CORRESPONDANCE UNITARIENNE    juin 2005

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unitariennes


n° 44

Après un mois d'avril catho, voici un mois de mai cathare !

C'est le titre d'un message de Michel Jas envoyé le 9 mai, michel.jas@protestants.org, qui nous fait part de trois nouvelles « cathares » pour ce mois de mai : 1-le numéro hors série d’Histoire médiévales « lieux de vie et d’exil des cathares » (en vente dans les bureaux de tabac) dans lequel je donne ma position sur la filiation protestants-cathares ; 2-l’ouverture d’un musée à Mazamet « Mémoire du catharisme occitan » à la maison Fuzier (inaugurée le 14 mai) ; 3 -la parution de «les cathares devant l’histoire mélanges offerts à Jean Duvernoy » chez l’Hydre éditions (sortie le 15 mai)

Sociedad Unitaria Universalista de España (SUUE)

Jaume de Marcos, président de la SUUE, a ouvert en novembre 2004 un site d'information et d'analyse sur les religions en Espagne (http://estudiosreligiones.blogspot.com). Vous y trouverez l'annonce de conférences et de colloques et de nombreux articles de réflexion, entre autres sur l'enseignement de la religion à l'Ecole. J. de Marcos anime ce site en plus de ceux de la SUUE (www.suue.org) et des groupes UU d'Amérique latine et centrale (www.uuhispano.tk). Tout en se référant à la grande tradition de l'UUisme nord-américain, la SUUE contribue à cette internationalisation actuelle de l'unitarisme hors du champs anglo-saxon où il est resté (trop) longtemps confiné.

Darfour

Un collectif SOS.URGENCE DARFOUR, auquel participe l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU), a organisé des manifestations à Paris les 21 avril et 15 mai 2005 devant l'ambassade du Soudan à Paris, et celle à Londres pour dénoncer la politique de génocide du gouvernement de ce pays. Le collectif a ouvert un site : http://urgencedarfour.blogspirit.com

Partage de la parole, du pain et du vin

Rendez-vous : samedi 11 juin à 18h30 à Paris (Forum, 104 rue Vaugirard), partage de la parole, du pain et du vin entre chrétiens libres ; participation aux frais de 15 euros (repas inclus). Contact : Paul Abéla, abelapaul@wanadoo.fr, tél. 01 43 22 06 19

Bibliographie

À propos du livre de Michel Baron sur les unitariens (2004 - éd. L'Harmattan)

" J'ai reçu ce livre, "Les Unitariens", d'Amazon.fr, et je suis désolé parce qu'il y a des erreurs très importantes. Servet n'est pas né à Tudela de Navarre mais à Villeneuve (Villanueva) à l'Aragon, le nom de son dernière livre est "Christianismi Restitutio" et non "Christiani...". L'histoire de l'Unitarisme américain est présenté comme si Channing est le créateur, mais c'était vraiment un mouvement très grand pour le libéralisme au sein des Eglises congrégationalistes et aussi l'anglicane "King Chapel" à Boston. Ce n'est pas vrai que "l'association unitarienne-universaliste favorisera dans certains cas l'implantation d'Eglises locales" en Europe après la Deuxième guerre mondiale (p. 105). M. Baron parle des groupes unitariens dans d'autres pays, mais seulement en Europe et en Allemagne ; [et pour cette partie du monde] il parle seulement des communautés de l'EUU et non de la Deutsche Unitarier ou des autres Eglises unitariennes. Il ne parle jamais de l'Inde, Australie, Philippines ; ni du Conseil International (ICUU). Alors ce livre est très incomplet et une grande déception pour moi", Jaume de Marcos (président de la SUUE).

La France fait partie, elle aussi, des oubliées (voir notre bulletin n° 40 de février 2005, à la dernière page) ! à commencer par la propre association dont l'auteur est président, l'Association unitarienne-universaliste de Paris Ile-de-France, fondée en juin 2003, et bizarrement non citée, et l'Association unitarienne francophone dont il est vice-président …

" Au départ, les unitariens sont des chrétiens anti-trinitaires, mais aujourd'hui on a singulièrement élargi le sens de ce mot pour l'appliquer à une spiritualité d'ouverture qui n'a parfois plus grand lien avec le christianisme. Ce livre entend en donner une présentation d'ensemble. S'il fourmille de renseignements et contient des pages intéressantes, parfois inattendues (ainsi sur les théophilanthropes), il veut trop dire en trop peu de place, ce qui entraîne des raccourcis et des approximations, voire des erreurs regrettables (par exemple quand il dit, p. 110, que les protestants refusent les œuvres) et n'empêche pas les manques (pas un mot sur l'IARF, ou sur James Luther Adams). A utiliser avec précaution", André Gounelle (E&L, n° 188, avril 2005, p. 18)

Libres propos

Jésus se serait-il « envoyé » de lui-même ?
Liliane Debaisieux-de-Châtel, lettre du 28 janvier 2005

