geneviève Gobillot), les Ismaéliens (Michel Boivin), les Hassidim (Edouard Robberechts), les Druzes (Marie Dupont). Enfin d’autres monothéismes : les baha’is (Christian Cannuyer), les Sikhs (Michel Delahoutre), les antoinistes (Régis Dericquebourg).

Du mondial à l'universel

La Question extraterrestre et le christianisme, par David Dubois, Paradigme édition, 220 p., nov 2005

Dans la lignée de Paul qui ne voulait plus de Juifs, de Grecs, de païens ni d’esclaves aux yeux de Dieu (mais, chut !, sans le dire car Paul n’est plus en odeur de sainteté depuis qu’on lui reproche d’avoir « produit » la thèse de la Rédemption, un avatar du Serviteur souffrant du Livre d’Isaïe), dans la lignée aussi des généreux protestants de l’Eglise universaliste du XIXe siècle américain, du moins au niveau de leur dénomination (mais là aussi sans le dire puisque les confessions n’ont plus la côte !), les chrétiens universalistes des temps modernes se veulent ouverts à toutes les croyances religieuses et aux sagesses de l’humanité. Mais le terme d’universel contient celui d’univers et nous voilà dès lors projetés bien loin de notre seul monde. Sommes-nous prêts à accueillir nos frères et sœurs d’autres planètes ? David Dubois, après avoir soutenu, en juin 2000, une thèse de théologie systématique à la Faculté libre de théologie protestante de Montpellier, a le courage d’y penser. Voilà donc un théologien très proche des scientifiques et son livre est d’ailleurs préfacé par l’un d’entre eux, Jean-Claude Deroche, pasteur de l'Eglise évangélique luthérienne de France (EELF) à Bourg-la-reine et enseignant à l’université de Paris-Sud. Nous vous conseillons les sites de l’auteur : http://www.laquestion2006.com/actualite.html pour son livre, http://www.daviddubois.net, pour ses recherches, et http://www.exotheologie.com pour mieux le connaître.

Cet universel se complique d’autant plus qu’il pourrait se présenter comme une pluralité de mondes. Courageusement, elle aussi, la revue Théolib a exploré ces éventualités avec deux astrophysiciens (Lucienne Gougenheim et Michel Cassé) et des théologiens (André Gounelle et Pierre-Yves Ruff) à l’occasion de son récent colloque, tenu à Paris le 4 février, sur un regard croisé « La création vue par l’astrophysique et la théologie ». http://theolib.com/

Informations

Du côté de la Grande-Bretagne

Les unitariens d’Outre-Manche se sont comptés pour élire un comité exécutif à leur General Assembly (GA) of Unitarian and Free Christian Churches. Unitariens et chrétiens d’Eglises libres (c’est à dire non anglicanes) sont estimés à 4 000 personnes adultes, ce qui est déjà bien loin des 6 000 déclarés à l’ICUU (plus 800 enfants et sympathisants). Il s’agit là en tout cas d’une évaluation dont les critères ne sont pas indiqués . Les listes électorales dressées à cette occasion ne comptent, quant à elles, que 2 563 électeurs … et sur ceux-ci, il n’y eut que 1 703 votants, soit 66 % de votants (clôture du vote le 6 février 2006). Pour une élection politique, la participation serait tout juste bien. Et puis, ce chiffre de 4 000 ne contient pas que des unitariens puisque la GA regroupe aussi des « Free Churches », comme les « non-subscribing » presbytériens d’Irlande.

Par ailleurs, faisant référence au christianisme, mais au sens où l’entend l’Uuisme en tant que sagesse parmi d’autres sagesses, et non plus comme tradition centrale, et ayant pratiquement abandonné en conséquence les rites chrétiens spécifiques, les Eglises unitariennes ne sont plus reconnues comme chrétiennes par les autres Eglises. Alors que le GA, depuis 2001, célébrait un culte à la cathédrale anglicane de Chester en clôture de son assemblée générale annuelle, à défaut des lieux de cultes unitariens trop exiguës pour l’occasion, l’hospitalité leur a été refusée cette année !

Au-delà de ces péripéties, on peut se demander s’il n’y a pas brouillage de l’image d’une Eglise dès lors qu’il y a fusion, comme par exemple aux Etats-Unis, en 1961, entre les congrégations unitariennes américaines et l’Eglise universaliste, ou, dans le cas britannique, instauration d’une instance commune
« exécutive ». D’autant que ces changements se sont accompagnés d’un élargissement de leur champ religieux par ouverture à des non-chrétiens. Comment ont réagi les chrétiens de ces Eglises dès lors que le christianisme n’était plus une référence centrale ? Sont-ils partis sur la pointe des pieds comme on dit, laissant la place à d’autres croyants ou à des agnostiques ou athées ? Etaient-ils déjà partis poussant alors le clergé à élargir les critères d’entrée (déjà la déchristianisation touchait les milieux populaires de Boston à l’époque de Ralph Waldo Emerson !)? Comment réagissent les autres Eglises du pays ? Aujourd’hui, les réseaux (par exemple l’ELPN, l’IARF) ou les fédérations qui organisent une simple concertation de leurs membres sans aller au-delà (l’ICUU jusqu’à présent), ne sont-ils pas des structures plus souples, mieux à même de préserver les identités des uns et des autres ? Aux historiens et aux sociologues de nous expliquer pourquoi les effectifs dans plusieurs pays d’ancienne implantation sont stagnants, voire en baisse.

Du côté du Canada

Un Rassemblement unitarien universaliste d’Ottawa existe depuis mai 2004, au sein de l’Unitarian Universalist Fellowship of Ottawa (UUFO). « La porte du groupe est ouverte à toute personne pouvant bien s’exprimer en français, indépendamment de sa langue maternelle ». Contact : Gilles Marchildon, gilles.marchildon@gmail.com,
http://www.uufo.org/francais.htm. A ne pas confondre avec le Regroupement francophone unitarien universaliste (RFUU) dont nous avons déjà parlé et qui a été fondé en novembre dernier (http://cf.groups.yahoo.com/group/rfuu/)

Libres propos

L’étincelle du divin

Appréciation d’Alain Dupuis (Espagne), message à la CU le 1er février 2006

Et je ne résiste pas au besoin d' attirer l'attention de tous sur le remarquable et irremplaçable dernier livre de Bernard Feillet : L'étincelle du divin (D.D.B). Enfin un auteur (nonobstant prêtre de son état) qui, libre de toutes les mythologies et toutes les dogmatiques, trace un nouveau chemin spirituel, théologique et anthropologique, sans perdre son temps à régler d'interminables comptes avec l' "héritage" institutionnel et dogmatique. Un petit livre qui constitue un grand et authentique "courant d'air" en ces temps troublés.

Les frontières du christianisme

Message de Jean-Claude Widman, le 5 février 2006

Les questions de Simon Balthazar et Benoît Vincent m'ont paru pertinentes. Essayons d'y répondre. Elles portent avec raison sur les frontières du protestantisme libéral. En effet, sans frontières (au nom d'une tolérance intégrale), il n'y a plus de raison de parler de "christianisme". En fait, il faudrait avoir l'audace de tenter la rédaction de nouveaux credo.