L. Debaisieux, connaissant le hongrois du fait de sa grand-mère maternelle (voir notre bulletin n°35 de septembre 2004), nous a aidé dans l’élaboration de notre deuxième Cahiers Michel Servet [ndrl. disponible au prix de 5 euros] que nous avons consacré à Béla Varga, philosophe, théologien unitarien et évêque de son Eglise de 1938 à 1940. Dans l’un de ses textes (1979 : 116), à propos de « Jésus et son enseignement », Béla Varga avance que Dieu a « choisi » Jésus pour indiquer le chemin aux hommes, thèse chrétienne somme toute très classique : Dieu nous a envoyé son Fils. Notre traductrice ne partage pas ce point de vue.
« Pour moi, Jésus est issu du peuple juif ; un peuple en recherche féconde d’un « dieu » qui s’est laissé chercher ; un peuple dont l’intuition essentielle est un dieu qui est source de relation vivifiante avec les hommes afin de les hausser vers l’absolu, la « vraie » vie. Et Jésus est l’homme qui, pétri de cette tradition et de cette quête, a découvert en plénitude le chemin véritable ».

Jésus n'a jamais demandé à être déifié
Eric Agier, sociologue, Buchillon (près de Lausanne), Suisse, Dialogue avec des jeunes

" Jésus n'a jamais demandé à être déifié. Il s'irritait plutôt de ceux qui l'affublaient d'un titre : "N'allez pas dire partout que je suis le Messie !". Ou, à ceux qui le priaient : "Seigneur, toi qui es bon …", il rétorquait : "Nul n'est bon sinon le Père". Et si quelqu'un tentait de s'agenouiller devant lui, il le relevait disant : "Non, pas moi, mais le Père". Parfois, ironique : "Et vous, qui dites-vous que je suis ?". Il s'est défini de façon très simple : "Je suis venu dans le monde comme lumière afin que quiconque croit en mes paroles ne reste dans l'obscurité". Ou : "Je suis le chemin, la porte" qui conduisent à la Nouvelle naissance; "Maintenant, je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis". "Soyer mes disciples". "Allez enseigner par toutes les nations". Un jour, vous ferez de plus grandes choses que moi". Une fois débarrassé des lourds attributs dont il fût affublé, le Christ originel devrait enfin pouvoir plaire aux jeunes de notre temps, lui si simple et si fraternel"

Un homme debout
Interview de Marcel Légaut par Jean-Pierre Ripoll,
extrait paru dans Quelques nouvelles, n° 178, mai 2005

Parlez-nous de Jésus !
Jésus est l'homme debout ! Je n'utilise jamais le mot "christ" parce qu'il y a tellement de théologie autour que l'homme Jésus s'y trouve, je dirais, évanoui. Croire au Christ est, à mon point de vue, une croyance idéologique, et non pas une croyance de foi car on n'a pas foi en une idéologie. La foi suppose une relation de personne à personne. La théologie a tellement utilisé le mot "christ", personnage céleste qui fait complètement oublier l'homme Jésus qui en est l'origine. J'ai foi en cet homme Jésus, à la suite de tous ceux qui se sont rapprochés de lui pour être ses disciples. En Jésus, je découvre Dieu. On a encore une représentation grossière, extrinsèque, où Dieu est en concurrence avec l'homme. Il nous faut, grâce à Jésus, si on veut entrer dans sa vue, avoir une conception où l'acte libre de l'homme est déjà un acte divin, donc un Dieu qui ne soit pas du tout concurrent de l'homme ou un homme concurrent de Dieu, mais une communion qui fait que Dieu se déploie en l'homme à mesure que l'homme devient lui-même. Le culte est fatalement d'un Dieu extérieur. Depuis toujours, on a les deux tendances et la tendance extérieure est beaucoup plus visible et donc beaucoup plus courante. Quand Jérémie dit que la loi est à l'intérieur de notre coeur, ça veut dire que non seulement la loi est intérieure mais qu'elle est aussi personnelle. Allons plus loin, nous avons une communion avec Dieu qui nous est personnelle, qui est unique. Les autres ne peuvent pas l'avoir. Ils ont à trouver la leur".

Maximes d'un agnostique
Demander à un fidèle de vous expliquer un dogme quelconque : il vous récitera sa leçon !
Le « je » est bien rare dans la bouche du partisan, qu’il soit fidèle ou militant
Le « nous » donne de l’assurance à ceux qui n’en ont pas
Le croire du fanatique est un montage d'arguments et une montagne sans vie

UNITARIENS FRANCOPHONES

le 9 mai, nous avons lancé un groupe de discussion sur le serveur Yahoo
fondateur : Luc Norbert Schneider, modérateur : Christian Collas
http://fr.groups.yahoo.com/group/unitariens_francophones/
23 membres, 65 messages déposés au mois d'avril, 186 au mois de mai (à la date du 28 mai)

" Unitariens Francophones" est un groupe de discussion d'inspiration chrétienne soutenu par les associations suivantes : l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU), l'Assemblée des chrétiens unitariens du Burundi (ACUB), l'Assemblée des chrétiens unitariens du Congo (ACUC), le Centre de recherche et d'information sur les questions ethiques, théologiques et sociales (CRIQUETS), éditeur du site "Profils de libertés" et le réseau francophone « Correspondance unitarienne ». Ce groupe de discussion est indépendant de toute association existante. De plus, il est ouvert à toutes les sensibilités unitariennes contemporaines.

Claude Géhant,
message intitulé "Itinéraire"
au groupe de discussion "Unitariens francophones", le 3 mai 2005

" Quelques réflexions à partir des intéressants messages échangés jusqu’à présent dans ce groupe.
Et si l’Eglise (avec un grand E) désignait l’ensemble des humains, quelles que soient leurs croyances et leurs pratiques religieuses ou athées ? L’athéisme est aussi une foi en quelque chose, foi en l’humanité, foi en la raison. Chacun suit son propre itinéraire selon ce qu’il estime être le meilleur pour lui, en fonction du lieu moral et intellectuel où il se trouve. L’erreur serait de se soumettre aux indications d’un autre, par paresse de rechercher sa propre voie. Une erreur encore beaucoup plus grave est de vouloir imposer son point de vue aux autres. Il est bon de dire ce que l’on pense, pourquoi on estime que cela est vrai, d’en débattre avec ceux qui ont des opinions divergentes afin d’ouvrir son esprit, mais sans jamais intriguer pour convaincre.
Il en est pour chacun comme d’un itinéraire à établir pour aller vers plus de spiritualité. Si je veux me rendre à Paris, comme j’habite dans l’est de la France, j’affirmerai que mon chemin va vers l’ouest. Celui qui habite Brest affirmera qu’il doit se diriger vers l’est. Et nous avons tous deux raison. Il serait ridicule de se chamailler pour imposer chacun sa vérité. De même, l’un peut préférer emprunter l’autoroute, l’autre les sentiers de randonnée ou tout autre itinéraire, en voiture, en train, à pied… L’objectif est d’atteindre son but, non de définir le moyen d’y parvenir.
En ce qui me concerne, je peux fort bien entrer en communion avec des catholiques, des protestants, des bouddhistes, des musulmans, des israélites. Dès l’instant où l’on dépasse les modalités du rituel pour se concentrer sur l’essentiel - l’union des esprits avec la divinité - on est tous sur le même plan, en union de pensée.
Chaque religion, chaque groupe de pensée permet à ceux qui lui sont adaptés de progresser dans le domaine spirituel. Il suffit que les adeptes aient foi en ce qui leur est dit et que les rituels pratiqués trouvent un répondant au fond d’eux-mêmes. Attention cependant à exercer malgré tout son esprit critique, sinon on tombe dans le fanatisme aveuglant. Pour savoir si l’on est sur la bonne voie, il faut se poser la question des trois B : est-ce bon pour moi et pour les autres ? Est-ce bien ? Est-ce beau ? Tout ce qui fait du bien, tout ce qui est bon, tout ce qui est beau va nécessairement dans le sens de ce qu’il faut rechercher..
Je ne formulerai pas de critiques a priori envers Benoît XVI. Qui sait ce qu’il fera ? J’ai vu au cours de ma carrière d’enseignant et de chef d’établissement, certains professeurs très conservateurs devenir novateurs et ouverts lorsqu’ils ont eu des responsabilités plus grandes. Inversement, d’autres qui étaient très critiques de toute forme d’autorité sont devenus de petits tyrans en tant que chefs. Chez certains, la fonction exercée peut amener de profonds changements dans leur attitude et dans leur pratique. Attendons de voir…et si ça ne nous convient pas, ça peut convenir à d’autres. Rien ne nous oblige alors à y adhérer.
Je suis convaincu de la force de la pensée qui est encore plus puissante lorsqu’elle devient prière, c’est-à-dire lorsqu’elle se connecte à l’énergie universelle (Dieu) dans un délicieux abandon à l’amour divin. « Lâcher prise et laisser agir Dieu ». C’est pourquoi je pense que tout pratiquant sincère d’une religion ou d’une méthode de méditation progresse sur son chemin et fait ainsi progresser l’humanité entière (à condition de ne pas imposer sa méthode personnelle aux autres, car elle ne leur convient pas forcément). Si nous pouvions, oubliant nos divergences et nos divers points de vue, nous unir par la pensée, nous brancher sur l’énergie divine, alors commencerait sur terre le royaume de l’Amour. Pour y parvenir, il ne faut pas attendre qu’une institution nous y invite. Chacun peut, de chez lui, se mettre dans cet état de méditation ; il entre alors en résonance avec ceux qui au même instant sont dans ce même état de prière. Ne serait-ce pas cela le Royaume de Dieu ? Amitiés à tous". Claude